Are you lost sweetheart ? (ft. Caitlyn)

Les couloirs étaient particulièrement calmes aujourd’hui, quelques étudiants qui les traversaient afin de rejoindre leurs salles de classe et rapidement tout devint silencieux. Ne pensez pas que je suis entrain de sécher, j’ai une pause.
Quoiqu’il en soit, j’étais également entrain de traîner dans ces couloirs, cherchant un endroit où je pourrais me poser et attendre ma prochaine heure de cours. Il y faisait froid et le carrelage n’était pas vraiment confortable, mais bon pour une heure, je devrais survivre et puis j’avais mon paquet de Dragibus. Je l’ouvris bruyamment et en choisissait un au hasard, de toute façon ils ont tous le même goût. Par contre qu’est-ce que ça colle aux dents cette merde.  

J’étais bien partis pour rester l’heure entière quand j’entendis des pas hésitants sur le carrelage. Je dirigeai mon regard vers le couloir pour voir une jeune fille qui semblait totalement perdue. Elle était là, regardant chaque salles comme si elle voulait trouver la Salle sur Demande. Tu ne la trouveras que si tu en as réellement besoin petite, me dis-je à moi même. Petite, au que oui qu’elle l’était. Je devais la dépasser de deux têtes facile, mais elle était mignonne avec ses cheveux roses et son visage enfantin.
Elle allait forcément finir par me voir et me demander de l’aide, j’en étais certain et bien que ça me saoulait vraiment, je décidai de la devancer. Je me levai avant de m’étirer, sans oublier le bâillement bien bruyant. J’affichai mon plus beau sourire et me dirigeai vers la petite nouvelle avant de lui demander :

- Tu as l’air totalement perdue. Besoin d’aide ?

Ne pensez pas que je suis devenu sympa ok. Qui vous dis que je ne vais pas juste la faire tourner en rond jusqu’à ce qu’elle en ai marre ? Peut-être même jusqu’à ce qu’elle se mette à pleurer. Elle avait l’air d’être ce genre de filles, celles qui pleurent pour tout et n’importe quoi. Je sens que je vais m'amuser.
 

Lorsqu’elle releva ses grands yeux rose (couleur qui me perturba sur le coup), je vis clairement qu’elle avait besoin d’aide et que j’étais devenu son sauveur. Pauvre petite chose... Je remarquai également que son chemisier descendait, laissant apparaître un peu trop de peau pour une si jeune fille. Elle dût le voir aussi car le remonta rapidement avant de me sourire de toutes ses dents. Elle me répondit tout en se grattant de l’index sa joue :

-Oh oui, je suis vraiment nulle quand il s'agit de me repérer, en plus je suis arrivée en retard ce matin à cause de mon chat, donc ton aide ne sera pas de refus!
- Ah, les chats. J’ai beau aimer ces créatures, elles n’en restent pas moins intelligentes et espiègles à mes yeux.

De près elle semblait encore plus petite et innocente. Je la vis ranger sa tablette de chocolat et me tendre la main. Une toute petite main que je pourrais facilement briser si j’avais été un monstre, mais je ne l'étais pas... Enfin pas totalement.

-Je m'appelle Caitlyn Hanazakari, et en effet je suis nouvelle à Tsuki. Enchanté!

J’attrapai sa main et la serrai avant de me présenter à mon tour.

- Lucifer Hollens. Je suis un Rubis. Enchanté ! Tu cherches quelque chose en particulier ?

Si elle pensait que cette poignée de main faisait de nous des amis, elle se trompait totalement. Je ne lui accordait aucunement confiance et elle devrait elle aussi se méfier parce-que je ne comptais pas jouer les guides touristiques. Lui indiquer sa salle à la rigueur, et seulement parce-que j’étais de bonne humeur mais il était hors de question que je l’y accompagne.
Je n’avais pas l’habitude de jouer les gentils et tout ça me donner envie de fumer. Si j’avais le temps avant mon cours, j’irai m’en griller une... Ou deux.
 

- A vrai dire je cherche juste où se trouve la salle de mon premier cours.
- Comme tout les nouveaux.

Un rictus se dessina sur mon visage. J’allais lui demander de me dire le numéro de sa salle (on ne sait jamais, peut-être que je savais où elle se trouvait) mais elle me devança et sortit son emploi du temps de la tête de chat qui lui servait de sac à dos. Elle avait toujours ce sourire beaucoup trop joyeux sur le visage et ajouta tout naturellement :

- Et si à cette heure-ici j'aurais le temps de fumer sans arriver en retard.

J’écarquillai les yeux, surpris. Comment une fille qui paraît aussi... Innocente peut me sortir tout simplement qu’elle fume ? Je l’imaginais bien en jeune fille toute jolie et gentille, n’osant même pas dire à quelqu’un qu’il est “ stupide “ parce-que c’est méchant. Le genre de fille à son papa, pleurant à chaudes larmes lorsqu’elle avait dû quitter le nid familiale. Cette fille qui avait une passion pour le rose et les chatons. Mais bon, tout le monde à ses petits secrets, non ?

- C’est comme si tu lisais dans mes pensées. Bouge pas, je vais chercher mon sac, mon paquet est à l’intérieur.

Je partis donc récupérer mon sac, fouillant pour trouver mon paquet. Je me mis en route vers la sortie, sans réellement l’attendre. Au bout du couloir se trouvait une porte menant vers l’extérieur, je l’ouvris donc et me posais contre le rebord d’une fenêtre avant d’allumer une cigarette. J’expirais la fumée en soupirant de bonheur. J’en avais bien besoin dis donc. J’attendis qu’elle me rejoigne avant de lui demander :

- Tu fumes depuis longtemps ?

Elle ne répondit pas de suite et pendant un instant je pensais qu’elle essayait d’éviter la question. Si ça avait été le cas j’aurais sûrement continué à creuser cette piste là, histoire de la rendre encore plus mal à l’aise. Pourtant, elle finit par me répondre :

- Hum je dirais un an, un an et demi. J'avais toujours voulu essayer par curiosité et en fait ça m'a plu j'ai trouvé ça agréable. Je ne fume pas pour faire genre je suis une bad girl blabla, j'aime juste fumer. Et toi? Tu fumes depuis longtemps ?

Bonne question. Est-ce que je fume depuis longtemps ? Oui. Je me rappellais encore du jours où j’avais commencé. J’étais encore à l’orphelinat à cette époque et il y avait ceux qu’on appelait le “ groupe des grands “ autrement dit les enfants trop vieux pour espérer se faire adopter un jour. Ils avaient leur propre cachette avec à l’intérieur toute sorte de choses, que ce soit des bonbons, des jouets ou des cigarettes. Tard le soir, ils prenaient dans leur réserve et se posaient sur un bord de fenêtre de leur chambre pour fumer et manger des bonbons. Les surveillants ne venaient jamais nous surveiller la nuit et personne n’osait les dénoncer. De toute façon, ils n’étaient pas méchants, ils rêvaient juste de liberté. Quoiqu’il en soit, le jour de mes 14 - aka, le jour où je fis officiellement parti du “ groupe des grands “ - le plus vieux de la bande m’avait initié au plaisir de la nicotine. Bon, j’avais failli mourir à cause de la fumée lors de ma première taf mais je m’y étais rapidement habitué.
J’aurais sûrement pu lui raconter cette longue et ennuyante histoire mais qu’elle aille se faire voir, à quoi cela lui servirait que je lui raconte ma vie ? Du coup, je répondis simplement :

- Un bout d’temps ouais. J’étais encore un gosse. Ce qui est cool c’est qu’ici personne ne me dit quelque chose. Je peux juste me poser et fumer ma clope tranquille. Je me plains souvent mais cet endroit est sympa. J’aime être ici. Pas toi ?

Je n’avais peut-être pas une grande liberté mais au moins je pouvais apprendre à contrôler mon pouvoir et ça, ça valait toutes les libertés du monde.

Alors, elle vivait seule. Sur ce point je devais avouer que je l’enviais. J’aurais aimé avoir un chez moi, mais pour avoir un chez soi, il faut de l’argent et je n’avais pas le temps de travailler à cause des cours et puis, je n’avais surtout pas la courage de trouver un boulot.

- Au fait Lucifer, quel âge as-tu? Et as-tu des matières préférées dans cet établissement ?

Une fois de plus mon cerveau réagit à la défensive et je faillis lui répondre d’aller se faire voir et que ce n’était pas ses affaires. Calme toi Luci, elle ne demande rien d’important. Et puis, elle est sympa quand même alors autant l’être toi aussi. Je tirai une nouvelle bouffée de ma cigarette et levai la tête avant de souffler la fumée. Puis, je tournai la tête vers Caitlyn et lui répondis :

- 19 ans et je ne sais pas vraiment. J’aime beaucoup tout ce qui se rapporte à l’art et ce qui peut me permettre de mieux contrôler mon pouvoir. Et toi ?

C’était donnant donnant. Si elle savait alors je devais savoir.
Soudain, une autre question me vint en tête. Son pouvoir. Qu’était-elle capable de faire ? Arrivait-elle à le contrôler ? Le problème, c’est ce que je ne voulais pas à mon tour évoquer le mien. Quoique, si je lui en disais le minimum ça pourrait quand même la satisfaire non ?
Apparemment ma bouche en eut marre de moi et de ma trop longue réflexion car je m’entendis dire :

- Sinon, c’est quoi ton pouvoir ?

Et merde.

- Et toi du coup?

Cette question me refroidit aussitôt. Je m’y attendais mais je ne pensais pas que cette question me ferait autant... Peur ? Parce-que oui, ce pouvoir m’effraie. Ca me fait flipper de ne pas pouvoir le contrôler, de savoir que je peux blesser des personnes avec, une partie de moi le déteste et une autre essaye de l’accepter.
Ma cigarette était désormais presque finis et je tirai dessus une dernière fois avant de la jeter à terre et d’écraser le mégot avec le bout de mon pied droit. Je tournai la tête et répondis simplement :

- Disons que je peux me transformer. Je ne sais pas à quoi je ressemble par contre.

Et c’était vrai. On m’avait déjà décris mon état quand j’étais transformé mais j’avais jamais réussis à me faire une image mentale de moi en cette chose. J’avais envie de me voir sous mon autre forme... Non, j’en avais besoin.

- Je n’aime pas en parler. Passons à autre chose.

Désormais je n’étais plus de bonne humeur et la seule chose que je voulais faire c’était rentrer et retourner dans ma chambre. Tant pis pour les cours. Mais je pris sur moi, après tout, c’est moi qui avait posé la question en premier, je devais bien m’attendre à ce qu’à son tour elle soit curieuse.
Une brise glaciale me fit frissonner et mes dents se mirent à claquer. Je détestais avoir froid et j’aurais donné n’importe quoi pour qu’elle finisse sa cigarette plus rapidement pour que je puisse rentrer et me coller contre un radiateur.

- Tu as de la chance de pouvoir contrôler en partie ton pouvoir. Le mien est totalement imprévisible.

Je m’étonnais moi même. Jamais je n’évoquais cette partie de mon pouvoir, ce côté sauvage et dangereux qui était une des raisons pour laquelle je n’aimais pas en parler. Mais je voulais savoir comment elle faisait pour le contrôler, après tout, peut-être que je pourrais en apprendre plus et essayer de faire la même chose

- C'est une question d'habitude, à force d'être confrontée à mon pouvoir j'ai pu apprendre à l'utiliser, à mes dépends je t'avoue. Quand je l'utilise trop longtemps je deviens aveugle par exemple. Mais même si je ne peux transformer que quelques membres, je contrôle parfaitement les quelques membres transformables. Après mon pouvoir n'est pas dangereux ou quoi que ce soit, ce qui fait qu'il est plus aisé je pense de le maîtriser. Tu veux voir ce que ça donne d'ailleurs?

Il est vrai que je ne m’attendais pas à ça. Me le montrer ? Je me sentais comme un enfant le jour de Noël. Jamais je n’avais rencontré d’autres métamorphes et même lors de mes cours d’entraînements, je n’avais jamais eu la chance d’observer une transformation. C’était quelque chose de nouveau et je savais que je pouvais apprendre beaucoup de cette expérience.
Pourtant, la voir grelotter ainsi me mettait mal à l’aise. Un sentiment de compassion me traversa et d’un coup je me mis à détester cette sensation. Je n’étais pas quelqu’un de gentil ou de compatissant, alors pourquoi avais-je envie de l’être avec elle ? Parce-qu’elle avait le même pouvoir que moi et qu’elle acceptait de me le montrer ? Quel faible d’esprit je faisais. Cette colère me rendait encore plus en colère, je détestais être aussi lunatique et pourtant je ne pouvais m’en empêcher. Je me contentais donc d’enfoncer ma tête entre mes épaules et de remonter mon écharpe avant de grommeler :

- Tu ne veux pas rentrer avant ? Je meurs de froid.

Non, je ne disais pas ça pour elle. Enfin... Pas totalement, j’étais vraiment entrain de congeler et le froid me rendait encore plus irritable. Je passai une main dans mes cheveux et soudain, je sentis les deux petites cornes. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’elles apparaissent maintenant ?