A toi toute seule tu peux faire la belle et la bête (Maïa)

Quoi de mieux pour s'entraîner dehors qu'une froide journée d'hiver ? C'est vrai, il n'y presque personne et comme je ne porte qu'un simple débardeur et un jogging je peux même me la péter un peu en montrant que oui je suis un bonhomme et que non je ne crains pas le froid. Enfin si, comme tout le monde mais de un je suis pas frileux, de deux je fais du sport et de trois j'ai pas besoin de me justifier. Du coup je suis là, à tenter de perfectionner mon pouvoir. A vrai dire je voulais augmenter sa rapidité pour qu'il soit plus utile en cas d'urgence. Parce que cicatriser très vite c'est pratique mais si je pouvais l'utiliser pour d'autres choses, comme mon combat contre Noa m'a permis de tester, ce serait encore mieux.

Je suis sur le terrain depuis plus de 40 minutes, à essayer de créer de la chair sur le bout de mes mains puis à la détruire et cela le plus vite possible. Pour corser le tout je fais un peu de course sur place et en plus ça me réchauffe. Et bien laissez moi vous dire que je suis crevé. J'ai le souffle court, la vision qui s'embrume par moment et même un début de nausée. Alors que la douleur continu me donne l'impression qu'on m'arrache les phalanges une par une, je m'écroule à genoux prit par une quinte de toux. J'étouffe, je n'arrive pas à reprendre mon souffle. Je m'allonge sur le dos pour libérer au maximum ma cage thoracique, aspirant l'air par grande coulée comme un droguée alors que ma gorge brulée continu de m'emmerder. Et vous savez ce qui me déprime le plus ? Depuis le début je n'ai pas progressé d'un pouce. Au contraire même, la fatigue m'a fait perdre en efficacité.

Je suis misérable et ridicule. Ma toux se calme, se contentant d'interrompre mon rire saccadé tandis que je me fout de ma propre gueule. Heureusement qu'il n'y a personne. Enfin presque personne, mais au moins le nombre de personne m'ayant vu dans un état de faiblesse est bas. J'aurais moins de gens à tuer du coup.

Je me redresse, marche jusqu'au bord du terrain d'entrainement et je vais m'adosser contre un arbre. Je regarde le ciel gris s'étendre au delà de l'horizon. Je me demande ce qu'il y a là bas, un jour j'irais là bas. Oh putain ça me donne envie de fredonner du Jean-Jacques (Goldman). Mais non, je ne connais déjà pas tant de monde que ça dans l'académie alors on va éviter de les faire partir. T'es une merde Achille, t'es dans une école avec que des gens comme toi et t'es pas foutue de te sociabiliser correctement. Ni d'être un des meilleurs non plus. P'tit con. Tiens regarde cette fille là bas, je sais pas ce qu'elle fout dans le froid mais je suis sur qu'elle vaut dix fois mieux que toi ... elle a l'air sympa en tout cas. Je lève la main pour me faire remarquer.

"-Tu penses pas qu'il fait trop froid pour trainer dehors ? dis-je suffisamment fort pour qu'elle m'entende. Bon et vu que je parle fort je peux pas rigoler en disant cette phrase sinon ça donnerait un truc du genre "HAHAHAHAHAHAHA NIARK HAHAHAA GLA GLA HAHAHA" du coup non. Mais sinon j'aurais ri.

Bon à première vue c'est pas autant une dingue que certains cas de l'école. Je ne saurais déterminer si c'est un bien ou mal parce que certains sont quand même dur à suivre mais en même temps c'est rigolo.
Toujours est-il qu'elle m'a répondu ce qui justifie amplement que je continue la discussion. Donc je me lève et m'approche d'elle. Le fin tapis de neige crisse sous mes fabuleuses baskets usées et grises. Une fois proche d'elle ce que je pensais se confirme : Je ne l'ai jamais vue avant, je me serais souvenu de sa peau blanche comme la neige et de ses cheveux noirs comme l'ébène. Il manque plus que les lèvres rouges sang et tu avais le CV parfait pour bouffer des pommes.

"-Est ce que par hasard tu es nouvelle ici ?"

Et là si elle me dit non je suis niqué. Mais je suis certain que non, j'ai déjà noté toutes les jolies filles de l'académie dans ma tête. Et ça c'est typiquement le genre de truc que tout les gars font donc ne me jugez pas. Vous connaissez mon nom, pas ma vie (en fait si mais le 4ème mur me dit que non) ! Avant qu'elle puisse me répondre je m'exclame :

"-Nan attends ne réponds pas, laisse moi deviner."

La dessus je prends une pose pensive, le regard tourné vers le haut à droite, le pouce contre ma bouche et les jambes légèrement penchées vers l'arrière. Je prends la voix cliché du flic dans les films au moment il explique comment Mme Rose à tué le jardinier dans la véranda avec sa prothèse de hanche. Enfin, j'essaye plutôt, parce que avec ma voix à la Joe Cocker c'est pas facile quand même.

"-Je dirais que tu es arrivée hier, que tu t'appelles Daisy et que tu as des origines sino-américaines. Et tu contrôles la neige ou un truc en lien avec le froid."

Je la regarde dans les yeux d'un air amusé.

"-J'ai bon ?"

Bon elle a carrément pas une tête à s’appeler Daisy mais est ce que ça existe vraiment une tête pour un tel prénom ? Je ferais bien semblant de fumer une pipe invisible et de cracher la fumée. En plus il fait suffisamment froid pour que souffle soit comme un léger brouillard qui se disperse du coup ce serait trop deep. Mais non j'ai encore de l'amour propre donc je ferais le con quand je la connaitrais mieux.

Désolé chérie mais vois-tu, après cette séance d'entrainement mon pouvoir n'est plus à sa potentiel maximum. Je sens bien que tu voudrais utiliser le tien pour te venger (franchement juste parce que j'ai dis que tu t’appelais Daisy, tu serais pas un peu colérique toi ?) sauf que non. Tu as beau être une femme je ne compte pas me retenir ou partir avec un handicap.

"-Je veux bien t'accorder ça à une seule condition."

Bah ouais, je pose des conditions et puis basta.

"-Et cette condition est simple, on n'utilise pas de pouvoir."

Le mien étant presque à sec il me semble normal de poser les bases. Et depuis un certain incident impliquant deux élèves que je ne citerais pas, il est très déconseillé de se battre en utilisant les pouvoirs car les "autorités" sont devenues un peu tatillonne sur le sujet. En soit je m'en bats les noix, mais ça me donne une justification de plus donc pourquoi s'en priver ?

"-Ça peut te paraitre con mais il existe des gens capables d'annuler nos pouvoirs, donc autant savoir se débrouiller sans aussi, tu ne crois pas ?"

Et boom, argument is in da place ! En plus celui là il est complétement vrai et justifié. J'ai entendu dire qu'il y a un prof dans l'école qui est capable de le faire. Rien que d'imaginer cela, brrrr j'en ai froid dans le dos.

Bon j'espère sincèrement qu'elle va dire que finalement non elle ne veux plus me "botter le cul" sauf en tenue de cuir et avec des menottes et un martinet (pas l'oiseau, qu'on soit bien clair). Enfin, vu le sourire crispé qu'elle arbore pour essayer de paraitre sympathique, je crois qu'elle a plus envie de m'écorcher vif.

"-C'est plus jolie que Daisy, moi c'est Achille."

C'est dommage j'y étais presque. Bon à part ça c'est qu'elle y tiens à comparer la taille de nos pouvoirs et apparemment toute sa puissance doit se baser dessus vu son refus d'un combat simple. Mais bon je ne crains que deux choses, les erreurs et les SSJ.

"-Oui on va le faire, ne t'inquiète pas pour ça."

Bon ok j'ai prit un ton partiellement condescendant mais j'ai le droit, je suis son prof provisoire après tout et OH PUTAIN !! Quelle montée en grade de dingue, je crois que je suis pas prêt ! Nan je déconne suis prêt depuis que je suis né. Bon par contre j'ai jamais donné d'entrainement à quelqu'un et j'en ai suivit que très peu (à part mes entrainements en solo mais ça voila hein).

"-Un entrainement coopératif au corps à corps, comme c'est joliment dit."

Bon, maintenant comment je fais ? Parce que là c'est le moment de me la péter plus qu'un peu mais en même temps je ne connais aucun mouvement tiré d'un art martial et je me vois mal en inventer un sur l'instant. Et pour ce qui est de l'entrainement physique à proprement parler je n'ai rien à lui apporter qu'elle ne sait probablement déjà. Non je ne peux clairement pas lui apporter de technique ni de force. Alors quoi ? Elle me regarde pendant que je pense. Bah ouais le temps passe aussi quand je réfléchis.

"-Si tu as besoin de t'échauffer n'hésite pas, je suis en train de réfléchir à la meilleur façon de t'entrainer."

Je retourne dans ma tête, occultant au passage sa réponse si il y en a une. Elle a clairement avoué qu'elle était débutante en combat au corps à corps. Je ne suis pas encore un expert mais bon, j'ai peut-être une idée.

"-Je te propose un truc pour voir comment tu te débrouilles. Essaye de me mettre au sol, je riposterais pas."

Je me mets en position de combat, les jambes fléchies et les bras en garde au niveau du torse et de la tête (comme un boxeur quoi). Mon visage se fait sérieux et j'attends son premier mouvement avec une concentration dont je ne m'aurais pas cru capable il y a plusieurs mois. Mon pouvoir a beau ne pas évoluer, moi j'ai pas mal changé.

Bon, j'ai déjà eu l'occasion de briller par mes exploits mais apparemment aujourd'hui n'est pas un jour propice à mon succès. En tout cas ce n'est pas une faible fille comme les autres. Parfois je me demande, je suis le seul à être entré dans l'académie sans savoir se battre ? Non parce que là ça devient relou.
Mon avis c'est qu'apprendre le respect ça ne te ferais aucun mal ! Petite machin !

"-Mon avis c'est qu'on peut passer aux choses sérieuses. Par contre cette force c'est naturel chez toi ?"

En vrai je m'en fous de sa réponse, je me relève et enlève la neige qui reste collé à mes vêtements. Et non sa force n'est pas naturelle, je pèse l'équivalent d'une âne mort au cas où vous l'auriez zappé. Ça a forcement un lien avec son pouvoir. J'aurais aucune gêne alors, mes muscles sont certes en partie "illégaux" mais ma régénération automatique est ralentit donc au final nous sommes à égalité.

"-Je pense qu'on peut passer à autre chose qu'un simple entrainement."

Oui je suis semi vénère, mais en même temps j'aime bien l'autodérision sauf quand on frôle avec l'humiliation. Je me remets en position de combat, plus attentif que jamais. Tout les muscles de mon corps sont prêt. Si elle s'approche autant que la dernière fois, elle n'aura même pas le temps de dire "ouf" que mon paume (bah ouais je me vois mal lui mettre une vrai droite, imaginez elle tombe dans les pommes) viendra dans son plexus solaire. Et puis tant pis si les surveillants ont quelque chose à redire, certes je n'ai participé à aucun cours depuis le début de l'année mais c'est bien la seule marque de ma dissidence alors ils devraient pas être trop punitif (être bourré et/ou nu ne compte pas).

Haha haha haha, fais la maligne. Et puis tu feras gaffe, je crois que tu as un morceau de respect coincé entre les dents. Je te les arracherai bien mais j'ai assez peu envie de passer du temps dans ta bouche. Ta condescendance tu peux te la garder, sache Mademoiselle que j'en ai point besoin puisque j'ai pour moi la classe et la fierté. Et ça, je REFUSE que quelqu'un essaye de me la prendre. Je me relève en lui rendant son sourire, gardant ma fureur au plus profond de moi. La surprise n'en sera que plus grande.

Je pose ma main gauche sur son épaule droite et je lui dis en rigolant :

"- Tu ferais mieux d'écouter les consignes."

Je plonge mon regard dans le sien. Si elle était télépathe elle pourrait sûrement élargir de beaucoup son vocabulaire insultant.

"- J'ai dis qu'on passait aux choses sérieuses."

Avant qu'elle ne puisse réagir j'envoie ma main libre droit contre sa tempe. Une fois, ce qui la déstabilise et une deuxième fois. On dit jamais deux sans trois mais voyez vous mon but n'est pas (encore) de la tuer. Et peu importe si elle est plus résistante que la moyenne, je vous rappelle que je frappe plus fort que cette même moyenne. Et deux coup dans la tempe soit tu es assumé soit tu n'es plus en état de te défendre.

"- Première leçon du jour, contre un adversaire tu ne fais pas des claquettes. Si j'avais voulu te tuer ce serait fait."

Elle s'est écroulé sous la puissance des chocs. Cette fois mon visage adopte une forme beaucoup plus colérique.

"-La leçon est terminé."

Je m'éloigne tout en restant attentif au moindre de ses mouvements, des fois qu'elle se relève.