Nos ombres se rencontrent [PV Akimitsu]

Je suis tirée de mon sommeil par des cris d'excitation et des éclats de rire bruyants, probablement ceux d'un groupe de Rubis un peu trop agité comme d'habitude. Je tente de me rendormir, mais les cris persistent et je finis par ouvrir les yeux. Un peu surprise, je découvre que je me trouve sur l'un des sofas du dortoir, dans une position plutôt étrange. Le côté droit de ma tête est appuyé contre le dossier, alors que je suis à moitié recroquevillée sur moi-même. Je me demande ce qu'ont pensés ceux qui sont passés devant moi, alors que je dormais là: " Cette fille a un lit et pourtant, elle dort sur un canapé. Étrange... "

J'essaie de prendre une position plus normale, mais je suis ralentie dans mes mouvements par des courbatures. Forcément, en dormant dans cette position, ça devait arriver. J'observe les affaires qui m'entoure, puis ça me revient en tête; j'étais venue lire ici. Je retrouve mon roman sur le plancher et je le dépose sur la table basse, avant de reporter mon attention sur le sol. Il est éclairé par les rayons chaleureux du soleil du début d'après-midi et les ombres de quelques meubles ont déjà commencées à s'y étirer. Au fur et à mesure que l'astre se couchera, elles grandiront d'avantage, puis s'évanouiront lorsque le soleil aura complètement disparu de l'horizon.

Une idée me traverse l'esprit. Je me secoue la tête pour me réveiller complètement, puis je passe en revue les ombres qui m'entourent. J'arrête mon choix sur celle de la table qui me semble être d'une taille parfaite. Je commence à me concentrer dessus en pensant à quelque chose de simple pour commencer. Sans aucun problème, l'ombre prend la forme du triangle équilatéral que je visualisais, donc je décide de passer à autre chose. Le trilatère se change et corbeau et j'entreprends de le faire déplacer jusqu'au mur. Encore une fois, j'y parviens plutôt facilement. Je me mets à chercher quelque chose de plus complexe à faire, lorsque j'entends quelqu'un venir. Je cesse de me concentrer et je détache mon regard du mur pour voir qui approche. Aussitôt, l'ombre retourne se loger sous la table en reprenant sa forme.

La personne que j'ai entendue arriver s'avère être un garçon blond avec des lunettes. Il traîne avec lui un parapluie, ce que je trouve plutôt curieux, vu que le soleil brille dehors, mais bon, chacun est libre de faire ce qu'il veut.

- Je m'excuse si je t'ai dérangé...

Je fais un signe de négation de la tête pour lui indiquer que ce n'est pas le cas et je l'aperçois du coin de l'œil en train de fermer le rideaux. Intriguée, je l'observe pour voir ce qu'il a l'intention de faire. Il bouge un fauteuil et s'y installe, puis sort des choses de son sac. Totalement absorbée par la singularité de ses actes, je ne remarque pas qu'il regarde dans ma direction et je ne détourne pas mon regard, alors que toute personne normalement constituée l'aurait fait par simple réflexe.

- Ça te dérange que j'ai fermé le rideaux ? Je peux le rouvrir si c'est pour ça mais bon, c'est que j'en ai un peu besoin...

Je détourne finalement mon regard pour fixer une chose invisible sur le mur. C'est un peu tard pour faire ça, mais c'est toujours mieux que de continuer de le fixer. Je m'assois en indien et je prend le temps de me caler dans le sofa avant de finalement répondre.

- Il peut bien rester fermé, ça ne me dérange pas du tout. J'ai simplement trouvé ça un peu étrange sur le coup. Non pas que je te trouve étrange, ce n'est pas ce que je veux dire, mais c'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui tire un rideau en plein jour pour avoir de l'ombre.

Je croise les bras derrière ma tête, sans arrêter de fixer le mur, en attendant une réponse éventuelle, si bien tenté qu'il y ait quelque chose à répondre à cela.

Du coin de l'œil, je le vois se tourner vers moi pour répondre:

- Ben... On va dire que je n'aime pas du tout le soleil à cause de mon don... Ce dernier me fatigue au point de me plonger dans un coma parfois. Et si j'y reste vraiment après que je sois dans le coma... C'est un peu la mort... Donc je préfères l'ombre. Surtout que ça m'est pratique.

J'hoche lentement la tête et je commence à réfléchir. C'est plutôt intense comme réaction avec le soleil. Quel genre de pouvoir pourrait bien faire ça ? Je cherche, mais rien ne me vient à l'esprit. Cependant, j'ai bien l'impression que ce n'est qu'une question de temps avant que je ne le découvre.

- Et au fait... Ne penses pas que vu que le soleil peut me tuer, je suis forcément un vampire ou autre truc dans le genre. Ce serait être très loin de la vérité. Mon pouvoir n'a aucun lien avec une créature quelconque... Enfin, pas que je connaisse.

Je n'avais même pas envisagé cette possibilité. Cela aurait pu être possible, en y pensant bien, mais vu qu'il a dit qu'il ne s'agissait pas d'un pouvoir en lien avec une créature quelconque, je peux me débarrasser de cette hypothèse.

- Au fait, qu'est-ce que tu fixes depuis tout à l'heure sur le mur ?

- Hein ? Que...

Je suis effectivement encore en train de fixer le mur. Je cligne des yeux deux ou trois fois de suite avant de sourire en baissant la tête.

- Je crois que je suis à moitié tombée dans la lune. Ça m'arrive parfois lorsque j'écoute ce que quelqu'un dit. J'arrête mon regard sur quelque chose et j'ai l'air de le fixer, alors que dans les faits, je suis concentrée à écouter.

Je relève la tête et pursuit en regardant le garçon, cette fois-ci.

- Mais si ça ne te gêne pas, j'aimerais en savoir un peu plus. Tu aime bien l'ombre, donc ?

En vapercevant l'hésitation sur son visage, je crains pendant un instant de l'avoir brusqué, mais son hésitation fait bientôt place à un sourire.

- Tant qu'à faire, je vais te dire en quoi consiste mon pouvoir comme ça, tu vas tout de suite comprendre pourquoi le soleil a cette effet sur moi et pourquoi j'aime autant les ombres.

Pendant qu'il range dans son sac son manga, je modifie ma position en me tournant complètement vers lui, pour démontrer non verbalement qu'il a mon toute attention.

- Donc, mon pouvoir consiste, pour l'instant, a rentrer dans les ombres. Après, je peux m'y déplacer et également aller d'ombre en ombre si elle se touche. Bien sur, je peux en sortir également, ce serait idiot sinon. Voila voila.

Je me mets soudainement à ressentir une certaine joie intérieure. Ce sentiment est dû au fait de rencontrer quelqu'un qui partage une partialité de mes dons et je dis bien une partialité, car il n'a pas mentionné qui pouvait contrôler les ombres.

- Au fait, moi, c'est Akimitsu, et toi ? Puis vu que j'ai dis mon pouvoir, c'est quoi le tien du coup ?

- Eh bien, enchantée Akimitsu, moi, je m'appelle Tori. Quant à mon pouvoir... disons qu'il y a une petite ressemblance avec le tiens.

J'ai dit cette dernière phrase avec une pointe de mystère dans la voix, pour susciter la curiosité de mon interlocuteur. Je fais durer le suspense une fraction de secondes, puis poursuit:

- Je peux faire bouger les ombres ainsi que leur faire prendre d'autres formes de façon temporaire. Et pour la similarité, c'est que j'arrive aussi à rentrer dedans, mais bon, quelques minutes tout au plus, ce n'est pas encore au point...

Je le regarde en attendant sa réaction et j'espère qu'elle sera positive. C'est une chose d'avoir un talent, mais c'en est une autre de se sentir unique grâce à lui et ce serait dommage que la jalousie s'en mêle.

En le voyant rire, je souris, non pas seulement de soulagement, mais aussi de plaisir. Ça semble lui aller aussi.

- Eh bien. Pour l'instant, je paris que tu peux faire tous ce que je peux faire... Pour l'instant.

Pour l'instant ?... Je ne suis pas certaine de saisir tout le sens de sa phrase, mais j'y insinue qu'il veut parler d'amélioration de ses capacités.

- Non car je manque énormément d'entrainement mais après... Quelques expériences plus ou moins risqué, j'ai eu quelques images de mes futurs capacités. Si je m'entraines bien, je pourrais apparemment me servir des ombres comme ma petite dimension personnel. Pouvoir y entreposer des objets à distance et avoir le contrôle à l'intérieur. Peut-être même me téléporter d'ombre en ombre. Mais bon... Pour l'instant, je n'ai jamais réussi à reproduire ce qui c'est passer durant un accident ou ce que j'ai pu voir grâce à une rencontre avec une autre élève... Mais dis... Une petite démonstration de ton pouvoir s'impose du coup, je suis curieux... Enfin, si tu veux bien me le montrer.

Sa requête me ravie et je m'apprête à lui répondre, lorsque quelque chose lui passe par la tête.

- Au fait, je viens d'y penser mais... Toi aussi le soleil te fait souffrir ou pas ?

Ça me frappe l'esprit. Je pouvais bien ne pas deviner quel était son pouvoir, puisque le soleil ne me fait rien à moi...

- Wow, ça fait beaucoup de choses d'un coup. Eumh... Alors, pour commencer, ce que tu as dit à propos de ces futurs capacités, ce serait vraiment super que tu parviennes à les concrétiser et je suis persuadée qu'à force de t'entraîner, tu y arriveras ! Ensuite, pour ce qui est du soleil, je n'ai jamais eu de problèmes... À par les coups de soleil classiques, mais ça ne compte pas.

J'éprouve une petite gêne par rapport à cette faiblesse. Pourquoi lui et pas moi ? Il me paraît logique que le soleil affecte l'ombre, mais dans ce cas, pourquoi n'ai-je jamais eu de problèmes ? Ce n'est pas que j'en souhaite, mais c'est plutôt intriguant.

- Quant à une démonstration, ça me ferait plaisir d'en faire une !

Je fais quelques étirements au niveau des mains, des bras et des épaules, car bien que totalement inutiles pour utiliser mon pouvoir, ils me réveillent un peu plus et après avoir passé un long moment sur un sofa, ça fait du bien de se dégourdir un peu.

Je termine par un dernier étirement, celui de mon triceps droit, lorsqu'Akimitsu lance:

- Après, c'est vraiment si tu veux. Je ne veux pas te forcer à le montrer si ça te gêne.

Je m'arrête en plein milieu de l'étirement et le regarde quelques secondes, avant de répondre en riant.

- Ça ne me gêne pas du tout, je t'assure.

J'inspecter à nouveau la salle. Le rideau fermé a plongé une petite portion de la pièce dans l'ombre, ce qui me laisse deux possibilités: me servir de l'ombre du rideau ou bien choisir celle d'un meuble. Akimitsu se trouvant dans l'ombre du rideau, je ne voudrait pas la lui retirer, donc je ferais mieux de prendre l'ombre d'un meuble. Je choisis celle de la table de babyfoot, bien qu'elle soit plutôt grande.

- Tu vois la table de babyfoot, là ? Regardes son ombre par terre.

Je réfléchis à la forme que je veux lui donner, puis je me mets à fixer l'ombre en visualisant la forme d'un papillon. J'accorde d'abord la priorité au contour des ailes. Au sol, l'ombre commence lentement, mais sûrement à changer. Les ailes prennent forme et une fois qu'elles sont bien formées, je me concentre un peu plus sur le corps. Lorsque le papillon est terminé, je l'imagine agitant ses ailes et l'ombre s'exécute, mais plus lentement. L'inconvénient des gros objets étant qu'ils sont plus difficiles à déplacer, il en est de même pour leur ombre.

Sans quitter le papillon d'ombre des yeux, je demande:

- Alors, qu'en dis-tu ?

- Hein !? Heu... C'est magnifique. Mais je me disais que ça ne devait pas être facile vu la taille de l'ombre et la concentration que tu as. J'espère que tu ne forces pas trop quand même, je veux pas te causer d’ennuis.

Ma question a due le surprendre quelque peu dans son observation, puisque son ton m'a semblé légèrement dérouté au début de sa répondre. Il faut dire que les ombres sont des phénomènes captivants, alors les voir bouger... Cependant, Akimitsu n'a pas tort pour l'énergie déployée. Il faut que j'évite d'utiliser mon pouvoir trop longtemps. Je décide donc de mettre fin à cette petite démonstration et je repose mon regard sur lui.

- N'empêche, je le trouve artistiquement intéressant, ton don.

Son compliment dessine un grand sourire sur mes lèvres.

- Merci beaucoup. En fait, ce qu'il y a de plus difficile, ce n'est pas tant la concentration que la visualisation. Il  faut garder une image en tête et c'est ce qui demande le plus d'effort mentalement.

Une pensée étrange me traverse l'esprit.

- Ce serait étonnant, mais imagine qu'on puisse entrer tous les deux dans ombre, mais sans se croiser... Comme si c'était un endroit différent pour chacun de nous. Peut-être que pour toi, il s'agit une vraie dimension, alors que pour moi, il s'agit simplement d'un " couloir " sans profondeur.

Dit de cette façon, cela peut paraître étrange. Moi-même je ne suis pas sûre de comprendre des propos que j'avance, mais je ne me suis jamais interrogée sur ce qu'il y avait à faire dans l'ombre. Ce n'est pas avec 5 minutes à ma disposition que je réfléchis à ce qu'il est possible de faire. De plus, chaque fois que j'y entre, j'ai l'impression d'être compressée, c'est ce que j'ai appelé " la compression en deux dimensions ", car quand on y pense, une ombre se trouve toujours sur une surface et n'est jamais en trois dimensions... Hors, je ne peux pas croire que c'est la même chose pour Akimitsu, après tout, c'est sa capacité principale.

Mes suppositions semblent plonger le garçon dans ses réflexions. Je le regarde alors qu'il a le regard perdu dans le vide. Qu'est-ce qui peut bien être en train de se passer à l'intérieur de sa tête ? Je sens que je viens de nous lancer sur une une voie qui risque de nous mener loin.

Puis soudainement, un tas choses, dont des questions envahissent ma tête par rapport aux lois de la physique et aux lois de la conservation de la matière. Pour le déplacement des ombres et de la lumière ainsi que de leur création, c'est simple et facile. Il s'agit simplement d'un déplacement des photons de la lumière visible à l'œil nu. Donc en fait, lorsque je déplace une ombre, ce sont les ondes électromagnétiques dans l'air que je fais bouger... Je crois. J'avoue que j'ai fait plusieurs recherches sur internet ainsi que dans des livres, mais peut-être qu'il ne s'agit pas de ça. Je serais incapable d'expliquer le rapport avec la capacité de pénétrer dans une ombre. Il vaut peut-être mieux ne pas trop se poser de questions et simplement laisser la magie opérer, mais je suis curieuse.

- Et si on testait tout simplement pour voir si lorsqu'on rentre dans la même ombre, on peut se toucher... Si on peut pas, ça voudrait dire qu'on est à deux endroits "différents". Et si on peut, c'est qu'au final, on a quasiment les même capacité pour ce qui est de l'infiltration dans les ombres.

Ah oui, c'est pas bête, en effet. Après tout, la meilleure façon de le savoir, c'est de passer à la pratique.

- Enfin, si ça te dérange pas et que ça ne t'épuise pas.

Je secoue la tête pour indiquer que je n'ai aucune problème avec ça. En fait, ce n'est pas totalement vrai, mais bon, tant que ce n'est pas chaque fois plus de 5 minutes d'affilé, ça devrait aller.

- Je ne crois pas qu'il y ait de dangers. Jusqu'à présent, ça n'a jamais alterné mon état de santé, contrairement à la manipulation et ça m'étonnerait que ça change aujourd'hui.

Je termine ma phrase sur un ton légèrement moqueur en raison de l'improbabilité que j'accorde à un tel changement brusque. Je me lève debout et j'en profite pour m'étirer le dos en m'étirant vers l'arrière.

- Bon, allons-y !

- Faut juste trouver la bonne ombre du coup... Non car si on doit en sortir, je préfère éviter de me cogner la tête contre quelque chose.

Ah bon ? Ça lui arrive de se frapper à des obj... Ah non, d'accord je comprends; les zones de lumière. Cela a dû m'arriver une ou deux fois que j'essaie de ressortir par une partie plus étroite d'une ombre et que je me heurte au " contour ". Il se met à rire avant de soupirer.

- Désolé pour mon humour horrible...

Cette fois-ci, c'est à mon tour de rire. Je plis légèrement les genoux pour m'y accoter les mains, histoire de ne pas perdre l'équilibre.

- J'en fais des bien pires par moment. Tu as de la chance de ne pas t'y être encore frotté.

Je me mets ensuite à chercher l'ombre idéale moi aussi. Je me tourne afin de faire dos à Akimitsu pour chercher de mon côté. Peut-être sur un mur. Malheureusement, sur presque toute la longueur des murs, il y a des objets devant.

- Je pense que j'ai trouvé l'ombre idéal pour l'expérience... Celle sur la quel je me tiens déjà...

Je me retourne vers lui. Le sol ? Eh bien oui, c'est probablement la seule option qui reste, vu que les murs sont encombrés. Et pourquoi pas ? Après tout, j'y arrive maintenant. Si cette rencontre était survenue quelques mois plus tôt, je me serais tapée la honte à l'instant même, car je n'aurais pas été capable de rentrer, mais ça ne me pose plus de problèmes à présent. J'acquiesce donc :

- Excellent choix.

- Le dernier dans l'ombre devra payer des pockys à l'autre !

À peine a-t-il dit ça qu'il commence à s'enfoncer dans le sol et plutôt rapidement, d'ailleurs.

- Quoi ?! Mais att... hé !

Je me précipite non loin de lui et exerce une pression sur le plancher avec ma main. C'est trop tard, le temps que je commence à m'engouffrer dans l'ombre, lui a déjà complètement disparu à l'intérieur. Je me réceptionne avec une roulade, accueillie comme d'habitude par cette sensation désagréable qui s'empare de mon corps dès que je mets les pieds ici, dans l'ombre. Au premier regard, je ne vois pas Akimitsu, alors, je décide de l'appeler en plaçant mes mains de chaque côté de ma bouche comme un porte-voix :

- AKIMITSU, TU M'ENTENDS ?!

Peut-être que les distances ne sont pas les mêmes à l'intérieur et à l'extérieur et que lui est arrivé plus loin, même si j'en doute. Par contre, en admettant qu'on soit arrivés dans deux endroits différents, je me demande s'il peut malgré tout m'entendre par l'intermédiaire du " monde normal ".

Après mon appel ou du moins, ma tentative d'appel, je décide de m'asseoir en tailleur, parce que c'est moins fatiguant que d'être debout. Peut-être qu'il ne m'a pas entendu après tout, mais je continue d'attendre encore un peu. Il doit me rester quoi, 2-3 minutes de liberté de mouvements avant que la douleur ne m'empêche de lutter et que je sois expulsée.

- JE T'ENTENDS MAIS TE VOIS PAS ! TU ES OU ?

Tu parles d'une drôle de question ! Malgré l'évidence de la réponse, l'important c'est qu'il m'ait entendu et je l'ai entendu en retour. J'ai douté pendant un petit moment, mais ça m'aurait étonné que la voix de l'un ne parvienne pas à l'autre et vis-versa. D'ailleurs, sa voix provenait de l'extérieur, ce qui, je le crois bien, fait avancer la théorie par rapport aux différents lieux. À moins qu'il ne soit ressorti pendant que je rentrais, juste pour me faire une blague.

- EH BIEN, JE CROIS QUE JE SUIS SUR LA LUNE... AH NON ATTENDS, SI JE ME FIS À MON ENVIRONNEMENT, JE SUIS DANS UNE OMBRE !

Voilà, post-réponse évidente. J'aurais voulu me féliciter pour ne pas avoir balancé de conneries en répondant, mais je n'ai pas pu m'en empêcher, il faut que ça arrive.

- AU FAIT, J'AI UNE IDEE POUR LA SUITE DES EVENEMENTS MAIS JE NE PENSE PAS QU'ON PUISSE LE FAIRE AUJOURD'HUI !

Une idée ? Je suis curieuse de savoir de quoi il s'agit, mais avant de lui demander ce que comporte cette idée, je vais sortir de là, car la " compression " commence à se faire sentir d'avantage.

- OKAY, LAISSE-MOI LE...

Tout d'un coup, je réalise un truc. Je gueule, il gueule, je regueule, il regueule et ainsi de suite, mais je l'entends gueuler et il m'entend probablement aussi gueuler... Je reprends sur un ton neutre et normal en projetant seulement légèrement ma voix :

- Non, mais en fait, est-ce qu'on a vraiment besoin de gueuler où on s'entend comme ça ?... Enfin bref, comme j'étais en train de le gueuler il y a quelques secondes, laisse-moi le temps de sortir et on verra si cette idée est faisable aujourd'hui.

Sur ce, je m'extrais du sol, ou plutôt de l'ombre sur le sol, même si une personne qui n'en sait rien pourrait penser que je sors directement du plancher. À bien y repenser, je ne crois pas que j'ai déjà fait croire à quelqu'un que j'étais une passe-murailles... Je vais devoir ajouter ça dans ma liste de mauvaises blagues à faire.

Je m'époussette pour la forme, chassant la poussière imaginaire de mes vêtements, puis je croise les bras en regardant le sol à l'endroit où Akimitsu est entré, ne sachant pas s'il a prévu de sortir aussi ou bien de rester là où il est.

- Alors, quelle est cette idée dont tu veux me faire part ?

J'ai hâte d'entendre ce qu'il a à dire.