Je sens qu'on va bien s'entendre ! [PV chambre 4F]

Je m'écrase sur le ventre sur mon lit en poussant un soupire. Je suis fatiguée. Comme c'est souvent le cas, j'ai mal dormi la nuit dernière et vers 5h, après mon deuxième cauchemar consécutif, j'en ai eu assez et je me suis levée pour aller lire dans le salon commun. J'ai eu le temps de terminer un roman de 457 pages que j'avais entamé la veille en fin d'après-midi avant que la maison Émeraude ne s'active et que plusieurs élèves se mettent à défiler dans le couloir. Lorsque j'ai refermé mon livre après en avoir lu la dernière page, je me suis levée du divan sur lequel j'étais assise depuis quelques heures et je suis retournée dans la chambre 4F, mais maintenant que tout le monde se levait, c'était difficile de se recoucher. Bon au fond, ça n'empêche rien et j'aurais pu me recoucher, mais j'attendais un appel transatlantique vers 14h et je craignais de le manquer en me rendormant, alors j'ai préféré m'habiller et aller déjeuner. Lors de mon retour du réfectoire, j'ai fait un détour par la bibliothèque pour ramener le roman que j'avais terminé, puis je suis repartie sans emprunter d'autres livres, car je n'avais pas envie de rester à l'intérieur. Il était rendu 10h et je ne savais pas quoi faire, alors j'ai décidé de prendre une marche du côté des jardins et du terrain d'entraînement en me disant que je tomberais peut-être sur Jïnn ou Noa qui s'entraîneraient ou encore Daaf ou Marco ou Lucy ou n'importe quelle personne avec qui je m'entends bien, mais je n'ai croisé personne. Ma balade a plutôt ressemblée à un moment où j'ai repensé à ce qui s'était passé durant ma semaine d'absence. Non en faite, j'ai repensé surtout au dernier soir. Ça m'occupe beaucoup l'esprit depuis mon retour. Lorsque midi est arrivé, je n'avais pas encore faim, alors je suis rentrée dans à la maison Émeraude et j'ai commencé à sortir mes feuilles de notes et d'observations qui datent déjà d'il y a 2 1/2 ans et j'ai poursuivi leur retranscription dans mon " journal du passé ". Vers 12h30, mon travail a eu le temps de m'ouvrir l'appétit et je suis partie pour le réfectoire. Après un bon sandwich à la dinde, je suis retournée à au dortoir et il me restait 45 minutes d'attente avant l'appel téléphonique, alors j'ai poursuivi ce que je faisais juste avant d'aller manger. Je me suis arrêtée sur une feuille de note en particulier. C'était celle que j'avais écrit lorsque j'avais découvert que je pouvais aussi entrer dans les ombres. L'excitation transparaissait dans la calligraphie hâtive et un peu croche des mots dont certains caractères étaient même en lettres attachées. J'ai été interrompue dans ma lecture par la sonnerie de mon téléphone que j'avais fait exprès de laisser à côté de moi. L'appel a duré une quinzaine de minutes et lorsque j'ai raccroché après avoir dit au revoir à ma sœur, j'étais heureuse que Skype ne coûte pas un sou. C'était plus pratique que de faire un véritable appel téléphonique. J'ai rangé mes notes et mon journal lorsque je me suis lassée de retranscrire, puis je suis de nouveau sortie dehors, mais après 5 minutes je suis revenue, parce que je m'ennuyais et j'en arrive au moment présent où je suis étalée sur ma couverture. Je me tourne sur le dos pour observer le plafond et me mets à jouer avec les deux objets que j'ai à mon cou; la bille en bois de Jïnn et l'amulette en obsidienne que m'a transmis ma mère.

Au bout d'un moment au cours duquel je me suis perdue dans mes pensées, j'entends quelqu'un arriver. Il s'agit peut-être Croa ou bien c'est peut-être quelqu'un d'autre ?

Une brune fait son entrée en ouvrant la porte. Tiens, je ne connais pas cette fille... J'aperçois alors la valise qu'elle tire. Ahhh, ça explique bien des choses. Enfin, ça explique ce qu'il y a à savoir, c'est-à-dire qu'elle est probablement nouvelle. Si elle ne venait pas d'arriver, elle ne traînerait probablement pas une valise, c'est logique. Je ne sais pas pourquoi je m'attarde là-dessus, c'est une affaire classé. En oubliant toute discrétion, je me tourne sur le ventre en m'appuyant sur mes avants-bras pour observer la nouvelle venue. Mmh, on dirait qu'elle m'a pas encore v... Ah ben, c'est chose faite, maintenant. Ce qu'il vient de se passer; juste quand je me disais qu'elle ne semblait pas s'être aperçue de ma présence, elle m'a vu et a tressailli sur le coup.

- Désolé, tu m'avais fait peur je croyais qu'il n'avait personne à cette heure-là. Je m'appelle Echo, je serais ta nouvelle... comment on dit déjà en français... euh... roomate?

Elle parle en français ? Tant mieux. Je lui retourne son sourire avec une certaine joie d'avoir quelqu'un avec qui parler, puis je me redresse pour m'asseoir en tailleur. Je réponds dans un français que je veux le plus standard possible, malgré les petits accrochages dus à l'accent québécois :

- Bienvenue à toi, Echo, moi c'est Tori.

Je m'étire vers l'avant en me tenant sur les genoux et sur une main, pendant que tends l'autre à la demoiselle pour lui serrer la pince, comme on dit.

- Je crois que le mot que tu cherches est colocataire. C'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de parler à quelqu'un en français, ici. Je suppose que t'es pas du coin. Tu as fait bon voyage ?

Cette question pourra peut-être m'éviter de commencer sur une base malaisante. C'est l'une des choses dont j'aimerais bien me passer. Je ne me rends compte que maintenant des yeux hétérochromes de mon interlocutrice. L'un d'un bleu glacial  comme on en retrouve surtout chez les personnes blondes et l'autre se rapprochant du doré. Le contraste est magnifique, mais je préfère ne pas en faire mention et me contenter d'attendre une réponse. Sachant que je reçois de temps en temps un commentaire sur la tricolarité de mes iris et ce, alors qu'elle n'est visible que de près, je suppose que les remarques doivent pleuvoir sur Echo.

Quelle journée, j'ai fais connaissance avec Jïnn et Okura. Ils étaient tous les deux très gentils bien que je me soit beaucoup inquiéter pour Okura. . Il ne me restais plus qu'a trouver ma chambre et faire un peu connaissance avec mes colocataires. Mes bagages dans les mains, je cherchais tranquillement la chambre et c'est alors que je vus une porte entre ouverte et avec de la lumière. Interloquée, je m'approchais de cette porte d'une part pour savoir si c'était ma chambre et d'autre part pour que je sache si il y a quelqu'un à l'intérieur ou non. Plus je m'approchais, plus j'entendais des voix. Il y avait bien des gens à l'intérieur. Je pouvais même dire que c'était deux filles. L'une d'entre elle parlait du fait que l'école était anglophone. Encore heureux que je sois assez bonne en anglais, je ne sais pas ce que j'aurais fait sinon. Ensuite, cette même voix parlait de l'accent sûrement Québecois de la personne à qui elle s'adressait. En attendant, j'ai eu le temps de remarquer qu'elles étaient mes colocataires. Je frappais alors à la porte pour ne pas leur faire peur en entrant d'un coup et rentra à l'intérieur. Il y avait bien deux filles à l'intérieur. Je les regardais et finis par dire timidement.

"Bonjour, je-je m'appelle Mu-Musume, enchantée."

Mes joues avaient pris un teint rose, je baissais les yeux face à elles attendant la réponse de l'une d'entre elles. Elles paraissaient gentilles mais ma peur qu'elles ne m'aiment pas me hantait l'esprit.

J'ai l'impression qu'elle est un peu déroutée par ce que je viens de dire. Peut-être que malgré le faite qu'elle se soit exprimée en français, il ne s'agit pas de sa langue première. Je crois avoir entendu un accent dans sa voix, mais alors pourquoi la langue de Molière ?

- Ah ouais j'avais oublié que s'tai une école anglo ici.. oops et on peut dire ça comme ça, j'ai le décalage qui se fait ressentir dans mon corps.

Ah oui, ça justifie assez bien. Je la regarde attacher sa chevelure brune. Du coup, elle n'a pas répondu à ma question... Bon tant pis, ce n'était qu'une question de politesse, ce n'est pas comme si j'avais vraiment besoin d'avoir une réponse. Je change de position sur mon lit et ma main heurte quelque chose de long et fin. C'est quoi ça ? Je baisse la tête vers ma couverture et c'est un stylo que je découvre. J'ai dû l'oublier lorsque j'ai rangé mes affaires tantôt.

- Je reconnais ton accent.. le Québec je pense? Tu viens du Canada toi aussi..?

Agréablement surprise, je reporte mon regard sur Echo avec un sourire et j'hoche la tête.

- Oui, c'est ça ! Tu viens de quelle province, toi ?

Aucune réponse n'a le temps d'être dite. Quelqu'un cogne à la porte et entre presque aussitôt. Il faut s'y attendre, comme c'est un dortoir féminin, c'est une fille qui entre. Elle non plus, je ne l'ai jamais vu avant maintenant, mais tout comme pour Echo, je suppose qu'elle est nouvelle aussi et les bagages qu'elle a en main m'en persuade.

"Bonjour, je-je m'appelle Mu-Musume, enchantée."

C'est vraiment un gros hasard, ce qui est en train de se passer.

- Enchantée, Musume, je m'appelle... Tori...

Je m'interromps, n'arrivant pas à poursuivre sans me mettre à rire stupidement ne serait-ce qu'un peu, puis je reprends lorsque mon éclat de rire enfantin est passé :

- Pardon, je dois avoir l'air un peu folle. Je trouve ça drôle que deux personnes arrivent le même jour, presque en même temps, dans la même chambre. Ce doit être un coup du destin.

Je me rends compte que la " nouvelle " nouvelle venue a les joues d'une teinte se démarquant du reste de son visage. J'espère que ce n'est pas mon comportement qui l'a fait rougir comme ça.

Echo réagit à mon commentaire, puis demande à Musume si elle est là depuis longtemps, mais à voir les bagages que cette dernière traîne avec elle je dirais qu'elle a mis les pieds sur le terrain depuis peu.

Et c'est ainsi que nous échangèrent verbalement toutes les trois et que j'aida les deux nouvelles arrivantes à s'installer dans leur nouvelle chambre, ce que j'avais entre autre déjà fait pour Croa. J'en profita pour leur expliquer quelques trucs toujours utiles à savoir tels que le fait qu'il faille sortir de l'enceinte de l'académie et marcher quelques coins de rues pour se rendre au réfectoire, ce qui n'était pas toujours pratique, mais bon on y survivait ainsi que la manière plutôt originale dont fonctionnait les cours ici. De mon avis, c'est particulier de devoir s'inscrire à un cours plutôt qu'avoir un horaire établi, mais comme cette école au grand complet sort de l'ordinaire, est-ce que ça l'est vraiment ?

Lorsque l'emménagement tira à sa fin, je laissa Echo se reposer, car elle avait visiblement l'air fatiguée, ce qui est compréhensible étant donné qu'elle a dû faire un gros voyage en avion comme ce fut aussi mon cas pour venir. On ne peut pas dire que la journée fut très chargée pour moi, mais au moins je me serai rendue utile en cette fin d'après-midi et puis, c'est toujours agréable de faire la connaissance de nouvelles personnes, surtout lorsqu'elles sont sympathiques. J'espère que nous aurons souvent l'occasion de nous adresser la parole dans l'avenir, car j'ai découvert que ce n'est pas parce qu'on est dans la même chambre qu'une personne qu'on la croise nécessairement tous les jours.

HRP :