I fink u freeky [Terminée]

Ils sont tous beaux, intelligents, talentueux, créatifs. Et moi, qu'est ce qu'il me reste ? ...Rien.
J'ai toujours eu l'impression que je devais me démarquer, montrer aux autres que j'existe, sans quoi ils m'oublieraient aussitôt.
Alors j'essayais, j'essayais de me démarquer.
Je commençais doucement, quelques bijoux argentés trônaient désormais sur mon visage enfantin. Mais rien, le néant. C'était presque comme si je n'étais devenu qu'encore plus invisible qu'hier. Ce n'est pas grave je me persuadais, je n'avais qu'à y aller un peu plus fort.

Alors je continuais. J'abandonnais mes cheveux blonds que je chérissais tant, mais c'était justifié, après tout qui avait les cheveux blancs et roses ici ? Personne. Dans ce bled paumé nous semblions tous nous ressembler, s'en devenait étouffant. Mais encore une fois, rien. Ils firent mine d'être surpris un instant, puis reportèrent leur attention vers quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus important. Quelqu'un de plus important que moi, jeune garçon en pleine crise d'adolescence qui tentait désespérément d'attirer l'attention.
Mais je devais continuer, je le sentais, j'y étais presque, bientôt ils poseraient les yeux sur moi plus d'une demi-seconde, bientôt ils se soucieraient de moi, bientôt ils me considéreront comme un être humain.
Alors j'ai commencé à traîner avec ces gens, qui semblaient haïr le monde entier et qui donnait l'impression de mettre un pas de plus dans la tombe chaque jour. Même si au début ils m'effrayaient au fond je les aimais bien, et puis c'était si agréable de se sentir à sa place. Mais bien vite arriva le début de la fin, je commençais à perdre pied. J'allais bien trop loin mais tout ça ne semblait pas avoir d'importance pour eux alors ça n'en avait pas pour moi non plus. J'avais fini par comprendre qu'ils n'espéraient rien de moi, que j'avais échoué là où les autres avaient réussi et que plus rien n'avait d'importance à présent. Ils ne prenaient rien de tout cela au sérieux.

Mais finalement je me rendais compte que je n'étais pas aussi proche de ces gens que je ne le pensais. Et comme prévu ils me laissèrent tomber, comme si ces quelques mois passés ensemble n'étaient que du vent. Je me sentais trahi, alors, dans un élan de rage, je tentais de frapper une de mes "amies" au visage. Contre toute attente mon coup l'avait atteint, bien plus violemment que je l'avais imaginé. Je pouvais parfaitement discerner la lignée rouge qui commençait à s'écouler de son nez et les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. Ils semblaient tous choqués de mon acte et je les entendais m'appeler et implorer que je revienne dans mon dos, comme si j'étais soudainement remonté dans leur estime. C'était tentant de faire marche arrière, et faire comme si tout cela n'était jamais arrivé, mais au fond je savais que c'était inutile.
Alors je rentrais chez moi, plein de remords.

Je ne pouvais plus me regarder dans la glace. Où était passé ce garçon candide qui s'amusait d'un rien ? Car je ne voyais qu'un monstre, défiguré par la haine et la tristesse. Je ne savais même pas a qui j'essayais de plaire, c'est vrai, qui voudrait un gamin débraillé et glauque comme ami ? J'étais bien plus fréquentable il y a quelques années, lorsque j'étais encore sage et raisonnable.

Puis, je ne compris que plus tard ce qu'il c'était passé ce soir là. J'avais compris que je pouvais aléatoirement doubler ou diviser la force des coups que je donnais. Je n'avais aucune idée du pourquoi du comment, mais j'étais heureux de voir que grâce à ça, une académie s'intéressait à moi. J'avais reçu une lettre m'invitant à m'y inscrire.

Alors je partais, laissant derrière moi tout ces mauvais souvenirs. Maintenant on allait m'aimer, j'en étais certain.