De la musique avant toute chose, et de l'encre aussi.

Mis au monde dans le brouillard du très jeune âge, la brume était autant présente dans le reste de sa vie. Comme une sorte de nuée  qui le suivait éternellement.

Sa prime enfance se cloisonne au petit village de La Morte, le garçon évolua parmi le faible nombre de camarades qu'il pouvait avoir, et encore plus faible étaient ses amis. L'école, la maison constituaient un aléa monotone. Cette monotonie qui le rendait mélancolique, qui lui donnait un air triste et qui lui faisait aimer ces mêmes choses. Et même si jouer ne le dérangeait pas, lui préférait la ballade dans les lieux, seuls, la promenade dans les monts et forêts, solitaire. La marche dans le brouillard, le silence, en chantant et dansant dans sa tête, en écrivant ses propres paroles, ramassant des objets en tout genre, des petits morceaux éphémères de la terre comme des plus précieux legs de sa famille, tel des images lui ravivant des souvenirs, un pendentif doré et bleu métallisé auquel il s'est attaché et qui restera avec lui pour le restant de ses jours.

C'était beaucoup d'écrire pour lui. Lorsqu'il était seul avec un plume ou un stylo et une feuille de papier, il écrivait. De la musique, de la poésie. Il parodiait ce qu'il écoutait avec ses mots. Ses vers emplissaient sa tête. Et il déclamait ces même vers à travers son esprit, les répétaient dans sa mémoire et les ressentaient en émotion. Les brindilles et les bâtons se laissaient traîner par sa main sur ce quoi ils avaient été enlevés, toujours de cette tristesse mélancolique dans laquelle il se complaisait avec le plaisir d'en ressentir les effets. Il aimait ses parents, ses amis, ses professeurs et le reste du monde, mais on disait que tout était dans sa tête et parfois rien dans son cœur. La solitude le prenait, celle de lui-même, du cadre, du décor, de la ville, l'isolement l'affectait mais créait en lui un profond bien être amer.

Il grattait, grattait encore et encore de sa plume à l'encre noire sur le papier blanc. Lorsque ses mains jouaient avec celle ci, jusqu'à la faire se mouvoir d'elle même, tourner, tourbillonner au tour du visage pâle et des cheveux noirs et bleus profond du garçon maintenant adolescent, ce dernier comprenait encore plus son éloignement du reste de la Terre. Il comprenait encore plus qu'il devrait rester à se terrer dans son intérieur et ses montagnes.

Seul ses parents le surent et furent en vain ses confidents, répondant enfin à ses besoins d'être là où étaient ceux de son genre, ils l'envoyèrent dans des terres qui leur semblèrent lointaines, par un papier de ces endroits mystérieux, une feuille blanche aux symboles noires qui semblait si familier au jeune homme. Les terres de l'Angleterre, où Shakespeare était né, ainsi que Macbeth et Othello qui y sont par la même occasion, un homme et des œuvres faisant parti de toutes ces personnes et de toutes ces créations que le jeune homme à su et lu. Il s'en alla donc, dans sa tête, dans cet esprit qui se laissait bercer et s'endormait au son du vent, des vagues et de la mer.