Un sauvetage se transforme en une rencontre inattendue [PV Jinn]

Jour après jour, bien que Mana ait tenté de me faire connaître les joies de la nage en mer, je dessinais toujours plus, que ce soit à la plage ou près de ma maison sur pilotis. Cela m’avait même permis d’avoir une certaine discussion avec mon professeur de biologie bien que celle-ci ait commençait avec un mutisme de ma part. Si j’agissais de la sorte c’était pour éviter de parler de moi, ma vie, tentant désespérément de suivre les conseils que Narok m’avait donnés. Mais, bien que cela me protégeais des mauvaises intentions, j’avais l’impression de m’isoler toujours plus. Après tout, c’était à cause de mes silences et de mes attitudes qu’on qualifiait de « déplacées » à cause de mes méconnaissances que j’étais certainement détestée par les pimbêches de ma maison sur pilotis et peut-être d’autres. Je me demandais même si ce n’était pas aussi pour cela que les personnes que j’avais aimées, et que j’aimais toujours pour certaines, m’avaient abandonnée sans prévenir. En tous les cas, c’était pour éviter de penser à ces personnes et les derniers évènements blessants que je me concentrais, ou essayais pour le moins, de me concentrer sur mes œuvres. Pour cela, ce jour-là, je m’étais installée sur les escaliers de ma maison. Je devais avouer que je n’étais pas très inspirée et que je dessinais surtout des formes qui ne voulaient rien dire, comme pour cacher le véritable dessin que je souhaitais faire. La plupart d’entre eux s’étaient retrouvés froissés et en boules que je fourrais dans mon sac sans montrer ma frustration.

Après quelques heures sans parvenir à penser à quelque chose de joyeux ou d’agréable assez longtemps pour l’immortaliser, je soupirai et me mis à dessiner la cage dans laquelle j’avais vécu pendant 15 ans Son agencement comme chaque détail qui faisait ce qu’elle était m’étaient totalement restés en mémoire. Je n’avais malheureusement pas les couleurs me permettant de finir le dessin. Alors, pour me satisfaire, je changeai de page, cachant le premier croquis, pour dessiner ma prison sous un autre angle. Je pensai qu’en immortalisant tous les souvenirs que j’en avais j’arriverais enfin à m’en débarrasser. Malheureusement, il fallait croire que je devais aussi goûter à l’amertume de la solitude qu’elle m’avait fait subir pendant tout ce temps sans que je le sache réellement. J’avais des regrets que je n’aurais pas dû ressentir par le fait que tout cela n’était pas ma faute. J’en étais désormais conscience, mais je ne comprenais tout de même pas pourquoi j’avais subi tout cela et c’était ce qui me poussait à faire ces dessins du passé pourtant révolu.

Alors que je réfléchissais tout en faisant bouger mon crayon sans aucune hésitation, j’entendis quelqu’un approcher. Tout en fermant mon carnet pour cacher mes dessins, je levai la tête. Là, je vis un garçon brun qui me sembla grand et fort. Je ne savais pas qui il était mais il semblait avoir des soucis. Avait-il besoin de moi ? Hésitante, je le laissai approcher un peu plus pour tenter de voir si j’avais besoin d’intervenir ou non. Je ne voulais pas créer un lien sans issue, même si cela m’isolerait plus encore. N’en avais-je pas l’habitude après tout ce temps passé seule sans aucune relation humaine réelle ?

Code par Rin

Le fait qu’il me demande de ne pas m’inquiéter, ni d’être timide, me fit rougir encore un peu plus à cause de la gêne : j’étais, apparemment, une personne qui l’était facilement. Cela ne m’étonnait pas, maintenant que j’y pensais, mais il ne savait pas. J’espérais qu’il le saurait le plus tard possible. Puis, il disait que dans ce genre de domaine même les « maîtres » étaient débutants. Je ne compris pas très bien en quoi, mais je voulais bien le croire sur parole. Cependant, bien qu’il me proposa trois sortes d’entraînements, j’étais bien incapable de lui dire lequel je préférais. Surtout que le nom du dernier ne me disait rien du tout. Ansatsuken… Qu’est-ce que cela pouvait-il bien vouloir dire ?
Je n’étais cependant pas au bout de mes surprises : le jeune homme qui était tout joyeux et plein d’énergie depuis que notre rencontre semblait plus timide quand il ajouta :

- Mais avant faudrait que tu manges à ta faim haha !

Je lui souris, amusée suite à cela. Je pris un sushi et le mangeai rapidement avant de lui répondre avec un clin d’œil :

- Ne t’en fais pas, je ne me laisserais pas mourir de faim, ni laisser une si bonne nourriture pourrir. Cependant, repris-je sur un ton un peu plus sérieux, peux-tu m’en dire un peu plus sur ces entraînements, s’il te plaît ? Parce que là je suis un peu perdue…

Je devais avouer que se laisser un peu plus aller que d’habitude faisait du bien. Surtout que j’étais forte des conseils d’Archie, bien que toujours blessée par mon vécu. Pour ce dernier, il me suffisait de « choisir ce que je voulais dire ou non ». Je me doutais bien que, pour moi, c’était taire la majeure partie de ma vie, mais je ne voulais pas plomber l’ambiance qui était si plaisante. Je ne me sentais pas si mal à l’aise qu’avant et je commençais même à m’amuser comme lorsque j’avais nagé pour la toute première fois. Je ne l’avais pas refait depuis puisque je ne savais pas le faire seule. Cette fois-là, Mana avait été là pour m’aider et pour me porter. Je n’étais pas fière, mais ce n’était pas ma faute si je n’avais pas appris toutes ces choses triviales mais pourtant si importantes. En tous les cas, j'attendis tout en mangeant qu'il contente ma curiosité en espérant qu'il ne le fasse pas plus tard.

Code par Rin

Je fus contente de le voir sourire à ce point quand je complimentai une énième fois sa cuisine, mais je le vis reprendre un air plus sérieux lorsqu’on reprit la conversation de l’entraînement. Cela ne m’étonnait pas vraiment puisqu’il avait vécu, d’après ce que je pouvais comprendre, en ne faisant pratiquement que ça. Pour moi c’était presque pareil finalement. C’est donc avec la grande attention d’un élève sérieux que j’écoutai ses explications :

- Alors, pour faire court et pas trop trop compliqué : Le premier consiste à juste faire des exercices de renforcements physiques comme des pompes, des abdo et des tractions par exemple. Un programme simple, facile à refaire et utile à faire chaque jour pour progresser physique. Le second, mon favoris, je compte t'apprendre un "Kata" c'est à dire des techniques à répéter sous forme de "danse". C'est donc plus axé technique, précision, et justesse que le premier. Après, les deux sont complémentaires en soit. C'est toi qui vois Yumiko.

Prenant le temps de réfléchir, je me reposai dans ma chaise en me frottant légèrement l’arrière de la tête. N’ayant jamais fait ni l’un ni l’autre il m’était assez difficile de savoir ce que je voulais réellement faire. Je me disais donc que je voulais tout tenter. Mais il me sembla que cette histoire ressemblait quand mon amie m’avait proposé de prendre une boule de glace de tous les parfums proposés. Trop manger de glace nous aurait rendus malade. Etait-ce pareil cette fois-ci ? Toujours en pleine réflexion, je continuai à manger doucement, mais pas trop pour ne pas impatienter Jïnn. Et, finalement, je pris comme un air de dépit avant de lui répondre :

- Pour une personne qui n’a certainement jamais fait de sport de sa vie, que conseillerais-tu ? Personnellement, expliquai-je, j’ai envie de tout faire. Mais je suis presque certaine que, puisque c’est ma première séance physique, j’aurais un peu de mal à suivre le rythme…

Je devais avouer que c’était un peu gênant d’avouer une telle chose à une personne qui faisait sans cesse du sport. Mais qu’y pouvais-je ? Je n’avais pas choisis de vivre loin de tout et enfermée au point de ne pouvoir sortir que de temps en temps sous étroite surveillance. Je voulais changer ce fait et profiter de la chance qu’on me donnait. Si je ne le faisais pas un minimum cela voudrait dire que j’étais toujours prisonnière. C’est ce que j’avais enfin compris grâce à toutes les personnes qui me soutenaient. Même Narok au final…

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Lorsque je lui eus répondu, son visage s’illumina comme si je venais de lui offrir le plus beau cadeau qui soit. Il se leva ensuite et pris comme position avant de faire une sorte de danse tout en donnant des coups dans le vide. D’après l’explication qu’il m’avait faite du kata, je réalisai sans en être totalement certaine qu’il devait s’agir de cela. En restant totalement attentive à ses gestes, je me demandais tout de même la signification du regard qu’il m’avait lancé plus tôt. En tous les cas la lueur était comme heureuse bien que moins éclatante celle qui les illumina l’espace d’un instant après qu’il eut fini. Ma compréhension n’était pas totale, mais cela ne m’empêcha pas d’être impressionnée par ses prouesses.
Après s’être bien approché de moi, le sourire aux lèvres, il mit son visage près du mien ce qui eut pour effet de me faire rougir à nouveau. Puis, il me dit :

- Tu as donné une excellente réponse. Je pense que tu y arriveras....J'en suis sur même. On fera les deux. J'adore les défis, et tu viens d'en soulever un ! J'espère que t'as la patate, ça va suer !

- La patate, je ne sais pas, lui répondis-je en riant doucement, mais je suis prête à tenter le coup.

Étant habillée d’un short, un tee-shirt léger et de sandales qui tenaient aux pieds, je n’avais pas besoin de me changer pour pouvoir pratiquer les exercices qu’il allait me proposer. J’espérais seulement qu’il ne me demanderait pas d’enlever mes bracelets  ou d’attacher mes cheveux que j’avais laissés libres. Je n’avais pas d’élastique pour les ramener en arrière alors que les bijoux que j’avais sur chaque poignet servaient à cacher mes cicatrices. Elles portaient une histoire que je voulais oublier rien que pour cette journée et m’en rappeler que le jour où je serais à nouveau confrontée au choix que m’avait fait mon père, bien des mois plus tôt.

Sans trop penser à cela, je fini mon dernier sushi et je me levai pour m’étirer un peu, les bras en l’air. Je souris ensuite au jeune homme à côté de moi et, reprenant une posture un peu plus normale, je lui demandai :

- Par quoi commençons-nous, sensei ? Je suis prête à suivre vos directives.

J’espérais tout de même qu’il ne me demanderait pas quelque chose de trop compliqué et qu’il m’apprendrait en me guidant. D’un autre côté, j’étais prête à tout pour ne pas être un poids à cause de mes méconnaissances et mon peu d’efforts physiques pendant toute ma vie.

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Aussi rayonnant qu’un soleil, Jïnn était en pleine forme et me paraissait bien plus que ravi que je lui donne la chance de s’entraîner avec moi, de transmettre son savoir. D’une certaine façon, il était un peu comme certains professeurs qui avaient vécu l’objet de la matière qu’ils donnaient à étudier. Pourtant, il était quelque chose de différent. Le jeune homme n’aurait peut-être pas été aussi ravi si cela avait été une autre personne. Mais, cela, je ne pouvais pas le savoir ou même le prouver. C’est pourquoi je ne faisais que profiter de l’instant présent et des enseignements qu’il allait m’apporter.
D’ailleurs, il se mit devant moi, face à une sorte de tronc d’arbre coupé et accroché en l’air. Puis, tout en donnant un coup à chacune de ses phrases, il m’annonça, comme une leçon de vie, un défouloir :

- Pourquoi s'entraîner ? Pour transcender ton esprit par ton corps et ton corps par ton esprit. Devenir fort, être capable de se protéger et de protéger les autres. Pourquoi s'entraîner ? Pour se sentir bien. Si tu te sens mal il n'y a qu'à s’entraîner plus ! Si tu es effrayé entraînes toi ! Quand quelque chose ne va pas, entraînes toi ! Quand tu ne crois plus en toi entraînes toi ! La seule chose qui ne te trahira jamais est ton entraînement.

Ses paroles me donnèrent de la force. J’étais souvent effrayée, l’impression que quelque chose n’allait pas, la sensation que je ne pouvais plus rien faire et je me sentais souvent mal. Cela à cause de mon passé et de toutes les méconnaissances que je portais. Si s’entraîner permettait de se sentir mieux, j’étais totalement partante pour apprendre et à rejoindre Jïnn plus souvent pour m’entraîner. Je me demander cependant s’il allait falloir que je frappe, moi aussi, dans le tronc. Bien que le jeune homme sembla ne pas avoir mal, je me doutais bien que ce n’était pas la première fois qu’il le faisait. Pour ma part, il m’était évident que je ne pourrais pas en faire de même. Ainsi, j’arborais une expression entre la joie, l’excitation et l’appréhension. Heureusement, cela ne fut pas le cas, il me demanda de prendre une pause qui engageait un alignement parfait des épaules, des hanches, des genoux et des pieds tout en se tenant parfaitement droit. Quant à mes mains, je devais les fermer en poings et les placer près de mes hanches. Pour être franche, je me sentais un peu ridicule. Et ; bien que je tentai de le copier, il m’était évident que je n’avais pas totalement la même posture que lui. C’est certainement pour cela qu’il vint près de moi pour m’aider à corriger mes erreurs. Ses gestes, bien que fermes, semblait assez doux pour que je me sente en confiance et me laisse faire. Puis, quand je fus correctement placée, il me parla en me montrant le geste que je devais réaliser avec mon poing :

- Maintenant, le principe sera de frapper à ce niveau-là. Ici tu as une ligne directrice, un axe. Imagine cette ligne comme un jeu, il faut le défendre et contre attaquer depuis ce plan pour ainsi avoir l'adversaire de manière optimale. Mais pour l'instant, montre-moi les émotions que tes poings peuvent montrer. Révèle ton humanité à travers les frappes dans le vide.

A mes yeux, les notions de jeux et d’adversaire étaient assez abstraites pour que mon expression fasse penser à un point d’interrogation. Puis, comment montrer mes émotions dans mes poings ? Que voulait-il dire par là ? Y avait-il une signification particulière ? Enfin… au moins je devais frapper dans le vide, et non dans le tronc.
Me concentrant sur des émotions, je tentai quelques coups d’essais, comme pour voir si je le faisais bien. Ecoutant les conseils de Jïnn pour améliorer mes gestes, je fis aussi un point sur ce que je voulais évacuer. Ce ne fut pas très difficile à trouver : la crainte de retourner au Japon. D’après ses dires, quand on avait peur il fallait s’entrainer. Alors, en pensant très fort que je voulais rester à L’académie Tsuki, même si c’était pour toujours, je me mis à taper dans le vide, imaginant mon père devant moi. Je voulais l’empêcher de venir, l’empêcher de m’approcher. Je ne pensais pas un seul instant que le jeune homme puisse lire dans mes poings tant cela me paraissait étrange. Je continuai donc sur cette lancée jusqu’à ce qu’on me donne d’autres directives.

Code par Rin

Pendant que je tentais de faire correctement mes coups dans le vide en pensant à mes « sentiments », j’entrevis Jïnn faire le tour de moi-même. J’en fus un peu gênée, mais grâce à ma concentration je parvins à occulter ce fait pour me focaliser sur ce que je faisais. Bien entendu, j’aurais voulu ne pas penser à ce qui m’effrayait, surtout s’il pouvait le voir… J’avais cependant une raison de vouloir faire cet exercice à fond. Et ce, même si je n’étais pas encore sûre que je le faisais correctement.
Lorsqu’il me refit face, son trouble m’apparut bien qu’il tentait de le cacher. Qu’avait-il tout d’un coup ? Je ne comprenais pas et je n’étais pas certaine de vouloir savoir pour le moment. Heureusement, il se reprit et m’annonça la fin de cet exercice pour en déclarer un nouveau :

- Hummm....hum. Pour la suite, on va apprendre le même coup mais on va nuancer les endroits. Là, on frappait au niveau du corps que l'on appelle le Plexus. Si tu tapes dedans, ça coupe la respiration de ton adversaire, or la respiration est clé dans un combat, ça lui coupera toutes formes d'énergies en plus de te donner une ouverture. Maintenant, on va frapper au visage, au plexus puis au niveau du bas du ventre. Au début on va doucement, et on accélère petit à petit.

Contente de connaître l’effet de ce coup et où il portait exactement, je lui souris tout en faisant le mouvement de tête qui me permettait de signifier que j’avais compris. Je préférais répondre ainsi plutôt que dire un « oui » ou « d’accord » qui me paraissaient inutiles. J’attendais cependant qu’il me fasse une démonstration avant de m’y mettre. Cependant, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il me demande si j’avais peur. A cause de cela, je me mis à réfléchir à une vraie réponse en me grattant l’arrière de la tête, comme précédemment, gênée. Quand j’eue l’idée principale, je lui répondis, quelque peu hésitante :

- Mmh… Oui, j’ai peur. Mais j’aimerais que, comme tu l’as dit plus tôt, l’entraînement m’aide à vaincre cette peur. Ou, plus exactement, me rendre plus forte pour vaincre mon père.

A la fin de ma réponse, je lui offris un grand sourire à la fois gentil et déterminé. D’une certaine manière, je me savais totalement incapable de vaincre mon père. Mais ce n’était peut-être pas ce que je recherchais vraiment. En réalité, je voulais la paix, pouvoir vivre sans craindre celui qui voulait briser ma vie. Mais j’espérais pouvoir éviter d’en dire plus à Jïnn pour me concentrer sur une activité. Parler de mon passé ne m’aidait pas, jamais, à cause de sa récurrence proche de se réaliser. Mieux valait « profiter de l’instant présent », remettre les soucis à plus tard, même si je rêvais de pouvoir battre mon père pour qu’il me laisse en paix.

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L’étonnement de Jïnn ne m’échappa pas. Et… était-il gêné ? Je n’avais fait que dire la vérité, bien que je n’aie pas approfondis mes propos. Etait-ce si étrange que cela ? En quoi l’était-ce ? Je ne comprenais pas et j’espérais qu’il répondrait à mes réponses silencieuses avant que nous ne passions à l’exercice suivant. Alors, quand il reprit la parole sur un air neutre, je l’écoutai attentivement :

- Je suis honoré que tu veuilles te surpasser mais....Enfin....Je suis désolé de te demander ça, cela ne me regarde pas mais...puisque tu parles de ton père, tu ne voudrais pas m'en dire plus ? J'avoue que vaincre son géniteur me rend perplexe. Après, si cela peut me donner un semblant de fausse crédibilité, j'ai pas connu mes parents moi personnellement.

Souriant gentiment, je me dis que, d’une certaine façon, nous étions pareils. Je n’avais pas réellement connu mes parents puisque ces derniers n’étaient là que pour me gâcher ma liberté, me gronder… me traiter comme un monstre qui n’aurait jamais dû exister. Comment lui dire tout cela ? Pour lui c’était étrange alors que c’était une question de survie à mes yeux. Comment lui expliquer sans m’éterniser ? Hésitante, je lui répondis sans être réellement certaine que j’allais le convaincre :

- Comment dire ça ? … Disons que c’est pour garder ma liberté. Mon père n’est pas pour moi une figure de protection ou d’amour, bien au contraire. Et si je pouvais un jour le battre pour rester à l’académie, vivre comme je l’entends, alors je ferais tout pour ça !

Tout en disant cela, j’avais soutenu son regard. En prononçant ces mots j’avais gagné en détermination et il était hors de question maintenant que je me laisse faire. Je savais pourtant qu’une fois devant mon géniteur rien ne pourrait l’empêcher de me prendre comme une vulgaire poupée sans volonté. Tout reposait sur l’utilisation de son pouvoir et le fait que quelqu’un le contre avec volonté. Si personne ne me donnait de contrordre sincère qui m’empêcherait de partir alors je serais bonne pour être enfermée… jusqu’à la fin de mes jours.
Ramenant mes pensées à Jïnn, je me rappelai qu’il n’avait pas connu ses parents. Peut-être ne comprendrait-il pas ? A moins qu’il s’imagine la situation au moins ? Je n’étais sûre de rien… Alors, j’ajoutai avec un peu plus de douceur :

- Je suis désolée si je te montre une image paternelle pas très joyeuse. Je ne pense pas qu’ils sont tous comme ça et, si ce n’est que sur moi, ce n’est pas grave. Je ne veux pas qu’on sache ou qu’on vive ce qu’est la vie que m’a offert mon père.

Le pensais-je réellement? Je n'en étais même pas certaine... ou pas sur tous les points.

Code par Rin

Je ne savais pas à quoi il pensait, mais il semblait désespéré ou perdu. Je ne savais pas très bien comment interpréter son soupir et le fait qu’il se gratte au niveau de sa tempe. Je doutais que sa cicatrice le démange mais je ne voyais vraiment pas à quoi il pouvait penser. Son silence me parut pesant et le fut encore plus lorsqu’il s’approcha lentement. Quand il fut près de moi, il me prit l’épaule et, serrant doucement, il parla enfin sur un ton très sérieux, voire grave :

- Je le sais bien...Une généralité pour un cas n'est pas possible. Mais...Es-tu réellement prête à cela pour en finir ? Vaincre...dans quel sens ? Lui ôter la vie ? Je veux bien t'entraîner plus sérieusement pour te rendre forte. Mais pour cela il faudra que tu me promettes de n'ôter la vie qu'en cas d'extrême nécessité.

Le fait qu’il parle d’ôter la vie suffit à me tétaniser. Mon père avait voulu que je mette moi-même fin à mes jours si je venais à décider que je ne rentrerais pas au Japon. Il m’avait poussée à cela par le biais de son pouvoir et avait presque réussit. Il était quelqu’un d’horrible et je ne voulais plus jamais je revoir. Mais cela justifiait-il la mort de quelqu’un ? Pour moi la réponse était claire. Ma peur de revivre l’enfer se mêlait désormais à celle de ne plus jamais pouvoir vivre tout simplement. De ce fait, je devins livide et je portai lentement mes mains à mes tempes. Je faisais tout pour ne pas flancher malgré tout, pour lui répondre, pour avancer Alors, tentant de réguler ma respiration, je lui répondis d’une petite voix :

- J-je n’ai jamais pensé à tuer qui que ce soit ! Je veux… je veux juste qu’il me laisse en paix ! Qu’il n’attente plus à ma vie ! Qu’il me laisse être enfin une adolescente comme les autres, se contentant d’avoir volé mon enfance… Qu’il retourne au Japon jouer son rôle d’homme influent et important !!

Laissant couler des larmes, je levai les yeux pour regarder Jïnn en face pour ajouter :

- Lui ôter la vie ne résoudra rien. Il ne mérite même pas que je le touche bien qu’il soit mon père… Mais je veux qu’il me laisse libre, qu’il cesse de me poursuivre sans mettre ma vie en jeu…

Certainement en avais-je trop dit pour ne pas tout raconter, mais comment expliquer mes intentions autrement ? Puis, ce qui était fait ne pouvait plus être retiré. Surtout lorsqu’il s’agissait de paroles. Toujours en le regardant, tremblant un peu, j’attendis qu’il me dise que j’étais bête ou que son entraînement n’était pas fait pour moi. Non pas que je veuille entendre ces mots-là, mais j’étais alors comme persuadée que c’était ce que j’allais entendre.

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A peine eue-je terminé de dire ce que j’avais sur le cœur que je sentis deux bras, grands et forts, m’enlacer. Je laissai donc s’échapper les sanglots qui étaient alors restés coincés au fond de ma gorge. J’entendis la voix de Jïnn me murmurer que ça allait aller. Ses mots, j’espérais que si un Dieu existait, seraient entendus et que tout irait réellement bien. Lentement, je me calmai au point de ne plus pleurer, bien que je sentais l’angoisse persister. Le jeune homme avait doucement et patiemment essuyé mes larmes pendant tout le temps qu’il m’avait prise dans ses bras. Puis, quand je fus totalement calmée, il reprit la parole en me regardant avec assurance dans les yeux :

- Tu en as assez fait pour aujourd'hui, je te remercie de ta confession. On s'entraînera dans des meilleurs conditions la prochaine fois c'est une promesse. En attendant... J'ai une idée pour ne plus pleurer dans ce genre de situation.

Je lui fis un signe de tête pour lui signifier que j’avais compris. Je restai cependant sceptique sur son idée. Que me préparait-il ? Il alla vers son plan de travail et commença à couper des fruits. Intriguée parce que je n’en avais jamais vu, je m’approchai pour le regarder faire. Et lorsqu’il eut terminé de faire du jus, il m’invita à m’assoir sur un transat, sous un parasol.

- Ce jus redonne souvent le sourire, essaie le tu verras, me dit-il en me tendant le mélange.

Je pris le verre et, avant de boire une petite gorgée, je reniflais pour mieux en connaître l’odeur. J’avais assez confiance en Jïnn pour me dire qu’il ne me ferait pas de mal, mais comment une boisson pouvait-elle arrêter les pleurs ? Je ne comprenais pas. Et lorsque j’eus bu ma gorgée, je ne pus m’empêcher de faire une légère grimace en fermant les yeux. Comme c’était acide ! Qu’avait-il mis réellement ? Des fruits pouvaient-ils se montrer aussi acides que ça ?! Jetant un regard interloqué au jeune homme qui devait être fier de lui s’il n’était pas en train de rire de ma réaction, je lui demandais :

- C’est quoi ça ?! C’est le truc le plus acide que j’ai jamais goûté ! Il y a quoi dedans ?

Alors qu’il me répondait, je retentai de boire une gorgée dans la pensée que j’avais dû être trop hâtive. Malheureusement, la boisson me fit tirer la même tête que la première fois.

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Pendant que je tentais de comprendre ce qu’était cette boisson, pourquoi elle était aussi acide et en quoi cela faisait sourire, Jïnn se mit à rire. Et pas qu’un peu ! Il était plié en deux et ne semblait pas prêt de se calmer. Cette idée devint une certitude quand il reprit de plus belle après ma seconde grimace. Pourtant, il se calma un minimum en me tendant un appareil pour me montrer une photo de ma personne faisant la fameuse grimace :

- Regarde ça ! Tu tires une de ces tronches hahahaha !

Lui riait alors que je restais interloquée devant ma propre image. M’étais-je déjà vue autrement que grâce à mon propre reflet ? Je ne m’en rappelais pas, mais cela ne voulait pas dire non. En tous les cas je devais avouer que le jeune homme avait raison sur au moins un point : je n’avais plus envie de pleurer. Attirée par un geste proche de moi, je levai les yeux pour le voir siroter le mélange à la paille. Sur le coup je fus surprise, mais son frisson me fit pouffer tant je m’empêchais de rire. Certainement me serais-je laissé aller s’il ne s’était pas mis à parler pour dire :

- Rien de plus simple dans ce petit bijou contre les pleurs et pour ramener la bonne humeur ! Je vous présente ma noble dame ! LE COCKTAIL DE L’ACIDITÉ QUI RÉCHAUFFE LE CŒUR !

Souriante, je secouai la tête comme pour mon montrer une exaspération très peu crédible. Il m’amusait beaucoup, réussissant à balayer mes craintes en très peu de temps. Pour cela, je lui en étais reconnaissante et j’espérais que je n’étais pas un poids pour lui. Pour être franche, j’espérais que l’idée d’être ami à long terme avec moi lui conviendrait… et serait même possible.
En attendant, je le vis suivre de ses doigts le fil de son chapeau avant d’en détacher et me tendre une boule en bois avec une inscription dessus. Je la regardai alors qu’il m’expliquait :

- J'espère que tu te sens mieux... C'est dur de réussir à faire sourire franchement dans ce genre de situations. Sinon...Voici un cadeau...Enfin, c'est rien de bien particulier, mais plus un objet sentimental pour moi. Au dojo on avait l'habitude de partager nos "âmes" à l'aide de ces cadeaux. Pour qu'on puisse porter les espoirs de tout le monde et les réaliser. Je compte t'offrir celui-ci...Dessus il y a marqué "Jïnn". Si tu veux, je peux te le mettre. Enfin...c'est tout ce que je puisse faire en vrai...

Sa démarche me fit sourire et me fit étrangement penser à celle que j’avais effectuée avec Tyron. J’avais donné à ce dernier un collier qui m’avait été fortement précieux parce que, d’une certaine façon, il me permettait de rester en vie et en bonne santé si je venais à user de mon pouvoir. Cette fois, c’était Jïnn qui me confiait un collier qui lui était précieux et j’en fus fortement touchée. Je lui souris donc et lui répondis avec grande sincérité :

- Aligato, Jïnn. Grâce à toi je me sens mieux et ton geste me fait grandement plaisir. Je t’avoue que j’aurais voulu te donner mon « âme » en échange de la tienne, malheureusement c’est une autre personne qui la détient pour le moment. Si cela ne te dérange pas d’attendre un peu avant que je la récupère, j’accepte ton cadeau avec joie.

Je me fis la promesse d’en prendre énormément soin s’il acceptait de me la donner dans ces conditions. Je me doutais de ce qu’il devait ressentir si c’était la même chose que moi. Pour moi, c’était une preuve flagrante de la confiance qu’il me portait et j’espérais en être totalement digne.

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Pendant une seconde, il leva un sourcil. Pour quelle raison ? Certainement se posait-il des questions finalement… Je ne voulais pas lui dire par rapport à Tyron, ou pas la relation exacte que j’avais eu avec lui. De toute façon, ce n’était pas comme s’il m’avait donné des nouvelles, n’est-ce pas ? En tous les cas, Jïnn se leva et se plaça derrière moi pour mettre le collier autour de mon cou. Pour que ce soit plus simple pour lui, je ramenai mes cheveux devant moi et le laissai faire, légèrement rouge. Je ne m’attendais cependant pas à ce qu’il murmure à mon oreille :

- Je connais pas les détails de ton contrat avec ton âme ni ce que cela signifie exactement...Mais je me contenterai de te donner cet objet. Après tout, tu en vaux la peine. Tu ne le sais pas encore, mais j'ai pris la résolution de t'aider. Puis je n'aurai qu'à attendre pour ton "âme". Mais d'ailleurs, tu veux dire quoi exactement par ça ?

Les paroles qu’il ‘avaient dites, et notamment le fait que je valais la peine de posséder son objet, me fit extrêmement plaisir. Sans parler qu’il avait pris la résolution de m’aider… sans que je lui aie dit la totalité de mon passé. Je ne savais pas comment le remercier de ce cadeau qu’il m’offrait par pur gentillesse. Du coup, lorsqu’il me demanda ce que je voulais dire par mon âme en venant s’installer à côté de moi. Pendant un instant, je fermai les yeux pour me rappeler comment il était, comment il changeait. Je n’avais pas oublié, mais… le fait de le voir me manquait. Comment pouvais-je le récupérer ? Même Yasushi n’avait pas de nouvelles de celui qui l’avait en sa possession alors qu’ils étaient frères. Rouvrant les yeux, je répondis au jeune homme à mes côtés :

- Pour être exacte, il s’agit d’un collier dont le pendentif est une bille en nacre blanc. Elle change de couleur quand j’utilise mon pouvoir. En plus de m’être utile pour être plus rapide dans le soin, j’y vois un signal pour la personne qui la possède pour venir m’aider… La personne qui la détient était une personne en qui j’avais totalement confiance mais qui ne m’a plus donné de nouvelles depuis quelques mois… Il faut que je récupère mon collier, pour te le donner.

Oui, pour moi mon âme était représentée par ce collier car il prévenait de l’utilisation que je faisais de mon pouvoir. Je me demandais s’il était utile de lui donner tout de suite les couleurs et les significations alors qu’il n’avait pas ledit objet sous la main. D’ailleurs, Tyron avait-il été inquiet par les changements de couleurs ? Non… si cela avait été le cas il m’aurait contactée, non ?

Code par Rin