Le marché des accidents (Dean , Gwendoline, Mr Nagi et Lya)

On était dimanche matin. Et pourtant, j'allais à la librairie. Mon patron m'avait appelé ce matin pour me demander de l'aider à mettre de l'ordre dans son magasin.Tout cela payé en heures sup bien sûr. Ce n'était pas l'argent qui m'avait fait me lever si tôt, mais bel et bien le fait que j'aimais rendre service. Gagner de l'argent pour le faire, même plus d'habitude était un supplément bien utile, mais même sans ça, j'y aurait été. Pourquoi ? Parce que j'aimais ce petit boulot plongée au milieu des livres dans cette petite librairie où tout le monde était sympa. Enfin, tout le monde... J'étais la seule employée pour donner un coup de main, le propriétaire et sa femme étant les seuls à travailler ici à temps plein. Quelque fois je devais cohabiter avec l'un de leur enfants, neveu, nièce, parent éloigné venant faire un petit stage dans le magasin familial. Selon le caractère de la personne, c'était plus ou moins une corvée.

Toujours est-il qu'en se levant ce matin, ils ont eu la désagréable surprise de découvrir leur vitrine brisée en milles morceaux, et un bordel monstre dans la librairie. Une des petites fêtes trop arrosée avait dû dégénérer et les participants avaient dû trouver cela très drôle de vandaliser la petite boutique. En arrivant, j'avais découvert avec effroi les étagères renversées et la grande majorité des livres abîmés par de l'eau ou autres substances inconnues. Encore heureux ils avaient pas essayé de jouer avec le feu. Euh... Non attendez je retire ce que j'ai dis en fait... Un petit monticule de cendres dans un coin me prouvait le contraire. Les policiers étaient sur place, expliquant aux pauvres gens qui venaient de presque tout perdre qu'il n'y avait que très peu de chances de retrouver ceux qui avaient fait ça.

Une fois autorisés à entrer, nous avons commencé à tout nettoyer. Les enfants du couple étaient venu donner un petit coup de main tout comme une de leurs parente habitant non loin de Thouhills. D'autres commerçants des alentours étaient venus aussi chacun s'entraidant. Ça commençait à faire pas mal de monde... Je m'étais retirée vers l'arrière boutique, laissant tout ce petit monde à leurs blablatages. Une voix féminine, celle de ma patronne m'interpella :

-Gwendoline, faites attention à vous, il y a du verre partout !

-Ne vous inquiétez pas tout va bien !

Reportant mon attention sur ce qui se trouvait autour de moi, je commençais à empiler les livres intacts dans un coin, ramenant les autres vers le centre de la pièce, essayant de déterminer s'ils allaient être lisibles ou non. Même s'ils ne pouvaient pas les vendre, pourquoi les jeter s'ils étaient lisibles ? Autant les donner à des gens qui en voudront bien. Je continuais ma tâche jusqu'à avoir mal au dos à force de me baisser. Je décidais de prendre une petite pause. Il devait être 9 h. Cela faisait déjà deux heures que nous triions et rangions consciencieusement la petite boutique. Il n'y avait pratiquement plus de verre sur le trottoir, et quelqu'un avait installé une vitrine en plastique qui empêcherait des indésirables d'entrer tant que personne ne serait venu remplacer la vitrine. Vu de l'extérieur désormais, on avait l'impression qu'il ne s'était rien passé. Avant que tout le monde n'entre pour continuer le tri à l'intérieur, je soumis mon idée pour les livres abîmés mais lisibles au propriétaire qui approuva. Les commerçants venus pour témoigner de leur soutient et faire leurs commères étaient tous retournés dans leurs propres magasins, et nous n'étions plus que nous 6 pour continuer de ranger. Nous continuâmes à trier pendant encore une heure à peu près.

-Les jumelles, Gwendoline, prenez une pause, allez vous balader, c'est jour de marché aujourd'hui. Il me semble que vous n'y êtes jamais allée en plus Gwendoline ?

J'acquiesçais, acceptant d'accompagner leurs jumelles de 14 ans jusqu'au marché de Thouhills. Mes patrons me remercièrent en me disant qu'ils allaient se débrouiller seuls pour aujourd'hui, et qu'ils me revoyaient demain à mes heures habituelles de travail. Le marché de Thouhills était un marché comme les autres. Assez grand, avec ses multitudes d'étals en tous genre, sa foule de tous âges, les odeurs multiples qui flottaient dans l'air, les cris des uns et des autres. Je me laissais guider par Lou et Anna, les jumelles qui commençaient à me tirer voulant tout voir et surtout, tout me montrer. Je me laissais faire avec un sourire, même si je n'aimais pas les espaces bondés, elles étaient gentilles alors j'avais envie de leur faire plaisir.

Un dimanche, un matin, une nouvelle histoire. Sera-t-elle bonne ou mauvaise? Pour le savoir il faut déjà que je me lève. Dimanche est le jour où je me lève le plus tard, 8h30. Oui c'est le plus tard pour moi, chacun ses habitudes après tout, n'est-ce pas? Enfin bref, je me réveille tranquillement, pas au aurore du coup mais le soleil est encore timide bien que présent. Je vais donc prendre une douche avant de boire un thé et manger deux-trois biscuits. Je m'habille décontracté, chemise, veston, jean, chaussure de ville et une veste longue pour recouvrir le tout. Aujourd'hui c'est journée balade, j'ai besoin de me décontracté après cette longue semaine de paperasse et de projets personnels pour rendre cette académie vivable pour tous.
J'avais dis qu'après une semaine je commençais à tout mettre en place, mais j'ai était un peu trop optimiste, je n'avais pas prévu la montagne de truc qui allait me tomber sur les bras, à croire que l'ancien surveillant en chef, si il a existé, n'a rien foutu.

Je pars donc tranquillement en ville avec ma voiture et me gare en périphérie non loin de la vieille ville et fini le parcours à pied. Qui dit Dimanche, dit marché. C'est donc avec un petit sac en plastique que je pénètre dans ce lieu plein de vie et de bruit. Entre les badauds qui parlent entre-eux, les commerçants qui crient pour rameuter les badauds on est dans un certain brouhaha mais pas forcément désagréable. L'odeur aussi est présente est plaisante, un mélange de produits frais et même d'épices. Je vais peut être pouvoir trouvé un très bon thé à infuser. Il est vrai que je suis loin de mon commerçant habituel et je tourne au thé industriel, ce qui n'est pas ce que j'aime le plus en soit, mais on fait avec ce qu'on a.

Je fini enfin par tomber sur une petite étale d'un homme d'âge mur mais habillé de façon tout à fait... parfaite. Un parfait gentleman, je sentais que j'étais tombé sur la bonne étale. Je vais pouvoir avoir enfin du bon thé. Dans un ton et un stature digne d'un bon gentleman je m'adresse alors a mon aîné.

- Bonjour mon cher monsieur, je viens vers vous en voyant vos feuilles de thé et surtout parce que j'ai était attiré par leurs odeurs tout à fait enivrantes.

Il se lève alors de la chaise sur la quelle il était assis les jambes croisées, me regarde et s'adresse à moi.

- Bonjour gentil homme, je vois que vous avez l’œil... et le nez. je possède effectivement une plantation des meilleurs feuilles de thé de toute la région, rien à voir avec ce que l'on nous vend dans les grandes surfaces.

Dans son ton, aucune once d'air hautain, que de la sincérité, j'ai donc vraiment trouvé un nouveau commerçant avec le quel je vais pouvoir m'entendre.

- Parfait, je vais donc vous prendre un peu de tout, ne vous en faite pas pour la dépense. Je saurais m'acquitter de la somme.

Il me prépare alors un sac d'une taille importante tout de même après m'avoir mis un peu de tout. et me donne le prix, chère certes mais honnête. J'accepte, et lui dis qu'on se reverra. Il répondit qu'il en serait ravis et je continuais alors ma route.
En me baladant je vis un visage connu assis non loin sur la terrasse d'un café. Celui d'une jeune fille a la personnalité secrète répondant au nom de Lya, mais je suis en congé, et nous ne sommes pas à l'académie, donc je la laisse tranquillement boire son thé. Je continue tranquillement de marcher quand une jeune personne semblant presser me bouscule mais fini elle les fesses par terre. Ça m'arrive bizarrement souvent ce genre de situation. La jeune fille était accompagné d'une fille plus vieille mais tout de même jeune et d'une autre étant sans nul doute sa jumelle au vu de la ressemblance. Je tends alors ma main vers la jeune fille.

- Vous allez bien mademoiselle?

C'est dimanche et pourtant je me lève tôt... J'ai vite pris le rythme de vie d'employé débordé... Bon, même si c'est encore assez nouveau pour moi, ça fait un petit moment que je suis à l'académie maintenant et je n'ai toujours pas vraiment visité les alentours de la ville, c'est quand même dommage ! Il va bien falloir que je m'habitue à l'environnement de mon nouveau lieu de travail, je vais aussi profiter d'une des rares pauses que je peux avoir dans mon emploi du temps pour aller me la couler douce en ville. M'habillant rapidement avec mes vêtements habituels je sors du territoire de l'académie pour ensuite m'enfoncer dans la ville qui l'accueille, armé d'une sacoche possédant tout le nécessaire pour mon périple à l'extérieur. Je dois bien avouer que le travail à l'infirmerie est plutôt épuisant. Qui plus est, je suis censé être assistant infirmier, mais... En fait j'assiste personne. Le boulot à plein temps c'est bien sympa, mais il y a quand même du monde à soigner, entre les malades et les abrut-- Les inconscients, c'est pas facile tous les jours. Je pense que je vais me trouver un petit café au calme et être tranquille pour cette journée.

Je prends ma voiture et fonce vers les vieux quartiers, c'est sûrement là-bas que j'aurais le plus de chances de trouver un coin calme pour me reposer. Je suis cependant pressé de trouver un endroit où me garer, car il y a un marché. Une fois à pattes, je me fonds dans la masse, l'endroit est bondé, mais c'est encore tout à fait vivable, glissant subtilement à travers la foule je finis par m'éloigner des étales et arrive près d'un petit café cosy, bon c'est déjà ça. J'en profite pour faire un petit repérage, voir pour mes prochaines habitudes de vie en tant qu'employé de Tsuki, il faut bien après tout. L'endroit à l'air assez rustique, le style me plait bien, après inspection de la petite terrasse déjà bien remplie grâce au marché adjacent, je décide de rentrer dans le commerce me trouver une place dans un coin solitaire non trop loin d'une grande fenêtre ornée donnant sur la rue et le marché.

Aaah... Une fois assit on est quand même bien, je prends mes aises dans la mesure de la bonne tenue et attends l'arrivée d'un des serveurs déjà bien occupés. Un petit café après une bonne marche matinale devrait suffire. Je profite de l'attente pour scruter l'intérieur du café. La déco est chaleureuse, les meubles en bois robuste donnent un côté très rustique et ça a tout de même le luxe d'être lumineux grâce aux grandes fenêtres qui donnent sur la rue. Ça a un côté Irish pub on dirait, bien que je ne sois pas connaisseur. Au bout de ce moment de contemplation, un des serveurs vient prendre ma commande, le jeune homme vient m'aborder de manière aimable, malgré la présence de fatigue sur son visage après un coup d'oeil observateur.

" Vous prendrez quoi monsieur ? "

Un café court suffira amplement, merci.

Bon ça va, je suis de bonne humeur aujourd'hui ! Je pourrais m'habituer à ce genre de dimanche matin.

Les jumelles ! :

A force de vouloir aller vite au milieu de toute cette foule, ce qui devait arriver arriva : l'une des jumelles rentra de plein fouet dans une personne et se retrouva sur les fesses. J'avais tiré la deuxième, qui tenait la main pour me guider, en arrière, juste à temps pour qu'elle n'imite pas sa sœur.

-Eh bé bravo ! Vous êtes aussi douée l'une que l'autre !

Je me moquais gentiment d'elles, pendant que l'homme lui tendait la main pour la relever :

-Vous allez bien mademoiselle ?

Celle-ci bafouillais, le rouge aux joues :

-Je... heu... oui... merci... désolée...

Je me fiais à sa voix, pour déterminer laquelle c'était, puisque c'était mon repère pour les différencier, elles avaient la manie de s'habiller quasiment de la même manière en plus. Justement pour perdre les gens, car cela les amusais. Aujourd'hui, par exemple, elles avaient toutes les deux tressé leurs cheveux, mais de manière différente, et elles avaient mit une robe presque identique si on en exceptait la couleur, sur des collants noir épais vu la saison, l'une avait opté pour des baskets blanches basses, l'autre pour des bottines marron clair et elles avaient toutes les deux le même manteau noir assez long qu'elles gardaient ouvert. Elles jouaient avec les détails quoi.

En tout cas, celle qui était à terre était Anna... Si je ne me trompais pas... Et donc, aujourd'hui elle avait mit une robe blanche... C'était la galère à les différencier, je devais recommencer à chaque fois que je les voyais ! Bon, si on excepte cet ennuyant détail, elles étaient adorables, donc pas de problème. Et très maladroite. Je me retenais de rire de mon mieux pour ne pas la gêner davantage la pauvre. Elle se releva, et se rapprocha de nous le plus possible, rentrant la tête dans les épaules. Si elle pouvait disparaître, actuellement, elle le ferait à coup sûr.

Je vis une fille aux longs cheveux noirs s'approcher de nous. Ah bah tiens, je le connais elle ! Elle était en cours de psychologie l'autre jour. Et aussi au banquet où tout le monde s'est sentit en mal d'amour. Lya qu'elle s'appelait je crois.

-Bonjour Dean.

Bon, bah logiquement, si elle le connaissait, vu que c'était un adulte et elle une élève comme moi, on pouvait supposer que c'était un diamant. Enfin, on est sûr de rien, après tout, il est déjà arrivé à mes patrons de me raccompagner à Tsuki lorsque je terminais tard, il était donc possible que ce ne soit qu'un citoyen de Thouhills comme les autres. Bon par contre, une chose était sûr, c'est que les jumelles, elles, ne se doutaient de rien. La magie, ça n'existait pas, et les pouvoirs non plus. Pour elles, ce n'était que le fruit de l'imaginaire. Et c'était très bien comme ça. D'une part, parce qu'il était interdit de divulguer quoi que ce soit à propos de ça, et en plus les pouvoirs pouvaient apporter tellement d'ennuis, que, pour leur bien être, c'était préférable qu'elles n'en développent pas un. Lou en eut marre de rester planté sur place, alors elle se remit en marche, recommençant à me tirer. Je m'excusais une nouvelle fois :

-Excusez-nous encore pour le dérangement !

Et nous nous remîmes en marche... Ou pas. Une voiture fonçait tout droit alors que nous allions traverser. Comme je l'avais déjà fait précédemment, je tirais les gamines en arrière in extremis et le conducteur s'arrêta, s'excusant d'une voix pâteuse, et redémarra plus lentement, mais cette fois en faisant des zigzags sur la route. Je lâchais :

-On dirait qu'il y en a qui n'ont toujours pas décuvé. Ça pète des vitrines et maintenant ça manque de rouler sur les gens, je rêve !

J'avais eu peur, celui-là n'avait heurté personne, mais vu le monde, c'était pas dit que si un prochain conducteur ivre se présentait, il ait la même chance. Ça pourrait tourner au drame cette histoire...

Hm... C'était calme, reposant... Presque ennuyeux à vrai dire. Le dimanche parfait on pourrait dire. Rien ne se passe, pour le meilleur ou le pire. Quelque temps plus tard, le serveur revient avec mon breuvage, c'est donc en le sirotant que je scrutais l'extérieur depuis la fenêtre. Dans un coin on pouvait voir le gros du marché, heureusement, j'étais assez éloigné de tout ce bazar : bien que sympathique à voir, je suis déjà assez importuné d'entendre tout le brouhaha d'ici. Enfin, c'était un bruit déjà plus agréable que les plaintes des malades ou des blessés de l'infirmerie. Sans parler de l'odeur, ce café est une bénédiction pour mes narines. Et aussi il y l'écart potentiel de qualité avec le café de la salle du personnel, bien que je ne m'y suis pas essayé. Je viens à me rendre compte que c'est particulièrement reposant d'être hors de l'Académie pendant un instant. C'est bête que je le remarque que maintenant.

Enfin, quelque chose me fait sortir de mes pensées. Je recalibre mon attention sur ce qui semble être des crissements de pneu. Un chauffard manque de renverser un certain nombre de personnes... Eh, je sais qu'on est dimanche, mais tout de même ! Allez y doucement sur la bibine ! J'ai pas envie de jouer les médecins en dehors de mes heures de travail, ce serait incroyablement peu sympathique. On dirait que les folies de la veille sont d'humeur récalcitrante... C'est ennuyeux tout ça. Je continue cependant de boire mon café tranquillement, finissant de me réveiller à l'abris des voitures folles.

J'espère que ça ne va pas trop... Déraper... Ha ha ha.

Non, pour être sérieux... Si y'a un carambolage... Je vais.... Pas être content ! Oui ! Attention hein ! Ah... Faites que les gens meurent sur le coup au moins. Sinon je serais obligé de les soigner...