L'amour d'un père partie 2 (PV Yasushi)

L'amour d'un père

Partie 2

_ Six ?! Je savais qu’Archie avait de l’amour à revendre mais pas autant …Pour ce qui est de son père … tu as bien le temps de voir comment ça évolue. Après ne reste pas trop campé sur tes a priori non plus …tu te priverais toi-même d’une occasion d’être surpris par cette personne … Et toi sinon comment tu vas ? Tu as rencontré des gens sympas pendant ton voyage ?

Noa avait paru bien surpris d’entendre le nombre d’enfants qui seraient adoptés par mon père de cœur. Je devais bien avouer que je me demandais comment il allait gérer tout ce petit monde, mais plus j’y réfléchissais et plus il me paraissait plus qu’évident qu’il allait me demander de l’aide. Je ne savais même pas comment le prendre… Après tout, en quoi serais-je utile au fond ? Il me semblait que je l’étais bien plus lorsque je jouais le rôle de protecteur. Contre qui ou quoi allais-je devoir le faire ? Dans une maison qui plus est ?
Concernant le père d’Archie… que pouvais-je réellement dire au fond ? Rien, sans aucun doute, et c’est certainement pour cela qu’il changea de sujet. Aussi légitimes furent ses questions, autant je me sentis fort décontenancé. Je me sentais mal. Très mal. Mais je ne me trouvais pas le courage de le lui avouer. En plus de ça, je ne pus que rougir et me sentir coupable (ne me demandez pas pourquoi !) en pensant à Renée et ce que j’avais failli faire. Peut-être n’était-ce que le fait que je m’étais rendu compte de ma totale confusion et du fait que j’avais comme perdu des souvenirs qui me rendait comme ça. Ce n’en était cependant pas moins malaisant… Que lui répondre dans ce cas ? Ne le sachant pas, je restai quelques instants silencieux avant de lui répondre avec la forte envie de m’enterrer vivant :

- Toutes les personnes que j’ai rencontré jusqu’ici sont adorables. Ils ont tous été chaleureux… c’était perturbant, mais au moins je suis certain que les gosses seront bien accueillis. Et j’ai peut-être trouvé comment mettre en place le refuge dont j’avais l’idée.

Je ne savais cependant pas si je serais réellement capable de réaliser le projet. J’étais si… déséquilibré ? Je n’étais même pas sûr que ce fut le bon terme ! Heureusement, j’étais le seul à savoir à quoi je pensais donc personne ne viendrait me faire des reproches là-dessus.

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L'amour d'un père

Partie 2

_ Vraiment ? Explique-moi.

Je pris un instant avant de lui répondre. Après tout, était-ce une bonne idée ? De l’espoir alors que je ne savais même pas si je me sentais capable d’aller au bout de ce projet ? Quoi qu’il ne me semblât pas que je m’engageais à quoi que ce soit de plus que ce que j’avais déjà fait jusqu’à présent… Pendant ce temps, il me sembla que les sons dans le cabinet changeaient progressivement. Sincèrement, il faisait quoi là ? Il était passé de la douche à dehors en moins de dix minutes et là… je ne savais pas. Pour me faire arrêter de penser inutilement, je lui répondis enfin :

- Archie m’a présenté sa tante, Donna. Elle fait partie d’un groupe qui vient en aide aux gosses ayant des soucis dont personne se préoccupe en général. Je sais pas encore comment monter mon truc, ni où, mais j’pense que je pourrais faire mon refuge sous leur tutelle. J’espère juste que c’est légal… Je veux dire, quand j’en avais parlé avec Archie la première fois il m’a dit que le fait que certains gosses ne soient pas anglais est un problème qu’il faut pas ignorer quand tu fais une structure comme ça… Encore une fois c’est comme si j’étais dans une impasse…

Depuis ce jour-là je ne cessais de me casser la tête pour trouver une solution qui ne soit pas aller gueuler aux portes du gouvernement. Cela avait été ma première envie, mais j’avais été freiné dans mon élan par mon père de cœur. Ce dernier n’avait pas de solution à me donner malheureusement. Je ne lui en voulais pas pour ça, même s’il était vrai que j’aurais préféré avoir plus de réponses afin de pouvoir avancer. Mais en quoi pouvais-je espérer le faire de toute façon ? J’avais un assassin en moi qui menaçait sans cesse de m’emporter ! En quoi ce fait pouvait me laisser avancer ?! Tenant le téléphone sur mon oreille, je me recroquevillai sur moi-même comme pour me faire tout petit.

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Partie 2

Tranquillement, d’une voix qui me parut rassurante, Noa me garantit qu’il y avait toujours une solution et qu’il était persuadé que je finirai par la trouver. « S’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème », hein ? J’espérais qu’il avait raison. Après tout, si je venais à ne pas en trouver, que pouvais-je faire pour les gosses ? Je n’en avais aucune idée et je me sentais comme obligé de tout abandonner.
Malgré cela, je continuai de discuter avec mon ami en évitant le plus possible les sujets qui me faisaient trop mal. Ce n’était pas que je voulais lui cacher quoi que ce soit, mais je ne me sentais pas de pouvoir tenir le coup face à l’assassin en mettant en évidence mes douleurs. J’étais faible et je ne pouvais pas me permettre que cela mette en danger qui que ce soit ! J’avais peur de ce qui pouvait arriver si l’assassin venait à prendre ma place. Plusieurs fois j’avais eu la preuve que rien de bon arriverait…

Au bout d’un moment, j’entendis Noa me dire :

_ Ah au fait il y a quelqu’un qui voudrait de parler …

Je ne compris pas du tout ce qu’il voulait dire, m’arrachant un bref : « Quoi ? Qu’est-ce que… ? » avant que je n’entende des dizaines de voix me dire bonjour et s’enthousiasmer de m’entendre avant de commencer à poser diverses questions qui se noyaient dans le brouhaha qu’ils faisaient ? La douleur que je ressentais mêlée à l’immense joie de les entendre à nouveau me fit trembler la lèvre inférieure alors qu’une grosse boule vint obstruer ma gorge. Sans aucun doute que je me sentis soulagé d’être certain qu’il ne leur été rien arrivé tout comme je regrettais les voix des disparus. La culpabilité liée à cet évènement termina de m’achever, me faisant ainsi pleurer silencieusement bien que quelques hoquets m’échappassent. Le haut du crâne reposant sur mes genoux, je me tenais quelques mèches de cheveux comme si cela pouvait me cacher ou me calmer. Je craquais et la peur de voir un combat mental débuter n’arrangeait rien. Pourtant, il ne fallait pas que les gosses se doutent de quoi que ce soit ! Il ne fallait pas que je leur montre que j’étais blessé entre autres. Je craignais que cela ne les décourage en plus qu’ils ne me posent encore plus de questions. Il ne fallait pas non plus que je leur parle des difficultés pour que les quatre derniers aient une famille. Cela n’était pas négociable !
Lorsque je réentendis la voix de Noa, je tentais de parler d’une voix neutre, ce qui me parut être une épreuve tant la boule m’obstruait la gorge :

- D-désolé… L’émotion sans doute. Ca fait tellement longtemps que je ne les ait pas vus ou entendus…

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L'amour d'un père

Partie 2

Avec peine, beaucoup de peine, je répondais aux questions des gosses sur mon voyage (sans leur parler de mes doutes) entre autres. Je n’étais pas très bavard non plus puisque je restais mal à cause de mes émotions qui me tourmentaient. Mais le pire restait à venir : alors que Noa et moi allions mettre fin à la communication, il me fit part du fait que je lui manquais. Lui aussi me manquait… Les mots restèrent bloqués dans ma gorge et les larmes affluèrent une nouvelle fois. Ce fut trop tard quand je pus enfin murmurer un « moi aussi ». Je m’en voulu énormément et je sentis un poids s’ajouter à celui que je ressentais déjà, ce qui ne manqua pas de faire réagir en moi l’entité destructrice. Je restai donc un moment dans ma chambre, le temps de me calmer.

Après de longues minutes, lorsque je fus certain que tout danger fut écarté, je pris le portable d’Archie et sortie de la chambre qu’on m’avait proposée pour aller le chercher. Je me rendis alors rapidement compte que le manoir était vachement grand. Après être descendu au rez-de-chaussée, j’avais commencé à regarder dans toutes les salles ouvertes jusqu’à atteindre celle que je maudis avant de me plaquer contre un mur. Pâle comme un linge, je fixai un point lointain en tentant de me convaincre que je n’avais rien vu, donc qu’il n’y avait absolument aucun problème. C’est le moment que choisi une des femmes habillées en… uniforme. En me voyant, elle me demanda si j’allais bien, si j’avais besoin de quelque chose. Me reprenant un minimum, je demandai simplement :

- Je cherche Archie.

- Vous parlez de Monsieur Archibald Junior ? me demanda-t-elle avant de continuer quand elle eut ma réponse affirmative. Monsieur se repose dans ses appartements. Souhaitez-vous que je vous y guide ?

- Ouais, j’veux bien, répondis-je en pensant qu’ainsi que je n’aurais plus le droit à de mauvaise surprise.

Lorsque je fus arrivé à destination, la dame me laissa seul et le soin de toquer. Nerveux, je tremblais légèrement. Je ne savais pas quoi lui dire, sachant pertinemment que j’allais encore fondre en larme. Le pire était que je ne pouvais pas le cacher et j’avais peur que mon père de cœur s’en jette la pierre. Ce n’était pas sa faute dans tous les cas et je ne voulais même pas qu’il le pense. Malheureusement, je n’étais pas dans sa tête et je sentais que rien n’empêcherait ce qui allait arriver. Je toquai donc et attendis avec de grosses appréhensions.

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Partie 2

Lorsque je m’aperçus qu’il ne me répondait pas, malgré ma peur de paraître trop insistant, je toquais plusieurs fois à la porte. Dormait-il ? Si c’était le cas, allais-je le réveiller ? Ce n’était pas vraiment mon intention, mais je me sentais tellement en proie au doute que je savais même pas si je faisais quelque chose de mal ou non… M’entendre dire cela devait paraître étrange sans aucun doute. Heureusement, bientôt j’entendis Archie me répondre qu’il arrivait. Sa voix n’avait absolument rien d’agacée. Non, en réalité, il me fit penser qu’il était nerveux. Si c’était le cas, pourquoi ? Avait-il peur de quelque chose en particulier ? Je ne comprenais pas… Je n’eus cependant pas vraiment le temps d’y réfléchir puisque la porte s’ouvrit sur mon père de cœur qui me parut comme soulagé. A quoi avait-il bien pu penser ? JE n’en avais malheureusement aucune idée… Du coup, j’entrai simplement lorsqu’il m’invita :

- Entre, je suis vraiment content de te voir...

Content de me voir ? Encore une fois, je ne savais pas du tout quoi penser. D’ailleurs, pour ne pas me faire des films qui pouvaient être totalement erronés, je regardai autour de moi. La première chose que je pus dire de cette chambre était immense ! Avec trois portes au total, dont une qui était son entrée, je me fis la réflexion que cela aurait pu être un trois pièces totalement ordinaire. Les meubles semblaient prendre à la fois beaucoup de place par leur taille, mais très peu tant la pièce me paraissait plus grande qu’elle n’en avait l’air. En tous les cas, je m’y sentais totalement perdu. Je ne savais pas si c’était la taille, le fait qu’elle ne ressemble en rien à l’homme que je connaissais, ou les deux qui me donnait l’impression d’être totalement paumé.
Après un moment de silence pendant lequel j’avais tenté de me repérer, je me tournai vers mon père de cœur pour lui tendre son portable :

- Merci, désolé si j’ai été long…

Par la suite je ne sus pas vraiment où me mettre ou quoi dire. Il était évident que je n’étais pas le seul à être mal à l’aise, à se sentir totalement hors des lieux où il était à l’aise. A cause de ça, je ne savais pas trop, encore moins en fait, si je pouvais lui imposer mon fardeau. Je n’étais pas le seul à souffrir ! Du coup, je décidai d’échanger les rôles et lui demandai sans le regarder réellement :

- Ça va ?

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Partie 2

- Il n'y a pas de mal, voyons. Emprunte-le aussi souvent que nécessaire. Tu sais... Je suis content que tu aies des amis à qui parler.

Des amis… Etait-ce réellement ça ? Je n’en savais rien à vrai dire. J’aimais énormément Noa, plus que Yumiko et bien différemment aussi. Etait-ce un ami ? Oui ! Que pouvait-il être d’autre sinon ? Je ne savais pas… Pourtant, quelque chose tentait de remuer en moi lorsque je pensais à lui. Qu’est-ce que cela pouvait-être… ? Non, impossible ! Yumi avait été une fille alors que Noa était un garçon ! Comment pouvais-je ressentir ça comme ça ?!
Comme pour tenter d’oublier mes questions, mes doutes, mais aussi pour m’intéresser à Archie que je n’oubliais pas, je lui demandai comment il allait. Ce à quoi il répondit :

- Oui, oui... Ça fait juste tellement étrange de revenir ici... Très étrange. Mais ça va, c'est quand même un lieu familier pour moi. Et toi ? Ça va aller tu es sûr ? Je suis désolé pour papa... Il est... enfin... Ma mère a déjà tout expliqué. Si quelque chose te tracasse ou te rends mal à l'aise ici, tu me le dirais, hein ? Je veux que tu sois bien ici.

C’était toujours la même chose : lorsque je tentais de faire un geste pour lui il me donnait l’impression de reculer pour retourner les choses vers moi. Pourquoi ? Avais-je si mauvaise mine ? L’inquiétai-je à ce point ? J’espérais que non… D’ailleurs, pourquoi me sentais-je autant déchiré lorsque je ne pouvais pas venir en aide aux autres ? Pourquoi avais-je cette impression qu’il me fallait être utile ? Je n’en avais aucune idée et ça me mettait les nerfs en pelote !
Concernant son père, je voulais suivre le conseil de Noa et voir avec le temps ce qui allait se passer. Ce que j’en avais entendu et vu n’allait pas m’aider à prendre patience, mais je voulais tenter le coup pour Archie et les gosses. Il me semblait qu’on m’avait dit que Nora aurait voulu d’autres enfants et je souhaitais rendre ce rêve réalité. Le seul élément qui me retenait était bel et bien le caractère du patriarche.

- Archie, j’accomplirais ma mission avant de partir. Nous leur avons promis une maison et des parents et je ne compte pas partir sans avoir tenu parole. Pour ton père, je verrais bien dans les prochains jours. J’ose simplement espérer qu’il ne me poussera pas à bout car, comme je l’ai dit, je protégerais bec et ongle les personnes qui me sont chères. Et tu en fais partie ! Je ne le laisserais pas te maltraiter moralement, qu’il soit ton père ou non !

Je parlais avec mon cœur plus qu’avec ma tête. Ce combat allait être très difficile s’il ne venait pas à m’être fatal. Au fond, je priais pour que tout se passe au mieux et que Noa avait raison en disant que la première impression pouvait être trompeuse… bien que les mauvaises étaient souvent les vraies.

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Partie 2

Prononçant mon surnom avec ce que je considérais comme de l’agacement tendre, Archie me prit dans ses bras. Je n’avais pas l’habitude de ce genre de contact et j’en fus surpris. Je me détendis cependant assez rapidement alors que la présence de mon père de cœur m’enveloppait. J’en attrapai même son haut dans mes poings tout en cachant mon visage dans son épaule. Il en profita pour me remercier et déclarer qu’il pensait la même chose me concernant, qu’il voulait me rendre heureux. Ce mot… il me semblait en avoir perdu la signification depuis longtemps, mais je n’ignorais pas certains moments qui me semblaient si différents du reste de ma vie. Etait-ce cela ? Ou étais-je à côté de la plaque ?
Après un instant dans ses bras, je sentis qu’il me lâchait. Je me détachai donc de lui sans avoir la possibilité de sourire. Comment faisait-on ? Pourquoi n’y parvenais-je pas ? Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ?! J’eus peur qu’Archie le prenne mal quand il me tourna le dos pour se diriger vers son manteau accroché. Heureusement, il ne tarda pas à me refaire face en me tendant un paquet. Pendant un instant, mon regard ne cessa de passer de l’un à l’autre alors que mon cerveau tentait de comprendre ce qu’il se passait. Je m’arrêtai au moment où il fallut que j’écoute mon père de cœur :

- Yasushi... Tu te souviens du barbecue en Nouvelle-Calédonie ? Je sais que c'est un drôle de moment pour te l'offrir, mais je voulais que tu aies ceci. Prends ça comme un cadeau d'anniversaire en retard. Il y a aussi une petite surprise à l'intérieur...

Légèrement tremblant, je pris le paquet avant de m’assoir sur le lit pour l’ouvrir. Je me rappelais assez bien de la Nouvelle-Calédonie et de la discussion par rapport à mon anniversaire. Pourtant, je ne savais pas réellement trouver en déballant la boîte. Un sourire aussi instinctif que petit, je découvris ce que je n’avais pas pu avoir lors de la loterie : un lecteur MP3 avec des écouteurs. Il me manquait plus qu’à trouver un moyen de me trouver et mettre des musiques que j’appréciais. Je pensais alors à Noa et ses musiques qui m’avaient grandement apaisé lorsque nous avions dormi à l’hôtel. Il allait falloir que je lui demande.
Par la suite, je pus découvrir un cadre et un médaillon. Posant le second sur mes genoux, je tournai le premier pour découvrir un visage familier avec un nom et des kanji. Pourquoi m’était-il aussi familier ? Je me mis à le regarder pendant un bon moment avant que je ne me mette à réaliser lentement. Quand je fus enfin conscient de reconnaître le visage de ma mère, souriant et non tordu par la peur et la douleur, je sentis des larmes monter. Il ne me fallut pas longtemps pour éclater en sanglot en tenant le cadre photo contre moi. Après tout ce temps je pouvais enfin me rappeler ce visage que j’avais oublié pendant trop longtemps.

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Partie 2

Je ressentais comme un trou béant dans ma poitrine, au niveau de mon cœur, comme si ce dernier m’avait été arraché. Encore une fois, je ne pus m’empêcher de maudire silencieusement mon géniteur pour ce qu’il avait fait. Je le détestais. Non ! Je le haïssais ! Il m’avait pris la personne qui ne pourrait jamais être remplacée, surtout après toutes ces années. Archie avait, heureusement, réussi à me montrer le rôle que devait avoir un père auprès d’un enfant. D’ailleurs, il vint s’assoir près de moi et entourant mes épaules de ses bras. Ayant une parfaite confiance en Archie et parce que je n’étais pas vraiment en état de ressentir une quelconque surprise, je me laissai faire, allant même jusqu’à cacher mon visage sans son épaule. C’est ainsi que je laissai ma peine me noyer.
Après quelques minutes, je parvins enfin à me calmer, essayant mes larmes en me détachant de mon père de cœur que je remerciai d’une voix légèrement tremblante. Puis, gardant le cadre contre moi, je me mis à regarder le collier sous toutes ses coutures. Je pus ainsi découvrir qu’il s’ouvrait et qu’à l’intérieur se trouvait une autre photo, plus petite, de ma mère. Archie me fit savoir que le bijou était en or et que je pouvais mettre une seconde photo dans le médaillon.

Suite à cela, nous avions discuté un peu de la Nouvelle Calédonie et autres avec Archie pendant quelques temps. Nous fûmes cependant arrêtés par une personne qui toquai à la porte avant d’annoncer que le dîner était prêt. Ce n’était pas Nora, cela je pouvais l’assurer ! Une servante ? Encore ?! Peu enclin à vivre comme si on dictait ma vie, je regardai mon père de cœur en faisant une moue. Je lui demandai cependant si avant de descendre il pouvait attacher le médaillon autour de mon cou. Lorsque ce fut fait, nous allâmes rejoindre ses parents dans la salle à manger. Le père semblait toujours de mauvaise humeur, ce qui rendait l’ambiance hyper lourde. En plus de cela, cette maison semblait être tellement vue en grand que je me retrouvai en face à Archie qui était lui-même coincé entre ses parents, la place du chef était prise par le patriarche.

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Partie 2

Une fois que nous fûmes assis à table, on nous servit des plats. Je ne connaissais le nom d’aucun d’entre eux. Beaucoup semblaient assez… normaux, voire appétissants, sauf un : une sorte de boule garnie d’un œuf assez petit lui-même entouré d’une garniture pour le moins odorante et peu appétissante. Je n’étais pas difficile, mais j’avais assez donné avec la nourriture dans les poubelles ! Je n’avais rien contre Nora, mais même Archie semblait pâlir devant une telle chose. C’était loin d’être le cas du patriarche qui me paraissait ravi de voir ce plat. D’ailleurs, je remarquai que personne ne touchait son assiette malgré qu’on soit tous là. Qu’est-ce qu’on attendait au juste ? Je ne comprenais pas très bien mais, par politesse, je fis de même en regardant mon père de cœur avec interrogation. Je fus cependant interpellé par le maître de maison qui demanda :

- Et si notre distingué invité disait le bénédicité ?

Bénédi… Bédén… Béné-quoi ?! Qu’est-ce que c’était que ça encore ?! Je ne comprenais pas du tout où il voulait en venir ! Et encore, s’il n’y avait eu que cela, j’aurais pu passer au-dessus, malheureusement il était un simple mot prononcé avec tant d’ironie que cela m’horripila. J’en fronçai donc les sourcils pour regarder l’homme de travers. Puis, d’une voix froide et pleine de menaces, je lui répondis :

- Ne me cherchez pas trop. J’ai beau respecter Archie et votre femme, il n’en est pas de même pour vous bien que j’ai décidé de vous laisser une chance. Vous avez beau être le maître de cette maison, je suis le seul qui pourra vous accorder le droit d’avoir des gosses ou pas.

J’espérais que cela suffirait à le calmer. Je me sentais sur le point de craquer, mais je faisais tout pour rester calme. Par respect comme par prudence. J’étais cependant sur le fil du rasoir. Je ne savais pas moi-même de quoi j’allais être capable s’il venait à me pousser à bout. Il ne savait rien de moi et me juger à partir des infos pour ensuite prétendre être le chef… rien que ça me donnait envie de lui fracasser la gueule !

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Partie 2

Le père d’Archie ne semblait pas au courant de la raison principale de notre venue ici contrairement à sa mère. Je le vis par son haussement de sourcil et le reste de sa réaction :

- Pardon ?

- Chéri allons...

Malgré mes dires, j’avais peur que les quatre gamins restants soient encore et toujours sans famille. Mais, d’un autre côté, je refusais qu’ils se retrouvent avec un être détestable comme me montrait l’être le patriarche. Je tentai cependant de me détacher de cela en me rappelant les paroles de Noa entre autres. Ainsi, je portai un regard à la matriarche qui me sourit avant de joindre les mains en fermant les yeux pour déclarer :

- Merci Seigneur Dieu pour le repas que nous allons prendre. Nous te remercions pour tes bénédictions et tous tes bienfaits, viens en aide aux personnes qui souffrent, montre-leur la bonté dont tu as fait preuve envers nous. Je te prie de bénir cette nourriture...

- Amen !

Je ne comprenais pas ce que cela signifiait. En plus de cela, je ne croyais pas en un pseudo Dieu qui viendrait nous aider, sinon pourquoi aurions-nous vécu autant de souffrance ? Ce n’était pas lui qui avait mis une fin à la vie clandestine dans la rue, mais bien Archie après m’avoir sauvé la vie. Par contre, le regard de ce dernier était très explicite. Il voulait que je me calme… Mais comment voulait-il que je le fasse avec un con qui me cherchait ?! Je ne lui répondis donc rien, me contentant de manger lentement la soupe en ignorant royalement le plat que l’homme complimenta :

- ...Toujours aussi délicieux ton Haggis, chérie.

- Ahem... Yasushi est venu ici pour nous faire une offre...

- Tiens donc ?

- Il y a des enfants présentement sans famille et il pense qu'ils pourraient avoir une place ici.

A ces mots, j’entendis le bruit d’un couvert qui tombait sur le bois de la table en tintant. Certainement l’avait-il laissé tomber par surprise. Cela ne m’étonnait nullement et je n’avais pas l’intention de le plaindre. Mais encore moins quand il répondit :

- Attends, c'est pas une offre, mais une demande ! Est-ce qu'on a l'air d'un organisme de charité ?

- Papa ! Ils ne viennent pas ici pour l'argent. Ils n'ont jamais eu de famille... Ils ne demandent qu'à avoir des parents qui les aimeront.

Archie avait beau avoir pris notre défense, je posai la cuillère, cessant ainsi de manger pour regarder cet… abruti droit dans les yeux. Il commençait à me taper sur le système ! Je ne dis cependant rien, cherchant à voir avec espoir la situation s’améliorer. Je ne voulais pas mettre Archie plus dans l’embarras qu’il ne l’était déjà alors même que cette situation devenait intenable pour moi.

- Nous avons toujours voulu avoir plus d'enfants... Ne serait-ce pas une occasion idéale.

- J'y réfléchirai... Combien sont-ils au juste ? D'où viennent-ils ? Que faites-vous dans la vie de mon fils si ce n'est pas pour en retirer quelconque faveur ? Je doute que ce collier soit dans ses moyens.

Ne supportant plus tout ça, je me levai brusquement. Regardant avec fureur le père en le dominant de ma hauteur, je déclarai avec une froideur à laquelle je n’avais encore jamais eu recours :

- Monsieur, vous êtes un imbécile ! Vous aurez beau prétendre le contraire, mais il n’y a que les imbéciles pour juger les gens sans les connaître. J’espère que votre femme saura vous pardonner le fait que vous la privez d’enfants supplémentaires. Quant à moi, je comprends mieux pourquoi Archie souffre !

Sur ces mots, je sortis de la pièce en marchant avant de quitter la maison et me réfugier quelque part sur le domaine. J’avais trouvé un arbre et m’étais assis à son pied en serrant dans mon point le collier que mon père de cœur m’avait offert. Et, lorsque je fus installé, je me mis à regarder la photo de ma mère en lui demandant silencieusement si j’avais bien agis tout en sachant pertinemment que j’aurais dû partir sans rien dire. J’avais mal et j’espérais ne pas faire plus de mal à cette famille déjà bien déchirée.
Après un moment, je sentis le froid mordant du soir souffler sur mon visage et mes mains. Je n’avais pas mis mon manteau, encore une fois. En pensant aux inquiétudes d’Archie à ce propos, je me recroquevillai sur moi-même en protégeant mes mains dans mes manches ainsi qu’entre mes cuisses et mon ventre.

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