Un sauvetage se transforme en une rencontre inattendue [PV Jinn]

Jour après jour, bien que Mana ait tenté de me faire connaître les joies de la nage en mer, je dessinais toujours plus, que ce soit à la plage ou près de ma maison sur pilotis. Cela m’avait même permis d’avoir une certaine discussion avec mon professeur de biologie bien que celle-ci ait commençait avec un mutisme de ma part. Si j’agissais de la sorte c’était pour éviter de parler de moi, ma vie, tentant désespérément de suivre les conseils que Narok m’avait donnés. Mais, bien que cela me protégeais des mauvaises intentions, j’avais l’impression de m’isoler toujours plus. Après tout, c’était à cause de mes silences et de mes attitudes qu’on qualifiait de « déplacées » à cause de mes méconnaissances que j’étais certainement détestée par les pimbêches de ma maison sur pilotis et peut-être d’autres. Je me demandais même si ce n’était pas aussi pour cela que les personnes que j’avais aimées, et que j’aimais toujours pour certaines, m’avaient abandonnée sans prévenir. En tous les cas, c’était pour éviter de penser à ces personnes et les derniers évènements blessants que je me concentrais, ou essayais pour le moins, de me concentrer sur mes œuvres. Pour cela, ce jour-là, je m’étais installée sur les escaliers de ma maison. Je devais avouer que je n’étais pas très inspirée et que je dessinais surtout des formes qui ne voulaient rien dire, comme pour cacher le véritable dessin que je souhaitais faire. La plupart d’entre eux s’étaient retrouvés froissés et en boules que je fourrais dans mon sac sans montrer ma frustration.

Après quelques heures sans parvenir à penser à quelque chose de joyeux ou d’agréable assez longtemps pour l’immortaliser, je soupirai et me mis à dessiner la cage dans laquelle j’avais vécu pendant 15 ans Son agencement comme chaque détail qui faisait ce qu’elle était m’étaient totalement restés en mémoire. Je n’avais malheureusement pas les couleurs me permettant de finir le dessin. Alors, pour me satisfaire, je changeai de page, cachant le premier croquis, pour dessiner ma prison sous un autre angle. Je pensai qu’en immortalisant tous les souvenirs que j’en avais j’arriverais enfin à m’en débarrasser. Malheureusement, il fallait croire que je devais aussi goûter à l’amertume de la solitude qu’elle m’avait fait subir pendant tout ce temps sans que je le sache réellement. J’avais des regrets que je n’aurais pas dû ressentir par le fait que tout cela n’était pas ma faute. J’en étais désormais conscience, mais je ne comprenais tout de même pas pourquoi j’avais subi tout cela et c’était ce qui me poussait à faire ces dessins du passé pourtant révolu.

Alors que je réfléchissais tout en faisant bouger mon crayon sans aucune hésitation, j’entendis quelqu’un approcher. Tout en fermant mon carnet pour cacher mes dessins, je levai la tête. Là, je vis un garçon brun qui me sembla grand et fort. Je ne savais pas qui il était mais il semblait avoir des soucis. Avait-il besoin de moi ? Hésitante, je le laissai approcher un peu plus pour tenter de voir si j’avais besoin d’intervenir ou non. Je ne voulais pas créer un lien sans issue, même si cela m’isolerait plus encore. N’en avais-je pas l’habitude après tout ce temps passé seule sans aucune relation humaine réelle ?

Code par Rin

Je devais bien l’avouer, j’étais certaine de refaire la même erreur qu’auparavant. J’allais peut-être trop vite pour faire confiance. Mais j’avais besoin de soutien. J’avais besoin d’avoir quelqu’un pour m’aider, me soutenir… me sauver ? Je n’étais pas très sûre de la raison qui me poussait à me lier à lui, mais j’étais sure d’une chose : il m’était très sympathique. Je me sentais en confiance et je voulais y croire. Je voulais croire qu’il était une personne en qui je pourrais toujours avoir confiance. Je ne demandais pas forcément qu’on ait une relation spécifique, une longue et belle amitié suffirait. Tout ce que je voulais c’était de pouvoir faire confiance, de pouvoir me lâcher un peu.

- Je vois...C'est problématique...Dans l'idée globale, je t'avoue que je ne m'attendais pas réellement à grand-chose en retour. Mais si tu veux réellement me donner un tel objet, sache que si tu le retrouves et que tu me le confies, tu as ma parole sur mon honneur que j'en prendrai soin comme un de mes enfants. Bon c'est sûr qu'à mon âge j'ai pas d'enfant hein ! Mais bon, ma promesse est maintenant signé et active, si tu veux de l'aide pour quoi que ce soit tu m'appelles. Tu as un cellulaire ? Oui bon les jeunes ils disent "phone" je sais, mais bon héhé.

Mi- amusée et mi- sérieuse, je lui souris en le regardant dans les yeux. J’étais réellement contente qu’il accepte ma décision et de sa promesse. Je cherchai donc mon portable qui se trouvai dans une des poches de mon short. Il n’était pas très sophistiqué, mais pour ce que je connaissais de l’informatique c’était pas mal du tout. D’ailleurs, j’eus un peu de mal à trouver le répertoire et Jïnn sembla en profiter pour me poser d’autres questions :

- D'ailleurs, tu dessines quoi exactement si c'est ta passion ? Tu veux en faire un métier ?

Afin de me concentrer sur mes paroles, je m’arrêtai de chercher le répertoire un instant et lui répondis en souriant, un peu gênée :

- En métier, je préférerais arriver à devenir médecin ou avoir un métier qui me permettrait de sauver le plus de gens possible. Quant au dessin, c’est une passion que je me suis trouvée en souhaitant simplement évacuer mes soucis.

Je repris ensuite mes recherches. Puis j’entrepris de trouver mon numéro et de le donner à mon tout nouvel ami. Je n’avais pas beaucoup de contacts et j’étais ravie de le voir grandir petit à petit. Parmi les personnes enregistrées, il y avait toujours le nom « Yumi » qui figurait. Que faisait-elle ? Pensait-elle à moi de temps en temps ? Comme elle ne m’avait pas donné de nouvelles je n’en savais absolument rien du tout. Une fois que j’eus terminé avec cela, je remis mon téléphone dans ma poche avant de demander au jeune homme :

- Est-ce que tu as une feuille blanche et un crayon de papier ? Je vais te montrer ce que je sais faire si tu veux. Tu n’as qu’à me donner un sujet.

J’avais un peu peur de ce qu’il allait me demander de faire puisque je n’étais pas certaine d’être capable de tout dessiner, mais je voulais lui faire plaisir.

Code par Rin

Après avoir répondu à l’affirmatif, Jïnn partit rapidement chercher ce que je lui avais demandé. Je me demandais si son enthousiasme était toujours intact, même lors des pires situations. Pour moi, la réponse était dans le fait qu’il était humain et qu’il devait lui aussi avoir des limites, même si elles devaient être plus poussées que les miennes. D’ailleurs, je ne savais pas grand-chose de lui mis à part ce qu’il m’avait révélé durant le déjeuner. En tous les cas, il était une personne pleine d’énergie et joyeuse, ce qui me plaisait beaucoup. Y avait-il autre chose ? Je ne pouvais pas le deviner, ni lui tenir rigueur de ne pas m’en parler. Si moi j’étais facile à m’ouvrir, il n’en était certainement pas de même pour lui…

Après quelques petites minutes, Jïnn revint, comme s’il avait eu peur de me faire attendre. Je ne comprenais pas vraiment ses raisons qui le poussaient à le faire agir de cette façon, surtout au point de manquer de tomber. Heureusement, il se rattrapa in extremis et me donna ce que je lui avais demandé en me déclarant :

- Voici ton papier et ton crayon ! Pour le sujet...Un portrait de moi si possible, j'aimerai immortaliser mon sourire pour de bon. Après si ça te semble compliqué fait ce que tu veux ! Moi j'suis pas difficile loin de la !

- Merci, lui répondis-je en allant m’installer sur la table pour être mieux installée.

Il prit une sorte de pose qui me fit sourire d’amusement. Je regrettais de ne pas avoir ma plaque à dessin, mais je n’allais pas en faire tout une histoire. J’avais de quoi dessiner, ce n’était déjà pas mal. En plus de cela, à l’autre extrémité du crayon, il y avait une gomme toute neuve qui allait certainement être très utile. Alors, comme j’avais tout ce qu’il me fallait, je me mis au travail. Ayant pu voir le visage du jeune homme de près, même si j’avais essayé de le fixer le moins possible, il m’était plus facile de le dessiner avec plus d’exactitude. Bien entendu, j’étais encore un peu maladroite et j’avais encore des difficultés à le cerner, ce qui rendait la tâche un peu plus difficile, mais j’avais décidé de le dessiner, je le ferais. Suivant mon cœur, je lui donnai la même pose qu’il avait prise, détaillant avec soin chaque parcelle de sa posture. Puis, quand j’eus terminé de m’occuper de sa silhouette, je décidai de laisser mon imagination jouer sur le décor. Sinon, comment pourrait-il juger ma capacité totale à dessiner ? Je prévins cependant Jïnn avec un air malicieux :

- Tu peux arrêter de prendre la pose, si tu veux. Mais interdiction de regarder mon dessin avant que j’ai totalement terminé.

A la fin, on voyait le jeune homme trôner au milieu d’un ring de terre, entouré de beaucoup de personnes qui étaient enjoués ou en colère, un adversaire capitulant à ses pieds. En arrière-plan, on pouvait deviner une forêt lumineuse. J’étais assez fière de moi bien que je ne sois pas certaine qu’une telle situation soit possible. Jïnn, sur le dessin, semblait fier de sa victoire, mais avait une sorte de lueur triste, comme un regret. Je ne savais pas si cela reflétait la réalité, mais c’était ainsi que je le voyais. Alors, quand je fus certaine qu’il était finis au niveau des détails et autres, je tendis la feuille à mon nouvel ami en lui déclarant :

- Et voilà. J’espère qu’il te plaira.

Code par Rin

Une fois qu’il eut le dessin en main, il le regarda avec une grande attention qui me fit énormément plaisir. Je le laissai faire sans rien dire, commençant simplement une esquisse de tous les dessins que j’avais fait précédemment à ce jour. Je ne fis donc pas réellement attention à ses mimiques pendant qu’il analysait mon œuvre. Etait-ce par peur de voir une réaction négative ? Ou seulement pour le laisser en paix à ce moment-là ? Je n’en savais fichtrement rien. En tous les cas, lorsqu’il commença son éloge, je levai les yeux vers lui. Je pus cependant noter comme une intonation qui me fit mal bien que ce n’était pas dirigé contre moi :

- Tu as de jolis coups de crayons. On voit que tu arrives à vite assimiler les formes, les retranscrire dans l'espace, gérer la morphologie, les proportions. Je suis pas calé, mais, étant un petit peu calligraphe je peux voir aisément que tu as un touché de fée. Sinon, pourquoi as-tu choisis cette expression de visage spécialement ? Enfin, j'aimerai bien connaître tes choix artistiques.

Souriante, je cherchai à répondre à sa question. Pour cela je me levai lentement, le sourire aux lèvres, pour regarder la mer. Pourquoi avais-je fait un tel choix ? La première réponse qui me venait était que je ne le voyais pas comme étant une personne aimant faire du mal à autrui. Mais était-ce la seule raison ? J’avais fait cela surtout par pur instinct. Finalement, je décidai de ne pas trouver de raison exacte pour surtout lui raconter ce que je pensais :

- Il faut que tu saches que je dessine surtout les personnes ayant eu un impact sur ma vie. Mes premiers amis, des personnes que j’ai cru aimer ou d’autres qui m’ont fait souffrir à peine m’eurent-ils rencontrée. Le visage que je leur donnais à ce moment-là respectait ce que je ressentais pour eux. Aujourd’hui, il y un peu de ça mais, surtout… j’ai l’impression que tu n’es pas totalement toi-même. Oui, tu es joyeux, mais il y a autre chose que je ne saurais pas expliquer. Il me manque les mots…

En amenant mes cheveux à leur place alors qu’un vent léger les faisait voler, je ris doucement d’autodérision. J’ajoutai alors :

- Je suis peut-être meilleure dessinatrice de lieux… dont un en particulier puisque je le connais dans ses moindres recoins. J’essaie cependant d’élargir mes horizons quand mon humeur et mon inspirations sont en concordances. … Je ne sais pas si je m’exprime bien, ou avec les bons mots.

La compréhension ne venait pas toujours des mots, mais ils permettaient parfois de mieux cerner les choses. Si ce n’était pas le cas, parlions-nous réellement pour ne rien dire ?

Code par Rin

- On a tous nos petits secrets un peu sombres. Qui sait...J'en ai aussi si ça se trouve. Une vie toute rose n'existe certainement pas. On va dire que mon optimisme et ma joie sont la cause d'un événement marquant. Et toi ? C'est quoi le fameux lieu que tu connais si bien ?

D’une certaine manière il me disait que j’avais vu en lui, dessinant correctement ses sentiments. Dieu que l’instinct est puissant ! Mais, d’une certaine façon, je m’en voulais d’avoir comme déterré un passé dont il voulait sans doute se débarrasser. Cette sensation me fit perdre le sourire à cause de la culpabilité qui en résultait. Je n’avais pas voulu lui faire mal. Mais, bien qu’il ne semblât pas m’en vouloir, je ne retrouvais pas le sourire. Ou pas plus de quelques secondes. Il voulait connaître le lieu dont je parlais ? Impossible. Je ne voulais plus en parler. Je ne voulais plus le décrire. Non.
D’une voix tremblante et les yeux fuyants, je lui répondis :

- J-je suis désolée, Jïnn, mais je ne veux pas en parler… Désolée, d’avoir attisé ta curiosité, mais je préfèrerais garder mon secret. Pour le moment en tous cas.

Mes yeux se posèrent sur mon dessin entamé. Pour le moment on voyait seulement un salle vide, sans fenêtre, ni porte. Je n’avais pas eu le temps de mettre des détails ou autres et c’était mieux ainsi. Je m’avançai cependant vers la table pour prendre cette esquisse pour me mettre à la déchirer fermement mais sans empressement. J’avais fait la même chose avec mon professeur de Biologie, bien que lui ai vu de quoi j’avais voulu parler. Pourquoi l’avais-je fait, d’ailleurs ? Parce qu’il m’avait demandé de me confier pour mieux m’aider ? Je ne savais plus… Pas exactement. En tous les cas, j’ajoutai avec douceur, un léger sourire et une pointe d’espoir :

- M’accorderas-tu au moins une journée sans qu’on en parle, onegai chimazu. J’aimerais qu’on profite de cette journée qui a bien commencé, qu’en dis-tu ?

Par cela, je voulais dire que je n’avais aucune envie de repartir dans une crise de larmes à cause de la douleur de mon passé qui, finalement n’était douloureux qu’après avoir réalisé que je n’avais pas vécu. Puis, il ne fallait pas oublier la peur provoquée par le fait que cela allait peut-être recommencer. Suivant un conseil d’Archie, je voulais profiter de l’instant présent pour atténuer la douleur du passé.

Code par Rin

Jïnn opina à ma proposition. Il semblait s’en vouloir et cela me fit mal. Je n’avais jamais voulu ça ! Mais, pour moi, le pire fut certainement qu’il s’inclina en s’excusant :

- Désolé...Je savais que c'était sans doute une question sensible et je n'ai pas réellement réfléchis aux conséquences que cela aurait sur toi. Tu es une jolie, très gentille, et adorable, j'aurai dû revoir ma décision...Pour me faire pardonner je veux bien suivre ton activité pour profiter, et ainsi reprendre d'un bon pied.

- Relèves-toi, je t’en prie ! lui demandai-je rouge et mal à l’aise. Mais… merci, de ne pas avoir insisté et pour les compliments. Je ne t’en veux pas.

Pour éviter toute autre confusion, bien que cela me demanda un gros effort de ne pas le dire, je ne donnai pas d’explications sur les raisons qui me poussaient à faire cette demande, préférant le remercier pour ces compliments… bien que cela ne me soit pas encore naturel de les accepter sans broncher. En tous les cas, je devais avouer que Jïnn était une personne réellement gentille qui se souciait des autres. J’espérais qu’il pensait quand même un peu à lui pour ne pas trop souffrir, mais cela je ne pouvais que me le demander sans lui poser la question. Puis, comme il me demandait de choisir une activité à faire ensemble, autant profiter pour passer à quelque chose de plus léger et agréable, non ? Après quelques petites minutes pendant lesquelles je me mis à regarder partout, je lui répondis :

- Eh bien, pourquoi ne pas aller profiter de la plage en se promenant ? Nous pourrons discuter en marchant, si tu veux.

Je fus contente de voir que cette idée lui plaisait. Après tout, en plus de lui faire plaisir, j’allais pourvoir profiter de la mer encore un peu. Je n’aimais pas être seule dans les endroits où j’étais certaine qu’il y aurait beaucoup de monde. D’un autre côté, aussi bizarre soit-il, je n’aimais pas être totalement seule, sans personne qui m’entoure.

Bientôt, nous fûmes sur la plage. J’avais ôté mes chaussures pour permettre aux vagues de m’atteindre sans me soucier d’elles. Je trouvais cette balade plutôt agréable, sans parler que la plage était quasiment vide, comme si tout le monde était fatigué à force d’avoir profité des lieux dès le départ.

- Dis-moi, Jïnn, comment trouves-tu ce voyage ? Est-ce que tu te plais ici ? demandais-je pour entamer une nouvelle discussion.

Code par Rin

- C'est franchement cool qu'on nous paye des vacances, surtout ici. J'ai pu découvrir des tas de choses culturellement. J'ai aussi vécu pas mal d'aventures ici, c'était parfois dangereux, mais c'était très marrant. Puis, j'ai même essayé de créer une soirée Barbecue pour que les gens se parlent un peu, mais bon, c'était pas totalement comme je le pensais. Même si l'objectif de base a quand même été plus ou moins rempli. Faut dire que tant que je m'ennuie pas, j'aime bien tout ce qui se passe ici. Après, c'est juste un pseudo repos de courte durée, mon véritable objectif ne fait que commencer à Tsuki. Et toi, tu profites bien ?

Le BBQ ? Oh ! Ce devait-être cette fameuse soirée avec les feux d’artifice ? Je n’y étais pas allé par peur d’être entourée de beaucoup trop de monde. Puis, une soirée… je n’avais pas du tout d’expérience dans ce genre d’évènements. J’étais cependant reconnaissante envers Archie qui était venu me prévenir qu’il y aurait un évènement sympathique dans la nuit. Finalement, je venais encore à envier ce nouvel ami, mais je ne lui en voulais pas pour autant. Ce n’était pas sa faute…
Me rendant compte que je mettais un peu de temps pour lui répondre, je me repris pour réparer cette légère faute :

- Ce sont mes toutes premières vacances et… si je ne compte pas celui que j’ai effectué celui pour venir à Tsuki, c’est le tout premier que j’effectue. Du coup, j’ai eu un peu de mal à m’acclimater et à m’habituer au fait que j’étais plus libre qu’avant. J’ai donc certainement vécu moins de choses que toi, mais au moins j’ai pu voir ce que sont des vacances à la plage. D’ailleurs, j’ai entendu parler de ta fête et j’ai vu les feux d’artifice mais… je ne me suis pas sentie capable d’y aller. Désolée…

J’espérais qu’il ne m’en voudrait pas. Je me doutais bien que ce n’était pas vraiment son genre, mais sachant qu’il ne connaissait pas mon histoire, mes raisons devaient lui apparaître comme étant bien floues. Je ne voulais cependant pas revenir sur ma décision de ne rien lui dire. Pas s’il ne m’y poussait pas, sachant qu’il était pour moi inutile de m’étaler sur mon passé maintenant. Certainement saurait-il la vérité bien assez tôt… à moins que je ne parte à jamais avec mon secret. Mais, cela, je voulais laisser l’avenir me le dire sans me presser. J’avais compris que cela ne me ferait que du mal.

Code par Rin

Je me doutais bien que je venais d’attiser une nouvelle fois sa curiosité et je devais avouer que ce n’était peut-être pas très malin de ma part. Malheureusement, entre mentir et dire la vérité malgré le risque, je préférais encore la seconde option. Heureusement, malgré un sourire je n’avais pas plombé l’ambiance, quoi que sa patience devait être mise à rude épreuve. Je m’en voulais un peu pour ça et mon sourire en pâtissait alors que je le regardai s’approcher de moi. Allait-il me poser des questions ou pas ? Ses yeux étaient comme vissés dans les miens, ce qui me mit un peu mal à l’aise, bien que je ne tentai pas de dévier le mien. Puis, alors que je ne m’y attendais pas du tout, il me donna une pichenette sur le front. Immédiatement, tout en prononçant un « aïe » emplie de surprise, je me mis les deux mains sur le front. Je le vis alors gonfler les jouer avant de me dire :

- Hoy. T'as pas besoin de t'excuser hein ! Puis là tu me donnes envies d'en savoir plus, hein ! Mais bon si tu profites c'est ça l'important ! Donc te fais pas de soucis à t'excuser tout le temps ! Puis tant mieux que tu ais aimé les feux d'artifices, c'est fait pour ça héhé.

Bingo ! J’avais raison en pensant que je mettais sa patience à rude épreuve. Puis, il n’était pas le premier à me demander de ne pas m’excuser tout le temps. Je décidai de ne rien lui dire, mais c’était une malheureuse habitude prise au Japon. Etant toujours en tort là-bas, je ne pouvais que faire ça… et encore. Mon interdiction de prononcer un mot m’obligeai à le penser seulement de toutes mes forces. En tous les cas, le fait qu’il soit content que j’aie aimé les feux d’artifice me fit plaisir. Tant et si bien que je ne m’attendis pas un seul instant à ce qu’il s’apprêtait à faire : il se baissa pour me prendre par les jambes histoire que mon ventre repose sur son épaule. Il me garda ainsi malgré mon cri de surprise pour partir en trottinant après avoir déclaré

- Allez ! Partons à l'aventure Yumiko ! C'est l'heure d'aller s'amuser !

- Hein ?! Quoi ? Où est-ce que tu m’emmènes ? Jïnn ! Repose-moi, je peux te suivre à pieds ! Jïnn !!

Mais rien n’y fit. Il ne me lâcha pas avant d’avoir couru un petit moment. Entre temps, j’avais arrêté de râler pour regarder le paysage défiler. Je n’en voulais pas au jeune homme, même lorsque je me rendis compte que j’avais un peu de mal à reprendre l’équilibre, ce qui me fit tomber, les fesses sur le sable. Loin de me vexer, cette expérience me fit rire un peu avant que la curiosité ne prenne le dessus :

- Où sommes-nous ?

Code par Rin

Tout en me proposant de l’aide pour me relever, ce que j’acceptai avec plaisir, Jïnn me répondit :

- Je te présente mon jardin secret ! Enfin...Pas tellement secret mais...On va dire que je passe mes journées ici ! Cela remonte au début des vacances, je m'essayais à la pêche, et de fils en une aiguille en passant par une histoire bieeeeeen trop longue, j'ai rencontré... HEY PAULO ! T'ES OU MARIN D'EAU DOUCE !

Sincèrement, j’aurais bien voulu qu’il me parle de cette histoire qu’il disait « bien trop longue ». Mais à peine eut-il appelé une personne que quelqu’un arrive : une personne d’un certain âge, un homme à la barbe et sa voix était plutôt grave. Je devais avouer qu’il m’impressionna, surtout quand il répondit à mon camarade :

- Oh héééééé ! Qu'est-ce que t'ou peux bien faire ici moussaillon ? Et... Ohhhh ! Je vois que t'as trouvé une sirène ! Alors comme ça tu pêches des moules ?

Hein ? Que voulait-il dire ? Pourquoi Jïnn s’empêchait de rire alors que ses joues tournaient au rouge tomate ? Etais-je la seule ici à ne rien comprendre ? Regardant l’un et l’autre, je reculai un peu, histoire d’être légèrement cachée derrière mon nouvel ami. Le nouvel arrivant ne me faisait peut-être pas aussi peur que mon père, mais il m’impressionnait quand même pas mal. J’attendis donc que le jeune homme réponde et que leur conversation se termine :

- Non mais Paulo...C'est une amie que j'ai rencontrée aujourd'hui. Dis-moi, t'a des places libres sur ton bateau ? On aimerait bien...Enfin, j'aimerai bien lui faire un tour en bateau, surtout la crique tu sais ! Puis, depuis le temps que je t'aide...tu me dois bien ça pas vrai ? J'ai même pensé à ton Kawa, il fermente tranquillement chez moi.

- Hummmm....T'as de la chance que ça fait deux mois que j'te connais...Sinon j't'aurai bien envoyé de te faire voir espèce de rat ! Allez on embarque ! Sauf si t'a nana elle veut pas !

Bateau ? Crique ? Rat ? Nana ?! Autant dire que je me sentais extrêmement mal à l’aise. Un peu comme si j’étais arrivée trop tard pour comprendre. Cependant, le regard que Jïnn me porta voulait clairement dire qu’il attendait d’avoir mon avis. Comment demander à mon ami des réponses aux questions que je me posais sans attirer l’attention sur le vieil homme ? Je ne me sentais pas capable de me dévoiler devant un inconnu. Alors, tout doucement, pour que seul le jeune homme puisse m’entendre, je répondis :

- Je te fais confiance. Si tu veux me montrer ce qu’est un tour en bateau et une « crique », je veux bien te suivre.

Code par Rin

Doucement, Jïnn se tourna vers moi pour me poser sa main sur ma tête. Je ne comprenais pas réellement ce geste, mais lorsqu’il fut accompagné d’une phrase rassurante, je me mis à sourire avant de faire un léger signe de tête. Je le laissai donc continuer la conversation qu’il avait avec son interlocuteur :

- Hey Paulo, on peut partir maintenant ? Tu me laisses le bateau ? J'en prendrai soin comme les matins où j'ai dû faire ta pêche !

- Oula ! Hey j'te jure si le casses ça va chauffer vieux perroquet bavard ! J'te le laisse uniquement pour 2 heures grand maximum t'a compris ?! Et fait gaffe j'veuille au grain, j'serai allongé sur mon hamac avec mon kawah.

- T'inquiète pas va... J'te ramènerai des coraux si c'est que ça.

Partant pour se reposer, si on en croyait ce qu’il avait dit, il nous laissa seul. Je pus ainsi me détendre un peu. Jïnn en profita pour me regarder un instant avant de me prendre par la main et m’entraîner vers ce qu’il appelait « un bateau ». Je devais avouer qu’avant ce jour je n’en avais jamais vu. Bien qu’il paraisse banal d’après certains dires, j’étais impressionnée par le fait qu’il flottait malgré sa taille. N’allait-il pas couler si nous montions tous les deux ? Encouragée par Jïnn en qui j’avais confiance, et qui semblait s’y connaître mieux que moi, je montai sans montrer mes doutes. Encore plus impressionnée par le fait qu’il flottait même avec deux personnes à bord, je m’assis à l’arrière en me tenant fermement. Bien m’en prit puisque je fus surprise par la vitesse. Le vent dans les cheveux au point de les décoiffer, l’élan et les secousses qui faisaient bouger dans tous les sens, et le bruit qui m’empêchait d’entendre tout ce qui était relatif aux voix, aux vagues et autres, tout cela était nouveau pour moi. Heureusement, le « voyage » ne dura pas longtemps et je ne fus aucunement malade. Le soulagement me prit tout de même lorsque tout s’arrêta puisque je pus me détendre un peu. Jïnn vint d’ailleurs me rejoindre en me demandant :

- T'as pas le mal de mer ça va ?

- Le… mal de mer ? Qu’est-ce que c’est ? demandai-je en le regardant, surprise et toujours un peu tendue.

Bien que sa réponse m’intéressât, mon regard fut attiré par le paysage que je voyais par-dessus son épaule. Un paysage magnifique d’étendait devant mes yeux. Etait-ce cela, un lagon ? N’était-ce pas de la terre comme celle que nous foulions chaque jour ? A moins que ce ne soit la partie d’eau dans laquelle nous étions ? Ou le tout ? En tous les cas, j’étais comme envoûtée par ce que je voyais.

Si seulement je pouvais imprimer ce paysage pour le garder avec moi pour toujours…

Code par Rin

- Bah écoute le mal de mer c'est un peu des nausées à cause des tanguements comme ceci ! Tanguements...ça se dit ?

Sa réponse me ramena à la réalité, m’arrachant à ma contemplation. Mais au moins j’appris ce qu’était le mal de mer et que je ne l’avais pas. Ce n’était pas plus mal. Par contre, il était encore une chose que je ne savais pas, mais je n’en ressentis aucune gêne ou honte. Au contraire, je ris légèrement en lui répondant :

- Je n’en ai absolument aucune idée.

Pour regarder le paysage derrière moi, je me mis à genoux sur la sorte de banc, toujours en me tenant (quoi que moins fermement) à la rampe. Derrière moi, j’entendis légèrement les pas de Jïnn puis se prendre dans quelque chose. Je me tournai partiellement pour voir si tout allait bien, mais tout ce que je vis c’était le jeune homme tomber sur moi. Surprise, je ne pus réagir alors que je me sentais tomber à la renverse. Mon dos resta douloureusement sur la rambarde pendant un moment, jusqu’à ce que je fasse une chute qui me fit atterrir dans l’eau. Déboussolée, le dos endoloris, je me retrouvai en un instant totalement immergée par l’eau salée. En tentant d’appeler à l’aide, je perdis toute l’aide et je commençai à me noyer. Par peur, je me mis à me débattre de plus en plus jusqu’à ce que je sente mes forces m’abandonner. Allais-je mourir ? Et ce ne serait même pas la faute de mon père ? Je trouvais le destin tellement injuste au final… Et, avant de m’évanouir dans les ténèbres des profondeurs, j’entendis la voix du Rubis :

Yumiko ? Yumikooo ?

Ne pouvant répondre, je me contentai de penser très fort, comme une supplique jusqu’à ce que m’évanouisse :

Jïnn… Je suis ici. Je t’en supplie, sauves-moi !

Puis je fus comme happée par un trou noir.

Code par Rin