Chichi, chocolat chaud et patates de forain. [py Tayra]

Rappel du premier message :

La vache, j'ai froid. Je me réchauffe les mains en soufflant dedans même si j'ai jamais été convaincu que ça fonctionnait. Enfin bref, c'est bientôt les fêtes de fin d'année et je me retrouve à faire la coursière pour les dealer de la ville. Ça parait pas mais c'est super chiant, il se passe rien et je suis obligé de me les peler dans toute la ville. En plus la musique de Noël diffusée dans les hauts parleurs d'Abondance me vrille le cerveau. Putain voilà ce que je voulais dire ! Je déteste Noël, simple point de vue hein, personne n'est obligé de le partager du moment qu'on me contredit pas. Noël, de base c'est une fête religieuse et je-ne-sais-qui a décidé d'en faire une fête commerciale à la con, c'est un premier point négatif. Ensuite, à ce que sache, y a que les gens avec une vie épanouit qui l'apprécie, parce que sinon je serai pas en train de me balader dans les quatre coins de la ville pour réapprovisionner des enculés qui vendent de la merde à prix d'or pour les plus désespérés d'entre nous. Nan mais sinon c'est cool Noël, y a des cadeaux, papy et mamie filent des tunes, c'est sympa.

Je reçois un nouveau SMS, balayant ceux de ma mère qui cherche tout le temps à savoir où je suis, j'aperçois un numéro masqué : "Centre commercial, à côté du Lidl". Bon c'est pas loin, mais j'ai déjà le nez qui commence à couler, ça c'est chiant, je remets en place mon écharpe, ferme bien mon blouson jusqu'en haut et double la cadence. Je suis plus qu'à une dizaine de mètre de l'entrée, mais une petite aiguille gelée sur mon nez me stop. Je pose mon index sur le bout de mon nez, c'est froid et humide, je lève les yeux en l'air, des flocons, des centai... Qu'est-ce que je raconte des milliers de flocons à la con ! Un rictus éclaire étrangement mon visage.

En rentrant dans le bâtiment, un frisson d'effroi parcours mon être : une chorale, une chorale de vieux croulants. Putain, mais regardez moi ça, leur vieille gueule fripée se déformer en chantant. Je mets mes mains bien en évidence sur mes oreilles et leur tire la langue comme une enfant. Je comprendrai jamais comment certaines personnes ne peuvent pas simplement accepter leur mort...
Le Lidl est juste devant avec le dealer, comme prévu, un petit jeune, un bonnet noir et un sweat-shirt noir et bleu comme unique couverture de survie face au froid glacial de l’extérieur. Je lui lance un regard complice en me rapprochant, il me le renvoie quasiment instantanément. Une fois en face de lui, on se check , je retire le sac de mon dos et en sort un parquet cartonné, le genre papier recyclé de merde.

-Y'a tout ? Je demande on sait jamais, il regarde discrètement dans le sachet, si la définition de discrètement c'est faire un boucant d'enfer pour vérifier qu'il manque rien.
-Ouaip c'est bon, y'a tout. Il relève la tête vers moi... Oh non je le vois venir... Moi c'est Art...
-J'm'en branle de qui t'es, vends ta merde, moi je trace.

C'est pas la première fois qu'un de ces débiles essaient de me draguer, mais la, je suis très clairement pas d'humeur. Une fois la transaction effectuée, je me dirige vers le Hall du centre commercial, putain je m'en grillerai bien une, mais j'ai trop la flemme de retourner me les geler dehors pour une clope. Du coup je m'assois sur un banc et je pose bien gentiment mes écouteurs sur mes oreilles, laçant le premier truc qui me passe par la main, j'attends que mon corps se réchauffe et que ce mal de tête à la con passe.

Couleurs des paroles.:

-Désolé bébé, j'ai déjà mon binôme et ma famille. Pas celle qui est morte, celle que j'ai choisi. Ce serait une fameuse chute si je sautais de l'autre côté du mur.

Je savais pas à quoi m'attendre. Bah, l'espoir fait vivre comme dirait certain. Je sais ce qu'il fait pas vivre par contre, les pièces. Quoi ? Oh merde, j'ai pas fait gaffe, la pièce c'est glissé sous mon doigt, elle m'a échappé ! Qu'est-ce qui l'empêche de me rentrer la pièce ? Rien ! Ha ha ! Rien du tout ! C'est pas génial ? Si elle le fait je sens que je vais bien m'amuser. Nan, vraiment pas. Aller Max secoue toi les puces, tu l'avais dans tes mains, sans la tuer, j'ai respecté ma promesse, alors on va en refaire une : Elle me plante, je la bute. J'y arriverai pas.

-Encore gagné. Le jour où tu seras capable de me mettre en échec, je reconsidérerai ton invitation.

"Encore gagné" ? Comment ça ? Pour elle, s'extirper de la main d'une estropiée incapable de marcher c'est gagné ? Même moi j'oserai pas la faire. Je vais la prendre au pied de la lettre sur ça contre proposition. Elle jette un vif coup d’œil à sa chaîne, le repose sur moi. Je sens la pièce tomber, le temps ralenti, fais le vas y. Max. Plante moi. Max, pas d'excès de violence, je vais te buter. Fais-le ! Reste calme, c'est qu'une voie, c'est qu'une voie, je suis maître de mon corps. Je suis toi Max, on la tue, je la tue. Je sens la pièce s'enfoncer dans ma peau, pas plus loin Tayra je t'en pris. Je suis une femme morte. Je l'emmène avec moi. La pièce rentre dans mes entrailles. Mes yeux s'injecte immédiatement de sang, mon corps entier tremble, elle s'est figée en moi. Oh ouais Max pète la forme, je sens une vague d'adrénaline parcourir mes jambes et mes bras.

-Ça c'est pour ma chaîne.

Quoi ? Cette misérable chaîne lui tient tant à cœur, les gens s'attachent à n'importe quoi de nos jours. Je tiens à rien moi. La vie ? Non, bien évidemment que non j'en ai déjà parlé, la vie ou la mort Max c'est pas important pour moi. Le monde ne me manquera pas et je ne manquerai pas au monde. Je me trompe, reste calme, fais pas n'importe quoi, reste calme, si elle a fait ça, c'est que le mec arrive. Ma main libérée de son cou fragile je peux en faire ce que je veux et ce que je veux c'est sortir cette pièce. Je vais y arriver... Je soulève mon T-shirt pour planter mes doigts dans la plaie. La douleur me fait grogner, en plus ça fait des dégueulasses. Faut que je me calme. Le sang coule putain j'en fous partout, c'est pas ma tasse de thé la chirurgie. Juste un peu de concentration. Sans la regarder, je me mets à lui chuchoter quelques mots.

-Elle restera pas bien longtemps la dedans

Aller, j'y suis presque, je sens qu'elle est juste là. Je la trouve pas, presque... Nan, peut-être par là. Bordel Max maîtrise toi. Je souffre le putain de martyre, mais je vais la retirer, je le jure, cette pièce restera pas longtemps dans mon corps... Merde ! Oh ? Je la tiens, le problème c'est qu'elle glisse trop... Tu m'étonnes. Il va... Il va falloir que je la bloque dans mon poing. Oh putain non là c'est pas family friendly. Je peux pas rentrer mon poing dans mon ventre... Enfin, j'ai pas la place. Je suis sûr qu'avec un peu de bonne volonté et... Nan juste beaucoup de bonne volonté, je peux le faire rentrer. La question est : Faut-il décrire cette boucherie ? Je commence à forcer l'entrer de la plaie, houla nan... Nop, nop. Ca rentre pas, mauvais calcule, à part réarranger mon intérieur je vais juste perdre la pièce, je m'arrête. Je suis complètement déchirée, mais pas contre productive... Bon alors, changement de plan. Euh, je vais l'appeler le SPPPSM, soit : "Sors cette Putain de Pièce ou Perd ton Sang à la Mort". On peut aussi la laisser là en attendant de se faire rafistoler ? Nan ! Je suis vraiment tête de mule. Ma main ce retire de la plaie, laissant tombé un bon gros paquet de sang par terre et sur moi, c'est pas... Je suis pas médecin, mais ça sent pas bon. Aller, maintenant, j'engouffre deux doigts dans la plaie qui s'étire encore un petit peu. Mon index et mon majeur viennent s'enrouler autour de la pièce, puis l'extirpe d'un coup sec. J'attrape fermement la pièce entre mon pouce et mon index et la présente à Tayra un air fier.

-Elle est pas restée... Houla... Pas bon... Pas bn du tout.

Quand mes yeux redescendent sur la plaie, le sang coule, mais du genre il coule trop. Ça craint, je lâche la pièce et pose ma main sur la plaie. Oupsi Max, j'ai merdé.