So here we are. [featuring Makumo ~]

Dès que mes doigts avaient effleuré et poussé cette première porte, je l’avais tout de suite compris : cette journée s’annonçait comme je les aime. Catastrophique. Premier jour au sein de l’académie, premiers ennuis. L’enceinte s’avérait bien plus imposante que je ne l’imaginais, et trouver l’Aile Nord s’était avéré être un exploit en soit. J’avançais, d’un pas assuré mais sans surprise lent, dans ces couloirs presque vides et qui m’étaient inconnus. Le talon de mes chaussures martelait le sol à mesure que j’avançais. Main gauche engouffrée dans la poche de mon pantalon de costume, main droite soutenant ma veste par le col, balancée par-dessus mon épaule, j’aurai bien détaché ma cravate si j’en avais une et que quelques boutons de ma chemise n’étaient pas déjà ouverts. Mon air détaché renforçant cette allure nonchalante, heureusement que j’étais en costume...  Ma chevelure, détachée, balayait l’air et le bas de mon dos, dégageant une odeur assez marquée. J’aimais abuser du parfum. Pourvu que le personnel n’y voit aucun souci, dès lors que je l’aurai trouvée, la salle des professeurs empestera le jasmin et la rose.

Ne pas trouver mon chemin de moi-même m’agaçait d’ores et déjà. L’absence d’un quelconque individu à suivre pour m’orienter me faisait presque perdre patience. Je pinçais mes lèvres, égarant mon regard à travers ces longs couloirs. Je me retenais de trop jouer avec ces dernières : saigner aurait été le comble de mes ennuis. Il fallait que je trouve un professeur à suivre. Ou un élève à accoster. Bon dieu, commencer ici par un échange. Yeurk. Echanger dans le cadre d’un cours ne m’avait jamais posé de soucis, une certaine distance s’établissait naturellement avec les élèves. Mais hors de ces cours, et hors d’un contexte similaire… Pas ma tasse de thé, disons.

Au détour d’un couloir, une silhouette assez fluette m’apparut. Un jeune homme, qui semblait un peu plus âgé que ma sœur. Un élève. La filature ne suffirait donc pas. Il fallait aller au contact. Dans un profond soupir, je détaillais l’individu. Environ une tête de moins que moi, des mèches châtains tombant sur une peau pâle. Des traits européens et très fins, des pupilles claires. Il n’avait pas l’air vilain comme petit.

Mon regard parcouru rapidement sa tenue et ses accessoires. Rien en vue. Pas même un p’tit indice ? Je claquais ma langue contre mon palet, dénégationnant brièvement d’un signe de tête.


La tête droite, je fis quelques pas dans sa direction. Claquant plus fermement mon talon au sol alors que je m’arrêtais à quelques mètres de lui, je raclais ma gorge avant de laisser ma voix transcender le silence du couloir, assez puissante et rauque pour interpeler le jeune homme à coup sûr.


Je serrai les dents à peine ma phrase terminée, cherchant à planter mon regard dans le sien, comme pour lui faire comprendre de ne pas tenter de conneries avec moi. J’admettais ouvertement être perdu, et être nouveau ici. Et à mon allure, il se douterait évidemment que j’étais un enseignant. Et à ma tronche et à ma voix, que j’étais étranger. Trop de bonnes raisons, et trop de bonnes occasions pour tenter de me la mettre à l’envers. Ma seule issue pour éviter de commencer ici comme « Le chinois dont on peut se foutre à souhait » était de lui faire peur. Assez pour qu’il me dessine un plan détaillé de l’académie et me fasse faire le tour en me proposant de monter sur son dos. Enfin… Vous avez compris l’idée.

Mâchoire serrée, regard froid le sondant, droit comme un piquet, je tentais à tout prix de faire pression. Aussi dur que cela soit à admettre, j'avais besoin de son aide pour me sortir de ce labyrinthe...

To be continued ...

Il s’était abandonné, me laissant dévorer ses lèvres. Et quand je lui avais finalement laissé l’occasion de se défaire de mon emprise, à ma grande surprise, je sentis ses lèvres me rendre mes baisers. Il était plus pressé, plus déterminé à mesure que nos lèvres échangeaient et jouaient entre elles. Il se rapprochait, alors que je laissais mes mains chuter sur son torse, en laissant une s’aventurer dans son dos.

Je sentis sa main s’apposer à côté de ma tête, contre le mur. Je ne pus retenir un sourire alors que son corps se rapprochait jusqu’à se coller au mien. Ses genoux à terre, il me surplombait alors que nos baisers perduraient. Sa main libre vint soulever et soutenir doucement mon visage, et ses lèvres semblaient dévorer les miennes de façon animale.

Une fois qu’il eut pris le dessus, me surplombant, ses lèvres quittèrent les miennes pour se glisser jusqu’à mon oreille. Sa voix suave, et son attitude qui se voulait bestiale, déchaînée – digne de l’image que je me faisais de I -, me décrochèrent un rire légèrement étouffé.


Reculant alors quelques peu pour croiser à nouveau mon regard, j’esquissais un sourire plus ample, secouant doucement la tête de droite à gauche. Passant ma langue sur mes lèvres pour maintenir le goût de ses baisers, je le détaillais en reprenant doucement mon souffle.


Son regard redevint sérieux alors que je le sondais toujours, un sourire sur le bord des lèvres. Ses baisers m’avaient étonnamment plu, je dois l’admettre. Ces traits fins qui s’avèrent dissimuler un jeune homme bien plus entreprenant que je ne pouvais me l’imaginer.


Il soulevait un point important. Et je n’en avais pas forcément la réponse. Comment cela allait se terminer était un mystère… Mais que voulais-je dans cette situation ? Mon éthique me soufflait de stopper tout ça, un élève et un professeur ne font pas ça. Surtout pas en plein couloir. Mais l’homme en moi me susurrait que nous étions majeurs et consentants. Et qu’après tout, pourquoi ne pas voir où tout cela nous porterait…

Effleurant du bout des doigts son torse, et descendant ma seconde main dans le creux de son dos pour le rapprocher à nouveau de moi, j’esquissais un sourire provocateur en le détaillant. Promenant mon regard entre ses yeux et ses lèvres, je pris la parole de ma voix rauque, remontant ma main le long de son dos jusqu’à la nicher dans sa nuque à mesure que je lui parlais.


A peine ma phrase terminée, je profitais de la prise que j’avais pour redresser légèrement mon buste, amenant le cou du jeune homme jusqu’à mes lèvres pour le dévorer avec fougue, glissant ma seconde main du torse jusqu’aux flancs de Makumo, redoublant de baisers et alternant tendresse et passion…

To be continued ...

Les gémissements qui s’échappaient entre les lèvres de Makumo alors que je couvrais son cou de baisers me firent sourire, alors que je redoublais, le maintenant contre moi. Je n’avais pas vraiment envie de prendre de décisions, mais il n’avait pas l’air de mon avis apparemment…


Le jeune homme se défit de mon étreinte et se releva rapidement. Je laissais ma tête partir vers l’arrière, l’appuyant contre le mur en levant les yeux au ciel, dans un soupir léger. Cet instant était le pire à mes yeux : celui où votre partenaire demande à ce que la situation soit éclaircie. Et au fond, c’était compréhensible. Mais pas vraiment à mon goût je dois dire.

Ramenant mon regard sur le jeune homme, je vins saisir sa main, me redressant à mon tour sans trop prendre appui sur sa main. Je remis ma chemise en place, époussetant doucement mon pantalon avant de plonger à nouveau mon regard dans le sien, balayant ma chevelure vers l’arrière, laissant les mèches chuter sur mon échine.


Vraie relation. Stabilité. Sincérité. Amour. Tout ce qui me faisait grimacer en somme. Autant dire que je n’étais pas à l’aise face à ses questions… Il m’exposais très clairement au moment que je redoutais dans toute approche.


J’accompagnais ma réplique de regards appuyés et suggestifs. En temps normal, j’aurai menti pour aboutir à ce que je voulais. Mais là… Je tenais trop à lui pour le tromper sur mes intentions. Quitte à détruire mon jeu, je préférai lui exposer toutes mes cartes.

To be continued ...

J’égarais mon regard sur Makumo, qui semblait en plein questionnement intérieur. Mes propositions étaient à ce point sujettes à débat ? Pour moi, cela semblait pourtant simple. Il n’y avait que deux choix après tout : accepter ou refuser mes avances.


Je restais planté, droit, détaillant le jeune garçon. Mais intérieurement, je gloussais intensément. ‘Assouvir mes petits plaisirs’ ? J’avais l’impression d’être déjà un vieillard impuissant à qui on offrait une aide pour se soulager. Eh, je n’avais même pas atteint la trentaine. Et aux dernières nouvelles, je n’avais pas besoin de pitié pour avoir des conquêtes d’une nuit.


Je secouais la tête de gauche à droite, prenant appui contre le mur, y callant mon talon en guettant Makumo. Vraiment ? Cette partie du jeune homme ne perdait pas une seconde pour passer aux choses sérieuses.


Je ne m’étais jamais laissé mettre en laisse, ça ne risquait pas de commencer maintenant. Si je jouais, ce serait avec mes règles, et pas autrement. Fourrant mes mains dans les poches de mon pantalon nonchalamment, je plongeais à nouveau mon regard dans celui de Makumo.


Je ne savais pas si I se laissait tenter pour que j’accepte de concéder des sentiments à E, ou par pur intérêt personnel. Dans les deux cas, je n’aimais pas me sentir forcé, ni avoir l’impression de forcer mon partenaire. Ce serait consenti et par plaisir, ou rien du tout.

To be continued ...