Appartement de StormKa Poliakov [Pv.Tardi][Terminé depuis des lustres]

L'appartement est assez compact, vous vous demandez bien comment quelqu'un d'aussi volumineux que le prof de sport peut y vivre. Une feuille est grossièrement scotché sur la porte; il est inscrit "colocataires bienvenus ". Tiens? la porte est entrouverte! Mr Poliakov est sous sa couverture train de dormir sur un grand lit double (il prend toute la place et en plus ses pieds dépassent)... avec des tongs.
Une petite table ronde est disposé au milieu de la pièce avec une tasse de café froid et un paquet de cigarette renversé. Il y a une petite étagère avec des livres sur le mur d'en face, à côté de la fenêtre ouverte. Ce sont exclusivement des livres concernant le sport ("haltérophilie et entretien physique","traité d'enseignement sportif","records olympiques depuis 1904", etc...). Sur un porte-manteau à proximité de la porte se trouve une vieille veste de sport Adidas bleu ainsi qu'une collection de casquette soigneusement accrochées les unes après les autres (étrange, il n'en porte jamais...). Enfin une basse dépasse de sous le lit avec une petite boîte métallique remplie de médiator.

N'hésitez pas à toquer à la porte ou entrer discrètement si vous le souhaitez.

Mademoiselle Tardi avait comaté une bonne heure dans son lit avant de se décider à vraiment entamer cette journée. Elle passa à sa salle de bain et, avant de prendre sa douche, jeta un bref regard au miroir, puis elle ne put s'empêcher de fixer les traits de l'enfant qu'elle y voyait. Elle baissa les yeux en se demandant si elle était devenue le genre de personne que des parents veulent garder loin de leurs enfants. Elle se demandait même si elle n'était pas devenue tout ce que ces parents n'auraient jamais voulu pour elle... Elle s'étira, puis décida de prendre sa douche, bien qu'hantée par cette pensée. Sexe, drogues, règlements de comptes... Elle ne vivait pas vraiment une vie de "personne bien", même si elle se foutait éperdument d'être quelqu'un de bien ou de mauvais ; elle ne se considérait même pas dans l'une des deux catégories : seules comptaient les actions, d'après elle, et pour son cas, une vie vide de plus ou moins tout événement marquant ou atypique ne laissait pas beaucoup d'opportunités à la personne qui la vit de se montrer bon ou non. Elle ne se considérait, pour sûr, pas comme une bonne personne, mais malgré tout ce qu'elle avait fait, elle n'avait jamais dérangé personne, c'était "sa vie". Elle ne maudissait même pas le destin pour ça ; même si elle se serait trouvée des raisons ; il lui tendait bien la main pour être payée à rien faire. Mademoiselle Tardi soupira quand même... Elle était arrivée loin en médecine, mais elle avait choisi la facilité quand même... Et ça ne la consolait pas de se dire que son cadet non plus ne ferait pas couler de larmes de joie sur les joues de leur mère ; c'était même plutôt l'inverse, il allait peut-être finir quand même.

Lucie s'habilla et parti de son logement, son amertume avec elle. Elle n'avait même pas mangé le matin, elle pouvait bien faire ça quand elle voulait. Elle avait fait un tour de l'académie, pas plus ennuyeux que les autres, pas plus amusant. Son quotidien n'allait pas devenir plus triste aujourd'hui, elle s'en doutait un peu. Ses désagréments avec son pouvoir, elle évitait quand même de croiser un reflet dans une des vitres du bâtiment, mais elle s'était arrêtée devant l'une d'elle et regardait dehors ; elle rêvait de s'en aller. Elle soupira en reprenant sa route, et vit une affiche qu'elle n'avait pas consulté depuis longtemps, et la lut entièrement. En lisant un post-it écrit au marqueur, elle réfléchit un peu, puis se persuada qu'il serait pénible de survivre au quotidien avec un éventuel colocataire. Elle soupira et retira le post-it, décidée à aller voir ce "Monsieur Poliakov". Elle se demandait si ça valait vraiment le coup, signer pour une colocation avec quelqu'un qui précise bien que chacune de ses "qualités" ne seraient que sous condition ; soit il était sincère, soit cette colocation serait un vrai calvaire.

Elle n'eut pas longtemps à chercher avant de trouver une porte ouverte sur laquelle était écrit "colocataire bienvenus", elle se décida à toquer puis entrer, sans attendre de réponse, elle n'était pas du genre patiente, de plus, les conventions sociales et elle, c'était pas une longue histoire d'amour... et puis, ne l'avait-il pas lui-même invitée à entrer ? En entrant, elle vit une personne dormir, une "personne", qui était assez... imposante. Elle espérait quand même que son appel suffirait, elle ne voulait pas vraiment aller le secouer pour le réveiller. Quand elle avait lu que cet homme faisait parfois des "pompes dans la salle de bain", elle avait imaginé quelqu'un de sportif, bâti à chaux et à sable, et c'était le moins que l'on puisse dire de cette personne. Elle appela quand même "Monsieur Poliakov" après être entrée, presque certaine de mal prononcer son nom, puis elle soupira en prenant place sur une chaise, et s'amusa à imaginer la gêne de ce cher professeur (si c'était bien lui), s'il la prenait pour une élève, comme ça l'"amusait" à chaque fois, gamine qu'elle était. Elle soupira en remettant ses écouteurs, et regarda son téléphone éteint, dans lequel elle se revoyait, adolescente, s'engueuler avec ses parents... Cette époque, dans un sens, lui manquait vraiment. Et on lisait sur son visage sa mélancolie ; elle n'avait jamais su masquer ses émotions, de toutes façons.

Aux insomnies suivaient les insomnies. Ça peut paraître bête (puisque ça l'est si on réfléchis bien), mais depuis que j'ai cette foutue capacité à voire dans le noir complet, il m'est impossible de dormir.
Donc, la nuit dernière, après avoir relus la moitié d'un bouquin barbant nommé "traité sur l'enseignement physique",  je ne trouvai toujours pas le sommeil. Il était alors minuit.
J'ouvre la fenêtre pour fumer presque un paquet entier. Il était une heure.
Tant qu'à faire, j'attrape mon casque, branche ma basse et mon ampli pour entamer une version maison de Megalovania.
Je travail le morceau jusqu'à 3 heure du matin.
...j'ai beau être exténué le sommeil se fait toujours désirer.
AAAAARRRRrrrrrr... perdu pour perdu, j'attrape un haltère d'un poids quelconque puis défoule ma haine en m'exercent  jusqu'à six heure du matin, où je tombe au sol d'épuisement. Enfin! Je me relève pour me traîner péniblement jusqu'à mon lit puis me laisse sombrer dans un délicieux repos... Je rêve de ma brigade, de tous mes vieux potes, Sergeï, Dimitri, du temps où j'étais "humain"...et...et comme d'habitude j'ai cette image de seringue dans le bras qui me revient... Je... mes yeux... mon nez, ma bouche... ma voix... qu'est-ce que...Zzzzzzzh......
Monsieur Poliakov?
Je me retourne d'un coup en rugissant, d'un cri plus animal qu'humain.
l'air fatigué: RRRRAAAAAAARRrrr...
...
.......
heu...excusez-moi si je vous ai fait peur... En quoi puis-je vous être utile?
Je me prend la tête dans les mains puis me tâte le visage. Des moustaches, des crocs, des griffes. Rien n'a changé. C'est fou, j'ai l'impression que mon cauchemar continu. Je dois avoir l'air fin. Je regarde brièvement autour de moi. J'ai encore laissé la fenêtre ouverte toute la nuit, et l'haltère que j'ai utilisé traîne toujours par terre.
Tranquillement assise sur une chaise se trouve la personne qui m'a adressé la parole. Elle fait 1m70 à tout casser, le teint pâle, et surtout les yeux étrangement violets (dixit l'homme au regard le plus félin du campus). Elle semble plutôt jeune, style ado. Une élève? Dans les appartements de l'aile diamant? Je sors difficilement de mon lit (j'ai dormis avec mon vieux short bleu usé). Je ramasse l'haltère qui traîne avant de le reposer sur une étagère. J'attrape une clope dans le paquet renversé sur la table et finis la tasse de café froid d'une traite.
Je vais faire du café. Avec ou sans sucre? Attendez, vous n'en prenez peut-être pas, excusez-moi... vous êtes mlle...?
C'est la première fois que quelqu'un ose se pointer dans mon appart, et qui plus est, c'est une élève que je ne connaît pas. La première chose qu'elle voit, c'est un prof en état de décomposition avancé. Cette journée s'annonce génial. Quoique... elle aussi semble perturbée.

Tirée de ses pensées, Lucie ne put s'empêcher de sursauter en entendant une sorte de rugissement. Elle leva la tête sur l'origine de ce cri ; le professeur s'était réveillé. Elle n'effaça pas l'expression sur son visage ; elle n'en avait pas l'habitude, mais elle sourit tout de même, un peu par gêne, gêne due peut-être au fait que son interlocuteur devait faire deux fois sa taille. Cela étant, elle trouvait que ce professeur avait un physique, certes atypique, mais qui lui allait bien. Elle pensait que ça lui donnait un certain charme... pour autant, elle n'était pas attiré le moins du monde par cette personne ; elle se sentait même assez malsaine d'avoir ce genre d'idée en tête.

"Heu...excusez-moi si je vous ai fait peur... En quoi puis-je vous être utile?"

Une phrase désobligeante comme "tu cherches un coloc' et j'suis chez toi, j'viens prendre le thé" failli échapper à la surveillante, elle le retint en se rappelant tristement que, peut-être, cet homme la prenait pour une élève. Elle repensa à la scène qu'était sa rencontre avec les professeurs dont elle ne saurait se rappeler les noms, dans la salle du personnel. Elle avait d'ailleurs failli mettre un bon coup à ce professeur un peu trop condescendant pour elle. Elle passa sa main sur son visage, comme pour s'éveiller un peu et chasser cette idée stupide de son esprit ; elle ne jouerait pas la petite élève perdue parce que ça ne l'amuserait que très peu. Et puis, une élève qui se retrouve comme ça, dans le logement d'un prof... rien que d'y penser, ça lui donnait des idées quelque peu... malvenues. Le jeune surveillante s'apprêtait à répondre tandis que son interlocuteur approchait, mais elle le laissa reprendre la parole.

"Je vais faire du café. Avec ou sans sucre? Attendez, vous n'en prenez peut-être pas, excusez-moi... vous êtes mlle...?"

Mademoiselle Tardi avait l'impression que son interlocuteur était pour le moins... mal à l'aise. Elle craqua ses doigts, plus ou moins deux de ceux-là réagirent ; oui, elle faisait partie de ceux qui ne savent pas le faire. Elle retira ses écouteurs par la suite, puis s'étira. Elle regarda la personne en face d'elle dans les yeux, en s'affalant sur sa chaise. Elle tendit sa main au professeur en face d'elle, tout sourire, puis se présenta.

"Je m'appelle Lucie Tardi, enchantée. Et j'veux bien un café avec un sucre, s'il vous plaît."

En voyant un paquet de cigarettes du coin de l'oeil, elle lui en aurait bien demandé une mais ne voulait pas abuser de la gentillesse de ce brave homme. Enfin... "homme". Lucie avait beau ne rien faire de ses journées, elle détestait avoir l'impression d'être bloquée quelque part ou, ironiquement, de perdre son temps. Et elle sentait bien que c'était ce genre de discussion où aucun des deux ne connaît l'autre, où on sent plus la gêne que sa propre présence dans la pièce, ce genre de moment où l'on est coincé dans une situation, comme la personne en face de nous, plus qu'indélicate. Ne voulant donc pas y aller par quatre chemins, la jeunes fille sorti le post-it de sa poche, puis posa brièvement ses yeux sur celui-ci.

"J'suis là parce que j'ai lu que vous cherchiez un ou une colocataire, et également car "on peut passer directement à votr' appart' si on est intéressé". Et, oui, j'ai pris le post-it pour pas que quelqu'un d'autre se ramène. Ceci dit, vu où vous logez, j'imagine que le problème n'est pas encore réglé, et j'en ai un peu ras-le-bol de rester ici moi aussi."

Elle avait parlé très vite, sans laisser la personne en face d'elle placer un seul mot. Elle sourit sans attendre sa réponse, assez confiante, pour ne pas dire prétentieuse, elle lui tendit la main de nouveau.

"Alors, c'est d'accord ?"

Elle avait essayé de paraître plus "enjouée" que prétentieuse, elle savait que c'était cash et rapide, autant ne pas passer des plombes à parler pour au final entendre un "non", la surveillante préférait autant comprendre un refus dès le début. Peut-être que l'homme en face d'elle aimait la spontanéité, ce qui lui ferait avoir de meilleures chances. Aussi restait-il, s'il acceptait, cette discussion pénible sur les risques de leur pouvoirs... Au moins, c'était là de quoi occuper sa journée de manière constructive...

Je m'appelle Lucie Tardi, enchantée. Et j'veux bien un café avec un sucre, s'il vous plaît.

Je rentre dans la (trop) petite cuisine qui est communicante avec la salle où nous nous trouvons. Je fouille dans un petit placard juste au-dessus de l'évier et en tire un gros sachet de café moulu "moka seka". Je fait bouillir de l'eau et place un filtre sur une carafe; c'est un peu le café macgyver, mais c'est comme ça qu'il est le meilleur. Tiens, si je n'étais pas devenu prof j'aurais pu ouvrir un café...ou pas. Bref. Où j'ai mis le bocal de sucre moi déjà? Tiens le voilà.

J'suis là parce que j'ai lu que vous cherchiez un ou une colocataire, et également car "on peut passer directement à votr' appart' si on est intéressé". Et, oui, j'ai pris le post-it pour pas que quelqu'un d'autre se ramène. Ceci dit, vu où vous logez, j'imagine que le problème n'est pas encore réglé, et j'en ai un peu ras-le-bol de rester ici moi aussi.

Euuuh... J'en fait tomber le sucre de l'étagère, mais je le rattrape de justesse sans la quitter des yeux. Trééééééééés bien. C'était pas une élève. Faut dire qu'ayant déjà vu Ulli, il faut se méfier de l'âge des autres diamants. Je repose tout ce que j'ai en main pour accepter vivement la poignée de main qu'elle m'offre. Sa main loge entièrement dans la mienne^^'.

Alors, c'est d'accord ?

D'un coup souriant et énergique Je... Oui bien sûr! je désespérais que quelqu'un lise mon affiche un jour!

Spontanée comme elle est, elle me semble tout de suite plus sympathique. En plus c'est l'occasion de sortir de cet appart prévu pour les personnes d'1m80 maximum! Nyaaaahaaaahaaaaa!!! Je retourne vite fait pour chercher le café...
BUNK!
...et me prend le haut de la porte en revenant. Excellent. Heureusement j'ai l'habitude, et n'ai rien renversé. Je lui tend un mug fumant tendis que j'entame le mien: du café noir de chez noir sans sucre... y'a vraiment que moi pour boire un truc aussi amère. Je me prépare à allumer la clope que j'ai pris précédemment:

Pour la coloc, je suis fumeur mais je peux aller en extérieur si cela dérange. Je me suis aussi renseigné sur les prix des habitations...Vous avez un quartier de préféren...Euh...Je peux vous tutoyer?

RAAAAAAH enfin je vais pouvoir vivre dans un endroit où l'on n'est pas obliger de se prendre les embrasures de portes!

"Je... Oui bien sûr! je désespérais que quelqu'un lise mon affiche un jour!"

La surveillante ne put s'empêcher de sourire ; ça faisait au moins une "bonne nouvelle" dans sa journée, mais elle se demandait si son affiche était si vieille que ça, et à l'idée que c'était sans doute le cas, elle éprouvait de l'empathie pour ce professeur. Elle était encore un peu ennuyée que le déménagement prendrait du temps, qu'elle devrait lui expliquer son pouvoir et écouter les détails du sien... Aussi pénible que ça puisse être, ce n'était pas assez pour lui faire regretter ses matinées à battre le pavé... Et puis, au moins, elle passait du temps avec quelqu'un d'autre.

"Pour la coloc, je suis fumeur mais je peux aller en extérieur si cela dérange. Je me suis aussi renseigné sur les prix des habitations...Vous avez un quartier de préféren...Euh...Je peux vous tutoyer? "

Lucie sourit en saisissant le mug que lui tendait son interlocuteur avant de parler, elle l'en remercia d'un simple mouvement de tête. Elle se passerait volontiers de ces discussion sur les prix, les quartiers ou encore les clopes ; puisqu'elle se fichait de plus ou moins tout. Et puis, l'affiche l'avait bien prévenue pour certaines choses, et elle ne voyait pas l'intérêt de faire part de certaines autres d'ailleurs... Cela étant, ce professeur était plutôt sympathique, et avait l'air bien moins condescendant que certains autres qu'elle a pu voir par le passé. Si il y avait bien une chose à lui dire par contre, c'était qu'elle n'était pas que fumeuse de tabac... Et c'était un sujet délicat, surtout ici, avec un autre membre du personnel qu'elle vient de rencontrer... "Dois-je lui en faire part tout de suite ?" Son hésitation se lisait sur son visage, mais elle s'est vite ravisé à lui dire maintenant ; elle aurait tout le temps après. De plus, faire le point sur les pouvoirs lui semblait plus essentiel.

"Oui, oui, j'imagine que deux colocs' peuvent au moins se tutoyer... Pour ce qui est du quartier, ça m'est égal. Pour le prix, dis-toi que j'ai un salaire un peu moindre que le tien ; n'étant que surveillante. Ceci dit, vu l'ennui que c'est, je sais pas si je pourrais pas faire autre chose... Mais ce n'est pas le sujet, pour ce qui est de fumer, je passe ma vie à ça dans mon propre logement, donc t'inquiète pas pour ça."

Maintenant devait venir la question des pouvoirs... Il était clair que celui de la personne en face de Lucie devait lui avoir bien changé la vie, et elle avait eu un exemple deux minutes plus tôt, quand celui-ci prit un coup sur la tête. Mais le gênait-il pour autant ? Difficile de ne pas manquer de tact en s'intéressant à quelque chose comme ça, mais elle aussi devrait faire part du sien... Elle pris une grande inspiration comme pour se donner du courage, puis décida à se lancer, calmement.

"J'imagine qu'il n'y a pas que votre physique qui se trouve affecté par votre pouvoir ? Puisque nous serons colocataires, je ne vous demande pas de m'expliquer en détail ce dernier, mais j'aimerais que vous me disiez s'il présente un risque, pour moi ou pour vous. Je vous expliqu'rai bien entendu ce que vous devez savoir sur le mien."

Elle marqua une pause, et perdit son sourire pour un air un peu plus "sérieux".

"Désolée si je manque de tact, mais je pense que nous sommes obligés de passer par ces explications."

Elle le laissa répondre cette fois, en réfléchissant à comment elle-même expliquerait son pouvoir... De toutes façons, comme tout marche par mimétisme dans celui-ci ; il le comprendrait bien lui-même, non ? Quoique, elle trouvait ça toujours facile de dire "à sa place je ferais", mais elle ne voulait pas s'ennuyer à répertorier tout ce qui pouvait arriver à cause ("grâce" ?) à ce pouvoir.

Elle prit le mug en me faisant un signe de la tête.
"Oui, oui, j'imagine que deux colocs' peuvent au moins se tutoyer... Pour ce qui est du quartier, ça m'est égal. Pour le prix, dis-toi que j'ai un salaire un peu moindre que le tien ; n'étant que surveillante. Ceci dit, vu l'ennui que c'est, je sais pas si je pourrais pas faire autre chose... Mais ce n'est pas le sujet, pour ce qui est de fumer, je passe ma vie à ça dans mon propre logement, donc t'inquiète pas pour ça.Cool. Je serais pas obligé de me déguiser à chaque fois pour...ah mais que je lui parle de ça aussi.
J'imagine qu'il n'y a pas que votre physique qui se trouve affecté par votre pouvoir ? Puisque nous serons colocataires, je ne vous demande pas de m'expliquer en détail ce dernier, mais j'aimerais que vous me disiez s'il présente un risque, pour moi ou pour vous. Je vous expliqu'rai bien entendu ce que vous devez savoir sur le mien.
Elle prit un air sérieux.
Désolée si je manque de tact, mais je pense que nous sommes obligés de passer par ces explications.
Elle n'a pas tort, mais je me sens mal à l'idée de lui demander à mon tour son pouvoir...tout le monde n'est pas décomplexé comme moi sur le sujet, bien au contraire. Puis c'est un peu LA question éternel à Tsuki: "quel est le pouvoir de la personne à qui je parle?". Moi la réponse est évidente (le pelage, les crocs, tout ça tout ça...). Mais paradoxalement, j'ai pu voire que ce n'est pas lorsque notre "petite différence" saute aux yeux que c'est le plus douloureux.
N'ai pas peur de me parler de mon pouvoir, j'ai l'habitude que l'on me pose la question. Contrairement à ce que tu semble croire, seul mon physique est sujet à mon pouvoir. Je vois dans le noir, ce qui m'empêche de dormir convenablement. Je ne peux pas me balader en ville à visage découvert ni redevenir humain, et je ne peux pas me permettre de sauter un repas. Je mange exclusivement de la viande mais il paraît que je cuisine plutôt bien. Euh... Je ne peux vraiment pas louper un repas, enfin je devient plutôt dangereux quand je suis affamé mais c'est très simple à éviter donc pas d'inquiétude. Ne te sent pas obligée de m'expliquer ton pouvoir tout de suite...
J'allume ma clope, en prend une autre sur la table et lui tend. Je sort aussi mon vieux briquet métallique sur lequel est inscrit le nom de mon ancienne brigade en cyrillique.

Il n'était pas gêné, tant mieux, c'était un tabou d'évité. À part quelques problèmes personnels que son pouvoir lui causait, Lucie ne retint pas beaucoup de ce qu'il lui dit, mis à part peut-être qu'il devait manger à chaque repas. Bien qu'il souligna que cela n'arriverait sans doute pas, Mademoiselle Tardi ne put se demander comment elle devait réagir s'il devenait vraiment dangereux avec son pouvoir, mais, après tout, elle n'en avait cure ; demander pour la forme ? Sans doute allait-elle le faire, mais elle rêvait d'avoir une occasion comme celle-ci, une occasion d'en finir et de dire à ses proches que ce n'était pas sa faute, mais elle était incapable d'espérer le malheur de quelqu'un d'autre... et elle imaginait, peut-être naïvement, que cela affecterait Poliakov. Bien qu'il lui ait dit qu'il n'avait pas besoin de savoir en quoi consistait son pouvoir, la jeune femme ne pouvait comprendre là qu'une demande, poliment dissimulée en choix. Elle ne sourit pas, pris la cigarette que lui tendais l'homme en face d'elle, prenant soin de sortir son briquet plutôt que de prendre celui qu'il avait ; ce n'était pas un briquet comme les autres, et Lucie préféra se tenir loin des éventuels souvenirs que ce briquet contenait, et d'ailleurs, il ne lui tendait même pas. Elle tira longuement sur sa cigarette puis sourit en se débarrassant de la fumée, avant de prendre la parole à son tour.

"Merci. Je vais juste rester le temps d'une cigarette cependant. Je te laisserai me numéro, mais j'ai à faire aujourd'hui, désolée."

Elle n'avait pas à faire. Enfin, si, peut-être se renseigner pour changer son "taff de merde" comme elle aimait à l'appeler, contre un autre travail, qui reprendrait ce nom quelques jours à peine après son obtention. Elle n'avait pas à faire, non, mais elle voulait être seule, ou elle en avait besoin, elle ne voulait pas se confier, elle n'avait rien à confier ; elle était triste. Elle n'avait rien à dire à personne, elle se revoyait enfant, encore, et ne pouvait s'empêcher de regretter, ce qu'elle a fait ou ce qu'elle fera. Ses parents, son frère, elle ne voulait même plus voir celui qui l'avait maintenue en vie si longtemps, peut-être que la perfusion s'était vidée de toute substance. Elle aurait voulu ne rien avoir à dire mais être écoutée, elle aurait voulu être comprise depuis le début sans dire mot, elle aurait voulu être comprise pour tant de choses, elle aurait voulu qu'on comprenne pourquoi elle voulait en finir, elle aurait voulu qu'on comprenne pourquoi elle était malheureuse depuis tout ce temps, elle aurait voulu qu'on lui dise qu'elle a encore quelque chose à vivre, elle aurait voulu prendre le temps de comprendre qu'il faut aimer la vie que l'on a, elle aurait voulu n'importe qui, n'importe quoi plutôt qu'être avec quelqu'un qui ne la comprendrait pas, encore une fois. Mais elle n'avait trouvé personne, en vingt-trois ans, pour ça, alors que lui restait-il d'autre que la solitude comme seule compagnie, que ses cigarettes pour avoir les mains prises, et que son reflet dans le miroir qui lui rappeler que son passé était passé ?

"Mon pouvoir te feras voir des choses dans des miroirs, si j'm'y vois aussi. Te r'voir enfant, te r'voir quand tu faisais ça ou ça, j'peux pas choisir ce que tu verras, et on l'verra tous les deux, et pareil pour ce qu'il adviendra de moi dans le miroir. Ce pouvoir n'est pas dangereux, ça ne pourrait que te causer des problèmes que si tu es un peu fragile au fond d'ton cœur."

Mademoiselle Tardi rit pour ponctuer la fin de sa phrase, puis reprit sa cigarette au bout des lèvres, signe que son interlocuteur pouvait prendre la parole.

Je lui avait dit que me parler de son pouvoir n'était pas une obligation, après tout, à Tsuki... C'était un peu le sujet qui fâche. Au-delà même la religion et la politique. Mais je sentit qu'elle tenait tout de même à me répondre, bien que le sien devait être pas forcément facile à vivre, vu la tête qu'elle faisait en entrant. Paradoxalement, ce ne sont pas les pouvoirs qui sautent aux yeux les plus dévastateurs, il suffit de me voir... Je suis un type mi-humain mi-tigre depuis un bon paquet d'années, et j'ai été forcé d'apprendre à vivre comme je suis. Résultat: je me la coule douce loin des tueurs russe en jouant le prof de sport dans une académie bien sympa, je dois le reconnaître.
Merci. Je vais juste rester le temps d'une cigarette cependant. Je te laisserai mon numéro, mais j'ai à faire aujourd'hui, désolée.
Il y eu un bref silence où elle quitta son petit sourire pour avoir l'air accablée par toutes les peines du monde. Maintenant que je m'en rends compte, son sourire lui va beaucoup mieux que cette moue triste. Elle semblait à la fois sérieuse et bordélique, comme usée jusqu'à la corde.
Mon pouvoir te feras voir des choses dans des miroirs, si j'm'y vois aussi. Te r'voir enfant, te r'voir quand tu faisais ça ou ça, j'peux pas choisir ce que tu verras, et on l'verra tous les deux, et pareil pour ce qu'il adviendra de moi dans le miroir. Ce pouvoir n'est pas dangereux, ça ne pourrait que te causer des problèmes que si tu es un peu fragile au fond d'ton cœur.
... Voilà qui est intéressant. Je me demande si je devrais lui proposer de me le montrer, histoire de revoir mes anciens camarades de la bst-04, ou ce qu'il s'est réellement passé dans le foutu labo où l'on m'a "changé"... Mais il y a d'autre souvenir que ne veut pas me remémorer, tel que le moment de ma transformation. Après tout, ce n'est pas tout à fait sans danger; elle à bien dit "te causer des problèmes que si tu es un peu fragile au fond de ton cœur". Mais bon, je me sens tout sauf fragile, le passé c'est le passé! Qu'est-ce que pourrais me faire un reflet, hein?! Certain appèleraient ça de l'ignorance, mais moi, j'ai beau ne pas m'appeler Alice, j'irai bien voir l'autre côté du miroir un de ces quatre.
Ne t'inquiète pas, je n'ai pas peur de mon reflet.
Je termine ma tasse et reprends une bouffé de tabac. J'en profite pour sortir mon vieux téléphone, appuye sur quelques touche et lui présente:
Tiens, voilà mon numéro. Appel-moi quand tu veux
Je termine ma clope et l'écrase dans le cendrier.