Je m’arme d’un sourire. Chaque instant de sa réaction est un pur délice. Elle ne prononce aucun mot là-dessus. Elle ne fait que réagir. Et violemment, la belle affiche se retrouve réduite en mille morceaux. Quel gâchis. Je regarde l’épave du poster, mon sourire réjouit toujours en place. Son agissement veut tout dire.
Quel dommage, elle allait si bien sur ton mur. Je t’en offrirais une plus récente.
Mes yeux se détachent des morceaux de mon portrait pour trouver ceux de Juliette. Le rouge lui va si bien. J’aime la voir rougir, à vrai dire. Je trouve amusant de produire cet effet sur elle. Elle m’observe avec un visage sévère mais ses belles pommettes colorées la trahissent. C’est adorable. Et cela me fait sourire plus encore.
C'est bon, j'ai tout, on peut y aller.
La belle semble vraiment énervée de ma découverte. Il y a de quoi. Elle qui clame haut et fort me haïr. Posséder un poster comme celui-ci…
Elle m’attrape brutalement par le poignet. Si bien que j’éclate de rire. Sa gêne dissimule derrière son air fâché, c’est tellement mignon.
Je me demande quel autres goodies tu avais de moi, à l’époque…
Je suis heureux d’avoir pu voir l’antre de Mlle Denarbonne. Cela donne des renseignements pour le moins intéressants sur elle.
On retourne à la voiture. Une fois de plus, je lui ouvre la portière pour qu’elle puisse s’installer puis rejoint finalement ma place, côté conducteur. La voiture s’engage sur la route, dans la direction de mon appartement. J’ouvre la fenêtre pour laisser passer de l’air. Le soleil à beau être couché, la température est encore très douce. Et la voiture, qui plus est, à conservé la chaleur de la journée. Je me cale dans le siège en cuir, une main sur le volant et l’autre reposant sur le bord de la fenêtre. Mes yeux regardent Juliette en coin tandis que mes pensées divergent vers des idées que je ne devrais même pas imaginer.
D’une façon très spontanée, ces mêmes pensées sortent de ma bouche. Alors qu’elles ne le devraient pas.
Tu devrais venir habiter chez moi, je pense. C’est plus grand. Et plus propre. Tu y serais forcément mieux.
Qu’est ce qui me prend de dire ça ? Même si c’est la réalité. Puis l’avoir chez moi me permettrait de disposer d’elle à volonté. Ce qui est un avantage incontestable. Peut être que je devrais essayer de la convaincre…
Ca ne te gêne pas d’être seule ? Au moins tu aurais quelqu’un d’autre que ton steak sur patte pour t’occuper de toi.
Occuper, dans notre situation peut avoir bien des sens. Je dirais même que la signification de ce terme change avec mon humeur. A voir si je suis d’humeur tendre ou joueuse au moment où je lui dis ça.
Je souris. L’avoir chez moi rendrait les choses bien plus divertissantes. L’idée me séduit.
Nous arrivons en bas de l’immeuble. Je l’a fait descendre et la conduit devant l’entrée du lieu du crime. Je me demande ce qui va se passer cette fois-ci. Et comment cela va-t-il finir. Si elle n’accepte pas ma proposition, je pourrais bien prendre des décisions qui ne devraient pas lui plaire.
J’ouvre la porte et m’efface pour la laisser passer.
Après vous, Mlle Denarbonne.