Préparez-vous à frissonner, peu importe la raison ! △ Shiver

De manière très ironique, étant donné la vie qu'elle allait avoir, Shiver est née et a grandi dans une ville du nom de Normal, un municipalité adjacente à la ville de Bloomington, dans le compté de McLean, lui-même dans l'État américain de l'Illinois.

Les parents de la petite ont tôt fait de remarquer qu'il arrivait à leur bambin de fixer quelque chose dans leur direction, mais sans qu'il ne semble s'agir d'eux. Pour plaisanter, ils disaient donc qu'elle devait sûrement regarder des fantômes se balader. Ils ne savaient pas encore qu'il y avait une part de vérité dans leurs blagues. Heureusement, Shiver était tombée sur la bonne famille. Des parents travaillant dans le domaine artistique et plus que tout, ouverts d'esprits. C'est ainsi que la petite a grandi en apprenant à parler sans avoir peur de s'exprimer et vers l'âge préscolaire, lorsqu'elle parlait à ses parents des " trucs " qui volaient autour d'eux, ils ne prenaient pas ses propos pour de la simple imagination ou des mensonges en se disant que ça allait finir par passer, contrairement à ce que d'autres adultes pourraient dire.

En commençant l'école, Shiver a appris que ce qu'elle voyait, mais que les autres ne voyaient pas, c'était des lettres de l'alphabet. Encore à ce stades, certains parlaient d'imagination débordante, d'autres de mensonges, mais ce n'était pas bien grave, car ça ne nuisait pas en tant que tel à son développement ainsi qu'à ses relations avec les autres. Toutefois, c'est lorsqu'elle a appris à lire que les choses se sont corsées. Désormais capable de décoder la plupart des mots, elle énonçait certaines informations à voix haute sans prendre le temps de réfléchir. Vous vous doutez bien, si vous avec vu l'anime Kotoura, qu'un tel phénomène, au même titre que la télépathie, peut s'avérer être une vraie source de problèmes. Pour les autres, dites-vous que cela affecte les relations sociales non-seulement de la concernée vis à vis des autres, mais aussi pour les autres entre eux qui peuvent croire qu'un de leurs amis les a trahis et a révélé un de leurs secrets...

C'est en se faisant traiter de menteuse, de monstre et d'extraterrestre à plusieurs reprises par les autres élèves de sa classe que Shiver a compris pour la première fois que sa différence dont elle s'était peu souciée n'était pas appréciée par les autres, car les gens en général ont peur de ce qui est différent. Malheureusement, le mal était fait, la petite était désormais méprisée dans son milieu scolaire et il était trop tard pour revenir en arrière. Elle fut donc changée d'école l'année suivante et cette fois, elle avait compris qu'elle devait éviter de parler de ces informations qu'elle voyait flotter. Néanmoins, sa précédente expérience ne l'avait pas dégoûté de la différence qu'elle possédait, car elle a vite compris que cette chose qu'on lui reprochait de posséder était en fait un véritable avantage sur les autres. C'est d'ailleurs de cette façon qu'elle a réussi à se faire des amis dans sa nouvelle école : en parlant de sujets qu'elle croyait susceptibles de les intéresser, à partir de ce qu'elle avait lu au-dessus de leur tête.

Elle ne rencontra donc aucun autre incident similaire à ce qu'elle avait vécu au début de son primaire et la vie suivait son cours. De plus, ses capacités ne venaient en rien nuire à la relation qu'elle entretenait avec ses parents, son petit frère Lucas qui était venu rejoindre la famille, 3 ans après elle et sa petite sœur Nelly arrivée 2 ans après son frère. Bon, il leur arrivait d'êtres en désaccord et de se chamailler à l'occasion pour un rien, mais ce sont des choses qui arrivent dans toute bonne famille. Il semblait même que ce qu'elle appelait maintenant " don de voyance " pour rigoler aidait au maintient d'une bonne relation, car les autres savaient que s'ils lui cachaient des choses, elle pouvait finir par les apprendre involontairement, ce qui installait donc une confiance mutuelle entre les membres de la famille.

Les choses auraient pu rester ainsi pour toujours, mais la vie en décida autrement. Shiver était alors âgée de 12 ans. Alors que la famille était en route pour une fête de noël chez un oncle et une tante qui habitaient dans une autre ville, les choses changèrent du tout au tout. La neige qui tombait cette journée-là était poudreuse et le vent soufflait fort, la faisant tourbillonner dans l'air et nuisant à la visibilité. Même en allumant ses phares de campagne, il était difficile de voir au-delà de 8 mètres devant son véhicule. Malheureusement, lorsque le père de Shiver aperçu le gros Mac de 10 tonnes en sens inverse qui déviait de sa voie, il était déjà trop tard...

Elle se réveilla 4 jours plus tard à l'hôpital. Bilan de l'accident : sœur décédée sur le coup, père décédé lors de l'arrivée à l'hôpital, mère et frère reposant dans un état critique. Toute l'équipe médicale s'entendait pour dire que c'était tout de même un miracle qu'ils aient tous les trois survécu, étant donné ce qu'il restait de la voiture suite à l'impact et aux tonneaux qu'elle avait fait... La jeune fille dû faire son deuil pendant sa convalescence, passant chaque journée dans la chambre des deux membres de sa famille restante et espérant leur réveil... Un jour où, comme les précédents, elle était recroquevillée sur une chaise à guetter d'un œil devenu distrait n'importe quel signe pouvant annoncer le réveil prochain de son frère ou sa mère, elle vit les informations au-dessus de cette dernière disparaître lentement. N'ayant encore jamais vu ça, elle su que quelque chose n'allait pas et comme de fait, exactement comme dans les films, la machine à laquelle sa mère était reliée n'affiche plus qu'une ligne droite avec le son aigu en continue et des médecins arrivèrent dans la chambre moins d'une minute après. De soudaines complications médicales étaient la cause de ce nouveau décès, ce qui ne laissait plus que son frère à Shiver. Elle commençait même à croire qu'elle allait le perdre lui aussi, lorsqu'il finit par se réveiller.

Après cela, les deux survivants orphelins allèrent vivre chez leurs grands-parents maternels, eux aussi encore ébranlés par la tragédie. Le pire souvenir que Shiver avait gardé de tout ça, c'était de voir la vie de sa mère s'envoler sous ses yeux, surtout avec les siens. De voir pour la dernière fois des informations qui s'étaient évaporées dans les airs à jamais et elle se dit alors qu'elle ne voulait non seulement plus jamais voir quelqu'un mourrir devant elle, bien que cela soit impossible, mais en plus, qu'elle ne voulait plus jamais voir de renseignements disparaître de cette façon. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire, mais elle voulait faire quelque chose... Au moins pour ne pas être consciente de la mort de quelqu'un, si elle survenait à proximité d'elle, donc de pouvoir contrôler ces informations qu'elle voyait depuis toujours. Aussi, elle se faisait du souci pour son frère qui n'avait pas retrouvé l'appétit, même 5 mois après l'accident. Lorsqu'elle lui dit qu'elle s'inquiétait pour lui, elle fut surprise de constater que malgré son jeune âge, lui aussi se faisait du souci pour elle. Il lui dit qu'il s'ennuyait de la Shiver souriante et joyeuse d'avant, que ça le rendait encore plus triste de la voir comme elle était maintenant. La jeune fille demanda donc à son petit frère s'il ferait l'effort de manger, si elle, de son côté, elle se remettait à sourire en permanence.

C'est ainsi que la sœur et le frère passèrent un marché. Elle garderait le sourire et lui mangerait jusqu'à ce qu'il soit rassasié. Cet accord permit aux deux orphelins de retrouver leur joie de vivre en voyant mutuellement que l'état de l'autre semblait s'améliorer et la vie reprit son cours.

Presque 3 ans plus tard, une lettre arriva à la maison des grands-parents. Elle provenait d'une académie en Angleterre qui invitait Shiver à intégrer l'établissement en tant qu'élève. Malgré la vocation pour le moins spéciale de l'école, les grand-parents n'avaient pas de problème à laisser leur petite y aller, mais elle, elle hésitait. L'adolescente ne voulait pas laisser son frère seul, cependant ce dernier voulu qu'elle y aille et il insista là-dessus.


Shiver regarda la douane de l'aéroport. Cette barrière de fouille délimitait la zone de libre circulation de celle où seulement les voyageurs pouvaient aller. Après avoir fait un câlin à ses grand-parents et son frère, elle attrapa sa grosse valise dont le dessus en plastique avait un motif de galaxie, tout comme le sac à dos qu'elle avait sur les épaules, d'ailleurs, puis elle fit quelques pas vers la douane, avant d'être interpellée :

- Shiver.

Elle s'arrêta et se retourna vers son frère.

- S'il te plait, jure-moi que tu vas continuer de sourire, même si on est loin tous les deux.

À cette demande, le sourire de la jeune fille s'intensifia et elle répondit dans un hochement de tête :

- Je te le promets !