Né en Nouvelle-Zélande, King est issu (aussi fou que cela puisse paraître) d'une vieille famille noble de colons britanniques, ex-proches de la couronne.
Véritable honte de la famille avec son caractère bien trempé depuis son plus jeune âge, il s'entendra très mal avec ses parents et ses six frères quasiment dès la naissance.
Notez que j'adorerais détailler un à un les prénoms de toute la fratrie, mais mon sens de l'humour - comme votre patience - a des limites.
Bref.
Sans surprise, c'est ainsi que notre rebelle favoris décide de fuguer un beau soir d'été, alors qu'il s'apprêtait à peine à fêter ses 5 ans. Malheureusement ce jeune crétin n'était pas plus une flèche qu'aujourd'hui; et bien que cet abrutis notoire fuyait régulièrement de la demeure familial, ce soir là il se perdit comme un bleu.
Vous en conviendrez, se perdre comme un idiot le soir de son anniv', c'est vraiment pas un beau cadeau... et incapable de retourner chez lui après deux longues heures recherches, le petit William pris cinq minutes de reflexion pour se rendre compte qu'en fait, s'il rentrait maintenant, sa mère allait le priver de télé pour la semaine... et ça, c'est pas le top, voyez-vous? "Pas question de rater Al Bator, plutôt crever dans la jungle" se dit-il!
Quasiment certain de la véracité de son propos, William se mit en quête d'une télévision pour satisfaire sa faim d'animé qualitatif (bien qu'il soit perdu dans la forêt luxuriante, certe, mais ne nous embrouillons pas avec ce genre de détails svp).

C'est alors qu'entre en scène monsieur Gérard-Didier, éléments central de la vie de William Arthur machin-truc King.
Gérard-Didier était un homme simple, apprécié de sa famille et de ses amis. Restaurateur de profession, expert de la pizza, il jouait au tennis le week-end, avait une belle camionette noire aux vitres teintées et surtout aimait beaucoup les enfants.

Presque un gentleman en somme.
Le jeune King, enfin sorti de cette végétation infernale, faisait du stop posément malgré l'heure tardive, attendant que quelqu'un veuille bien l'emmener au moins jusqu'à Mexico, soit le bled d'à côté pour lui (il n'a jamais cartonné en géographie le pauvre)... et là s'arrête Gérard-Didier.
"Holala un gosse en détresse" pensa t-il! "Je ferais bien de m'arrêter halala, ce serait l'occasion de bien s'amuser ma foi! La route sera plus... agréable à deux hahaha!".
Ce fort joyeux monsieur se pose alors sur le bas-côté avec sa rutilante camionette noire, ouvre la portière et là PAF le p'tit qui perd pas le nord laisse parler son instinct de racaille, saute dans sa bagnole et BONK! se cogne contre le volant puis s'évanouit.
*fondue au noir*
William se réveilla dans une pièce toute noire, un peu déboussolé, avec une forte odeur de bonbon. Il n'eut pas à attendre bien longtemps pour que Gérard-Didier vienne le chercher.
"Tu t'es reveillé gamin? On va pouvoir... s'amuser GYHEHEHEHEHEEEEEE" (il faut lire gyhéhéhé en fait).
Sur ces belles paroles, il le pris par la main pour l'emmener dehors,
ni une ni deux sorti une paire de raquettes et ils firent un fantastique match de tennis. 23 set plus tard, Gérard-Didier avait mis la branlé de sa vie au gosse.
Effectivement ils s'étaient bien amusés.
Le bon Gérard-Didier qui adorait les mômes eut le cœur brisé devant le récit de King, qui lui expliqua (je cite) "que PUT*** de BOR** de MER** si je rentre après 18h j'suis NIK* ces CONN**** me coupent la télé wallah et hors de question de rater Al Bator".
D'abord fort surpris du langage poétique et complexe de Will, Gérard-Didier ne pût que constater, qu'en effet il s'agissait d'une effroyable injustice, et que ses parents méritaient au moins qu'il contacte les autorités pour maltraitance infantile!
Durant la semaine qui s'ensuivit Gérard-Didier mis tout en oeuvre pour retrouver les infâmes géniteurs du garçon, mais sans succès... à croire qu'ils ne voulaient pas vraiment le revoir...
"Qu'à cela ne tienne! J'en ferais mon disciple!" Jura notre bon Gérard-Didier.
En effet ce cher monsieur travaillait dans l'alimentaire, comme spécialiste de la pizza... Cet homme, tenez-vous bien, c'était peu le muten roshi de la pizza, il avait l'expérience et la technique des cents meilleurs pizzaïolos du globe à lui tout seul (je détaillerais sa vie dans un livre en trois volume s'il le faut mais revenons-en à nos moutons).
S'engagea alors une longue, dure, et grosse formation, qui apprit moult judicieuses leçons au petit; telles que "pourquoi devons-nous mettre les céréales avant le lait?", mais aussi que l'on dit bel et bien "pain au chocolat" et non cette hérésie de "chocolatine", puis aussi "qu'il n'existe rien de pire sur cette terre que les massacres israëlo-palestiniens et l'ananas dans les pizza!"...

*Grosse, longue et également dure ellipse d'environ 12 ans*

Tout se passa formidablement bien jusqu'en l'an 2015, mais malheureusement la vie n'est pas toujours toute rose dans le monde à haut risque des pizzaïolos, contrairement à ce que l'on pourrait croire...
C'est à l'aube des 17 ans de de King, alors que sa complexe formation allait enfin s'achever, que Gérard-Didier mouru d'un tragique accident de salami... hé oui ce n'est pas pour rien que l'on nomme cette fourbe charcuterie ainsi.
À l'époque, fou de rage en découvrant la mort abominable de son maître, Will engagea un furieux duel avec le salami, et s'en sorti heureusement vainqueur (mais de peu cependant: l'assassin morceaux de viande lui opposa tout de même une résistance farouche!). Durant ce combat presque mythique tant la scène aurait mérité de figurer dans game of throne, il renversa par mégarde un meuble, duquel jaillit bon nombres de feuilles volantes... Il découvrit ainsi les recettes secrètes de Gérard-Didier, car c'était bien là qu'il les cachaient! La pizzabricot, la pizz-à-l'hûitre ou la space-pizza, tout y était!
C'était trop pour le petit coeur de Will; même mort son maître lui prodiguait encore ses enseignements. Le pauvre garçon lâcha une larme pour l'homme qui l'avait élevé, formé, et surtout aimé. Néanmoins grandit de cette découverte, Will rassembla son courage à deux mains (quoique une seule aurais suffit), embarqua tout ce qu'il pouvait l'être dans la camionette de son défunt tuteur et s'en alla, bien décidé à faire honneur à la mémoire de ce bon Gérard-Didier en répandant la bonne parole de la pizza à travers le monde, tel Jésus les guerres inter-religieuses... Qui sait? Peut-être qu'un jour des gens s'entre-tueront au nom de telle ou telle pizza en leur prêtant quelques vertu divines, vénérants King pour ses mets succulents?! 'Fin bon on en est pas encore là.
Quoique ça ne saurait tarder.