Et une pelle pour dire bonjour ? [Edwin]

Si on me demandait de faire une remarque sur ma nouvelle vie, depuis que je suis ici dans cette Académie, c’est que rien n’a changé. Il ne s’agit là que d’une fausse belle image que l’on donne lorsque notre vie change du jour au lendemain alors que notre esprit reste le même et s’adapte à la situation. Je me disais que je pourrais peut-être changer. Je me disais que ma vie d’avant n’avait plus aucune importance. Je me disais qu’il était temps d’arrêter de voler. Et je ne me disais que de belles conneries sans aucune importance.

Pour arriver jusqu’ici, j’ai dû voler plus que je ne l’avais jamais fait. Du passeport à l’argent, de la bouffe aux gadgets inutiles pour passer le temps. C’était la 1ère fois que je me sentais… au-dessus des autres. L’argent n’était plus un problème, seulement je n’avais jamais été autant sur mes gardes, à force de me balader j’avais pu voir que je n’étais pas le seul à non pas à voler, mais à abuser de certaines choses tel que les pouvoirs. Sur le coup, j’étais juste intrigué par le fait que tant que personne ne remarquerais nos actions, personne ne nous en tiendrais rigueur. C’était comme un jeu pour beaucoup, celui qui ferait le plus grand tour sans que personnes ne s’en aperçoivent. Et donc comme à mon habitude je traînais dans ces quartiers animés là où les jeux de la faim se déroulaient.

Cette fois je n’étais pas venu les mains vides, enfin si l’on ne compte pas mon couteau et mon briquet. J’avais une bonne partie de l’argent amassée jusque-là sur moi, ce soir je voulais me faire plaisir, je ne suis pas un monstre après tout. J’avançais dans ces rues qui me paraissaient toutes plus étroites les unes que les autres avec un regard observateur sur ces différents bars qui influençaient à eux seules l’ambiance de tout un quartier. Je m’arrêtai net sur l’un de ces bars qui attira mon attention comme si l’on empoignait mon col avec violence. J’avais un bon pressentiment, cela me rappelait l’un de ses nombreux lieux que je fréquentais dans les bas-fonds des ruelles.

Je n’observais plus vraiment les lieux, j’étais concentré sur tout ce que je pouvais payer, parce qu’après tout,  je n’étais qu’un voleur dépensier qui n’avait que faire des économies et alors même que je m’approchais du bar, une inconnue se jetait sur moi, m’enlaçant avec une forte étreinte me rappelant ces stupides câlins que faisait la plupart des gens après avoir rapporté une certaine somme d’argent pour eux.

« Oh bébé ! Tu as été tellement long je m’ennuyais de toi… »

...

Je mis plusieurs secondes avant de comprendre ce qui arrivait. Ce n’était pas si fréquent pourtant à l’époque ce genre de situation, mais les temps changent et les mentalités également alors malgré moi, je me fis emporter dans cette histoire D'abord je n'avais aucune raison d'aider cette meuf, chacun sa merde. Seulement l'autre abruti me regardait d'un air rébarbatif, il n'avait pas l'air de croire ce que sa proie daignait exprimer, il était bourré ? La situation finit par devenir tellement gênante que je me suis mis à simplement dire au mec d’aller se rasseoir et de reprendre un verre. Seulement, buté qu’il était, il ne bougeait pas le moins du monde.

Il me regardait d’un air abruti, il n’avait pas compris, il voulait quoi ? Sa tête commençait vraiment à m’énerver.  Si je m’emportais dans ce quartier ça me poserait pas mal de problèmes et puis vu la force de cette fille si elle le voulait elle l’aurait déjà dégagé. Alors je pris cette fille contre moi et je l’embrassa, enfin non, c’était plus du roulage de pelle dégueu pour lui montrer qu’il n’était pas la bienvenue, alors que je regrettais mon acte, ça ne s’était pas si mal présenté que ça. Il recula et parti. Je relâchais cette fille puis en souriant par la situation, j’acquiesçais d’un petit :

« Tu embrasses plutôt bien les inconnus pour m’avoir fait ça ... »  

On dirait même que j’avais profité de la situation. Était-ce vrai ? Peut-être bien. On va dire que si elle devait me remercier, ce ne serait plus nécessaire…

Il s’était enfin cassé. Je le regardais partir l’air bredouille sortant du bâtiment tout en zigzagant et en poussant les obstacles sur son chemin (Il devait sûrement être en train de grogner, je crois), sans le quitter du regard histoire d’être bien sûr. Bien sûr, qu’il ne se rende pas compte qu’on lui a volé son portefeuille… Bref, revenons à notre pognon. Après ce « baiser »  elle me regardait en souriant. Eh merde, ça lui a quand même pas plus, Si ? Je la regardais fixement à mon tour, elle avait les cheveux… roux et des yeux… bleu quelque chose (Merde le vieux, quitte à vouloir s’occuper de mon éducation tu ne voulais pas au moins m’apprendre les couleurs ?). J’arrête avec le visage, je suis juste en train de m’embrouiller l’esprit là. Elle n’était pas habillé chaudement, c’est l’été tu me diras, cherchait-elle à montrer ses atouts ? Qui sait ?

M’enfin, la vraie problématique était la suivante, on fait quoi maintenant ? Malgré moi, je suis son sauveur alors peut-être sûrement qu’elle voudrait m’inviter ? Ou alors elle pourrait très bien partir et je serais de nouveau seul, ce qui n’est pas un mal en soit.

« Je t’ai fait ça ? » elle rit « Tu ne t’es pas débattu et tu as pris ce baiser. »

Eh mais c’est qu’elle a du répondant cette fille, on pourrait peut-être passer un bon moment ensemble ? Calme-toi abruti. Je vais pas l’inviter quand même ! D’ailleurs, pendant que je songe à tout ça, elle a vraiment l’air d’avoir un tic avec ses cheveux, ou c’est moi ? Enfin… Capillairement parlant, je ferais mieux de me coucher avec ma touffe explosive.

« Je t’offre un verre pour te remercier de ton aide surprise ? »

L’entendre dire ça me fit sourire, ça doit bien faire 5 bonnes années qu’on me l’avait pas proposé tien. Bon allez, peut-être bien que je pouvais lui offrir un verre plutôt ce n’est pas comme si j’avais 2 portefeuilles dans les po poches. Alors, je montrais à cette fille le résultat de notre petite mésaventure, tout en souriant d’un air serein.

« Je peux faire mieux que ça si tu le souhaites » lui dis-je tout en montrant le portefeuille de notre perturbateur. « Un petit verre, belle inconnue ? »

Alors là, je prends un risque soit : Elle me frappe et me traite d’enfoiré, ce qui n’est pas forcément faux... ou alors elle est enchantée et on se fait plaisir tous les deux. Je crois que je passe le début de soirée le plus poignant historiquement de toute ma putain de vie.

Eh bien, quelle situation. Elle était vraiment amusée par tout ce que je faisais. Croyait-t-elle que je lui faisais des avances ? Une femme facile ? Nan. Ne partons pas de ce principe-là. Elle m’invitait à me poser avec le portefeuille que j’avais volé. Elle avait raison, il était temps de passer aux choses sérieuses ! ON VA SE BOURRER LA GUEULE ! Tiens, ça faisait longtemps que j’avais pas gueulé dans ma tête.

« Eh bien ! Tu as de multiples talents cachés on dirait… Dois-je craindre que tu me voles des choses précieuses ? »

Je souris, amusé par la situation, on avait l’air de penser aux mêmes choses. Mais je devais au moins lui faire comprendre que je n’étais pas un danger potentiel pour elle. Enfin… tout dépendait de ce qu’elle faisait, si elle cherchait des crasses, je répliquerais.

« Ne t’en fais pas, belle princesse. Je ne saurais être un danger pour une femme joueuse telle que vous ! »

Sur ce coup j’avais moi-même du mal avec ce que je venais de dire. C’était vraiment la soirée où j’allais me faire plaisir et faire ce que je voulais. Elle m’indiqua de venir m’assoir avec elle, très bien. On se posa tranquillement et elle engagea la conversation.

« Au fait ! Moi c’est Maely. Et toi quel est ton nom roi des voleurs ? »

Son nom collait plutôt bien à son visage pour être honnête, mais ce n'était pas ce que j'avais le plus retenu dans ses paroles. Un jour, le roi des voleurs ce sera moi ! C’est vrai que nous n’avions même pas fait connaissance. C’était une pelle pour dire bonjour, je présume. Je crois que nous allions jouer au roi et à la reine ensemble et profiter de notre richesse royale. J’étais vraiment chaud ce soir au niveau des métaphores, plus qu’à apprendre à écrire et je devais le mec parfait !

« Je me nomme Edwin, mais vous pouvez m’appeler ‘Dwin, chère princesse joueuse. Que nous conseillerez-vous qui serait digne de nos palais ? »

C’est vrai que je n’étais jamais venu ici. Ni même dans aucuns bars de Thouhills d’ailleurs. Je me ferais conseiller volontiers, en espérant qu’elle connaisse bien les lieux. Plus la conversation continuait, plus j’en attendais d’elle. Allait-elle me faire passer une bonne soirée ?

J’avais bien raison ! Elle s’y connaissait vachement en alcool ! J’ai tiré le gros lot ! Je dirais même les deux gros lots ! Enfin, je m’égare. Elle était vraiment souriante est charmante et c’était pas peu dire. J’en regrettais presque mon manque de vocabulaire pour décrire les divers charmes qu’elle possédait, que ce soit un tic mignon avec ses cheveux qui trahissait ses manières et ses talents de séductrices accentué par ses formes charmeuses qu’elle mettait en valeur. C’était presque à croire qu’elle attendait qu’un mec comme moi arrive comme par magie dans ce bar. Ou alors ce n’était qu’une chauffeuse de salle ? Elle n’en avait pas l’air vu la tournure des évènements.  Comme quoi même un mec comme moi peut faire de bonnes rencontres de temps en temps.  

C’est sur ces pensées profondes sur les charmes de la Princesse joueuse que cette dernière se mit à encore y enfoncer un clou, là où ça faisait mal. Elle savait vraiment y faire ! Elle se rapprochait de moi et ses positions tendancieuses faisaient d’elle une bombe à l’état pure. C’était décidé : J’allais me défoncer la gueule ce soir.


Je me rapprochai à mon tour de mon interlocutrice pour lui chuchoter de quoi remettre les pendules à l’heure parce que, moi aussi, je savais jouer.

« Tout doux Princesse, tu ne veux pas  profité de ma compagnie un peu plus longtemps ? Car il s’agit bien de mon intention. A moins que tu n’aies peur qu’il nous arrive malheur pour avoir pêché… »

Je me remis à ma place, bien assis en face, la regardant dans les yeux d’un air séducteur, même si je n’étais pas aussi fort qu’elle à ce jeu-là, j’espérais bien la contenté du mieux que je pouvais.